Médailles, bijoux, lingots... Dans les boutiques d'or, la quête du cash

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Par Florian SOENEN, Ali BEKHTAOUI - Paris (AFP)
Publié le 29 juillet 2020 - 16:00
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Un lingot d'or chez Godot&Fils le 29 juillet 2020 à Paris
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© ALAIN JOCARD / AFP
Un lingot d'or chez Godot&Fils le 29 juillet 2020 à Paris
© ALAIN JOCARD / AFP

En sortant de chez un marchand d'or dans le centre de Paris, Sonia, la cinquantaine, confie être venue faire expertiser des médailles issues d'un héritage: "je les aurais sûrement vendues quoi qu'il arrive, mais les prix de l'or sont très attractifs en ce moment".

Gardé précieusement au fond de son sac à main, son trésor familial est composé de plusieurs médailles en or accrochées à un collier dont elle espère tirer le meilleur prix.

Alors que la planète est confrontée depuis des mois aux conséquences économiques désastreuses de la pandémie de coronavirus, le métal jaune joue à plein régime son rôle de valeur refuge. Il a culminé mardi à 1.981,27 dollars l'once, un niveau jamais observé auparavant.

De quoi mettre l'eau à la bouche de certains particuliers possédant du métal jaune au fond de leurs placards.

Complètement novice en la matière, sa tournée des boutiques aura permis à Sonia d'obtenir des conseils en vue de la vente, une fois qu'elle aura choisi son acheteur: "on m'a prévenue que je ne devais pas nettoyer moi-même l'or, sinon il perdrait de sa valeur", raconte-t-elle.

Dans une boutique proche, Fatima est également venue faire expertiser des bijoux de famille. "La situation est difficile depuis le confinement", confie-t-elle. Chou blanc après l'expertise: "les acheteurs m'ont dit qu'ils ne prenaient pas", faute d'or en quantité suffisante, déplore-t-elle.

- 250% -

Les négociants eux, voient passer de grandes quantités du métal précieux, grâce au niveau historique des prix.

Le rythme des transactions a augmenté d'au moins 250% par rapport au rythme habituel, tant en nombres qu'en volume, calcule Jonathan Fhal, cambiste chez Godot&fils, une maison d'achats et de ventes possédant une dizaine d'agences en France, principalement dans la région parisienne.

Nombre d'acheteurs ont réalisé leur première transaction à cette occasion, précise-t-il. Dans sa boutique, "le prix des produits varie en temps réel en fonction de la cotation de l'or sur le marché à Londres".

"L'or est au plus haut, forcément on en parle un peu partout, dans les journaux, alors les gens écoutent", affirme de son côté Daniel Blin, responsable au sein de la maison Joubert à Paris. Il observe quant à lui "beaucoup plus de demande" du côté des achats depuis une dizaine de jours.

Parmi ses produits stars, le lingot de 2.000 grammes, le Napoléon de 20 francs, la pièce de 50 pesos mexicains et le Krugerrand sud-africain.

"On ressent le mouvement depuis juin 2019, quand les prix ont commencé à monter", note un vendeur d'une autre enseigne dans le centre de Paris, qui n'a toutefois pas constaté d'effet similaire sur les transactions ces derniers jours.

- Plus-value -

Ces courtiers ayant pignon sur rue prélèvent en général autour de 1% à 2% de commission à leurs clients, ces derniers devant par ailleurs s'acquitter, surtout à la vente, de certaines taxes.

S'il est en mesure de prouver la date d'achat de son or, "quelle que soit la trace de possession, facture d'achat, acte notarial, du moment que la personne vient avec son nom marqué sur l'acte de vente", précise Daniel Blin, le vendeur sera assujetti à une taxe de 36,2% sur la plus-value réalisée.

Un système de décote exonère de 5% par an le détenteur à partir de trois ans de possession de l'or, frappé après 1800, et en totalité après 22 ans de possession.

En revanche, s'il n'est pas en mesure de prouver cet achat, comme c'est souvent le cas dans le cadre d'héritages familiaux, le vendeur devra alors s'acquitter d'une taxe de 11,5% sur la valeur de son or, un impôt reversé ensuite à l'État par la boutique.

Dans cette industrie florissante, le public est de plus en plus jeune, confient plusieurs vendeurs.

"Il y a quelques années les clients étaient assez âgés mais cela s'est rajeuni depuis, on reçoit parfois de très jeunes gens", remarque Daniel Blin pour qui l'achat d'or "est rentré dans les mœurs".

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