Migrants : adieu "centre humanitaire", l'Etat réorganise l'accueil à Paris

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Par Claire GALLEN - Paris (AFP)
Publié le 23 mars 2018 - 14:19
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Après seize mois de fonctionnement, le "centre humanitaire" pour migrants va fermer à Paris, ouvrant la voie à une réorganisation de l'accueil sous la houlette de l'Etat, depuis la prise de rendez-vous jusqu'à l'hébergement.

"Comme prévu, le centre de premier accueil (CPA) ferme début avril", le terrain devant laisser la place à la future université Condorcet, indique la ville de Paris, initiatrice du projet. Au delà, "l'Etat reprend la main sur le dispositif d'accueil".

Avec son immense bulle jaune et blanche plantée dans le nord de Paris, le centre a permis d'héberger 25.000 personnes. Paradoxe: cette structure novatrice, destinée à empêcher l'installation de campements de rues, ferme alors que près de 1.800 personnes dorment sur trois campements le long des quais, dans le nord-est de la capitale.

Les structures qui prendront le relais sauront-elles enrayer définitivement ce phénomène?

Les migrants seront désormais hébergés dans plusieurs "centres d'accueil et d'évaluation des situations" ou CAES, avec 750 places prévues en Ile-de-France (contre 450 au CPA).

Ces CAES sont appelés à se généraliser en France, dans le cadre d'une vaste rationalisation du dispositif d'hébergement, qui s'est agrandi au coup par coup (et parfois de façon hétéroclite) avec la crise migratoire depuis 2015.

Comme au CPA, le but est d'héberger temporairement les migrants (il s'agit en fait de "sas" de quelques semaines). Mais l'Etat procèdera aussi à l'analyse de leur droit au séjour pour les réorienter rapidement vers des dispositifs ad hoc, selon qu'ils sont réfugiés, demandeurs d'asile, ou "Dublinés", ces migrants relevant d'un autre Etat européen et qui sont majoritaires à Paris.

En Ile-de-France, deux centres fonctionnent déjà à Cergy et Ris-Orangis, et trois autres sont prévus: à Nanterre, Vaulx-le-Pénil, et à la "Boulangerie", un centre d'hébergement d'urgence situé non loin de l'actuel centre humanitaire.

- Navettes de bus -

Chacun aura une capacité de 100 à 200 places. Les migrants, repérés par des maraudes, y accèderont via des centres d'accueil de jour (quatre sont prévus dans la capitale pour les hommes isolés, et la ville de Paris ouvrira le sien pour les familles), avec un système de navettes de bus.

Un dispositif déjà critiqué par certaines associations: comment fonctionneront les maraudes? quelle qualité pour l'accueil? Surtout, qu'adviendra-t-il des "Dublinés", alors que le gouvernement a fait une priorité de leur transfert?

"Ceux qui ne seraient pas dans les clous vont être orientés vers des dispositifs de départ", s'inquiète Gérard Sadik, de l'association d'aide aux réfugiés Cimade.

Parallèlement s'organise aussi une réforme de l'enregistrement de l'asile, plus technique, mais cruciale pour empêcher que des gens ne dorment à la rue.

Jusqu'à présent, les étrangers souhaitant demander l'asile devaient passer par des plateformes appelées "Pada", où leur étaient délivrés les précieux rendez-vous en préfecture, dans un délai de 3 jours en théorie (10 en cas d'affluence). Problème: on est bien au delà en Ile-de-France (autour de 20 jours).

L'embouteillage commence même en amont, pour accéder aux Pada: depuis des mois, des hommes dorment à même le trottoir devant les locaux de France terre d'asile à Paris.

Pour s'attaquer au problème, l'Intérieur a demandé aux préfectures de débloquer créneaux horaires et postes dédiés. En Ile-de-France, le nombre de rendez-vous a été dopé pour résorber le stock de 4.000 dossiers en attente.

Car début mai, le système va changer: "Nous allons mettre en place un système de prise de rendez-vous par téléphone", explique Didier Leschi, le directeur général de l'Ofii (Office français de l'immigration et de l'intégration).

Le parcours restera complexe: les migrants appelleront la cellule de l'Ofii, où des agents et des traducteurs les orienteront sur les Pada en Ile-de-France, qui leur attribueront à leur tour un rendez-vous en préfecture.

Mais "il n'y aurait plus de file d'attente physique" , explique Pierre Henry de France terre d'asile, dont la plateforme va elle aussi déménager, pour s'installer tout près du centre d'hébergement d'urgence la "Boulangerie".

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