Migrants en Méditerranée : "Cessez de harceler les ONG" plaide Sam Turner, MSF

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Par AFP - Paris
Publié le 21 juillet 2019 - 18:18
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Manifestation de soutien à l'Aquarius, le bateau de SOS Méditerranée qui sauve des migrants en mer, le 6 octobre 2018 à Marseille
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© Christophe SIMON / AFP
Manifestation de soutiens aux ONG portant secours aux migrants en mer Méditerranée, le 6 octobre 2018 à Marseille
© Christophe SIMON / AFP

Sept mois après l'arrêt de l'Aquarius, SOS-Méditerranée et Médecins Sans Frontières ont annoncé dimanche une nouvelle campagne pour secourir les migrants naufragés en Méditerranée centrale.

Chef de mission MSF pour les opérations en mer et en Libye, basé à Tunis, Sam Turner affirme que les ONG "sont contraintes" de se substituer aux Etats européens défaillants pour aller sauver des vies: qu'ils cessent au moins de les harceler, plaide-t-il dans un entretien téléphonique avec l'AFP.

Q: Pourquoi repartir alors que les ports européens vous sont fermés ?

R: La principale raison de reprendre la mer est d'abord de sauver des vies alors que les gens continuent de mourir en voulant traverser la Méditerranée. De plus nous voulons témoigner ce qui se passe, de ce que coûte en vies humaines la politique suivie par les Etats européens.

Selon les estimations du Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (UNHCR) et de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), une personne sur 20 qui tente de traverser la Méditerranée y laisse la vie: ça en fait la route maritime la plus meurtrière au monde.

Nous espérons jeter la lumière sur le coût humain de politiques qui tentent de dresser un mur invisible au centre de la Méditerranée, montrer les souffrances endurées par les gens, en Libye et en Méditerranée centrale.

Q: Qui part ? Qui sont les personnes secourues ou dont les corps se sont récemment échoué sur les côtes tunisiennes ?

R: Ce sont des hommes, des femmes, des enfants... Nous n'avons pas de répartition par nationalité. De même, nous ne sommes pas en mesure de préciser d'où partent exactement les bateaux. Mais compte-tenu des horribles conditions de survie dans les centres de rétention libyens, de l'instabilité et de l'insécurité qui prévalent en Libye, il est clair que beaucoup de personnes, y compris parmi les forces de sécurité, rendent possible les départs clandestins et le trafic d'êtres humains au départ de ce pays.

Par ailleurs, depuis quelques semaines des bateaux ont été interceptés par les garde-côtes libyens qui transportaient des Libyens tentant de fuir leur pays. Ce qui illustre encore davantage la cruelle réalité de la politique européenne qui confie aux garde-côtes libyens l'interception de migrants pour les ramener dans le pays qu'ils tentent de fuir, en contravention des règles du droit international.

Q: Espérez vous faire pression sur les gouvernements européens ?

R: Nous ne savons pas exactement combien de bateaux tentent de prendre la mer, il y a possiblement des centaines de personnes qui disparaissent, des centaines de vies perdues dont personne ne sera jamais averti. La première chose à faire est de rétablir les opérations de recherches et de secours que nous, ONG, sommes contraintes de conduire par la négligence des Etats côtiers européens. Ce n'est pas notre rôle. Ensuite, ils doivent lever les restrictions imposées aux ONG et leur permettre de conduire leurs activités de secours, sans interférer ni les harceler, et s'assurer que des solutions sont en place pour permettre de débarquer les gens, de les enregistrer auprès des autorités compétentes et de leur porter assistance.

Même les navires commerciaux sont placés dans une situation très difficile. De plus en plus souvent ils ramènent les personnes secourues en Libye, faute de solution. Ca leur coûte cher et ça contrevient là encore au respect du droit international.

(Propos recueillis par Anne Chaon)

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