Mission franco-italienne sur le corps humain en altitude au Pérou

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Par Jules BONNARD - Paris (AFP)
Publié le 06 novembre 2018 - 13:52
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La ville de La Rinconada à 5.300 m d'altitude, objet d'une étude de l'Inserm à partir de janvier-février 2019
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© Axel PITTET / INSERM/AFP
La ville de La Rinconada à 5.300 m d'altitude, objet d'une étude de l'Inserm à partir de janvier-février 2019
© Axel PITTET / INSERM/AFP

Quatorze scientifiques français et italiens partiront fin janvier étudier pendant un mois la population de mineurs d’or de La Rinconada (Pérou), ville la plus haute du monde, à la recherche des limites de l’adaptation du corps humain.

"Alors qu’il est généralement considéré que la vie humaine permanente n’est pas possible au-delà de 5.000 m, la population de La Rinconada constitue un véritable défi à la connaissance", a expliqué l’un des chercheurs lors d'une conférence de presse à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale.

Plus de 50.000 habitants vivent à l'année dans des conditions extrêmes au sein de cette ville reculée, qui s’est développée du fait de l’activité minière ces deux dernières décennies, à près de 5.300 mètres d’altitude dans les Andes péruviennes.

Une partie significative des habitants montre toutefois des difficultés à tolérer le manque d’oxygène (deux fois plus rare à cette altitude qu’au niveau de la mer) et développe des pathologies spécifiques que l’équipe médicale tentera d’identifier et de soigner.

Les céphalées (maux de tête), problèmes neurologiques (vertiges), fourmillements, troubles du sommeil ou palpitations cardiaques dont souffrent ces travailleurs font partie des symptômes du mal chronique des montagnes, également appelé maladie de Monge, du nom du médecin péruvien Carlos Monge Medrano qui en fit la première description scientifique au début du XXe siècle.

- sang anormalement visqueux -

En réaction au manque d’oxygène (hypoxie), "les habitants de la Rinconada produisent tellement de globules rouges qu’ils finissent par avoir le sang anormalement visqueux, ce qui provoque par exemple des problèmes cardio-vasculaires", a noté Samuel Vergès, chercheur au laboratoire hypoxie-physiopathologie de l’université Grenoble-Alpes, revenu récemment d’une mission de reconnaissance.

"On ne comprend pas aujourd’hui comment l’homme peut vivre avec de tels niveaux d’hématocrite", a t-il reconnu, tout en alertant sur “un vrai problème de santé publique dans les Andes".

Pendant 30 jours, au mois de février, les scientifiques de l'Expédition 5300 réaliseront pour la première fois un "phénotypage génétique, biologique et cardiovasculaire exhaustif" de cette population.

Ils espèrent également obtenir des avancées dans le domaine de l'épigénétique, qui consiste à étudier la manière dont les facteurs environnementaux influent sur l'expression du génome.

"Une adaptation génétique nécessite beaucoup de générations pour modifier la séquence ADN alors que les adaptations épigénétiques peuvent se produire très rapidement et probablement se transmettre aux générations futures", explique à l’AFP Saadi Khochbin, directeur de la recherche au CNRS et épigénéticien à l’Institut pour l’avancée des biosciences à Grenoble, qui analysera les échantillons de sang prélevés lors de l’expédition.

Les scientifiques feront passer une batterie de tests à deux groupes distincts de mineurs d’or résidant depuis au moins 3 ans - l’un présentant une bonne résistance à l’altitude et l’autre des symptômes d’intolérance - ainsi qu’aux populations Quechuas de Lima (au niveau de la mer) et de Puno (à 3.800 m d’altitude).

La comparaison des résultats permettra de mieux comprendre les mécanismes de défense du corps humain contre le manque d’oxygène, un enjeu essentiel pour les personnes qui voyagent ou qui résident en haute altitude, mais également pour améliorer les traitements des malades respiratoires.

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