Mort du maire de Signes : les élus veulent plus de moyens et de protection

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Par Dominique CHABROL - Paris (AFP)
Publié le 07 août 2019 - 14:41
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La mort du maire de Signes (Var) dans l'exercice de ses fonctions suscite l'indignation de la classe politique et relance le débat sur la protection des édiles confrontés aux incivilités et aux conditions de plus en plus difficiles d'exercice de leur mandat.

Emmanuel Macron qui salue "le dévouement inlassable" de l'élu, le ministre des Collectivités Sébastien Lecornu "assez en colère" après le drame, les associations d'élus qui appellent à "une prise de conscience" face au sentiment d’impunité...

La mort de Jean-Mathieu Michel, percuté lundi par une camionnette dont il voulait verbaliser les occupants pour avoir déposé des gravats dans une décharge sauvage, a mis le projecteur sur les difficultés auxquelles les élus sont confrontés.

Insultes, incivilités, refus d'obtempérer... "Les maires ont malheureusement encore trop souvent le sentiment d'être seuls et laissés en première ligne, sans moyens, pour faire respecter le droit et la sécurité", a réagi l'Association des petites villes de France (APVF).

Une émotion également liée à la personne de Jean-Mathieu Michel, 76 ans, maire depuis 36 ans de sa commune de 2.800 habitants et qui envisageait de se représenter en 2020 pour un dernier mandat. Un parcours emblématique de ces élus de terrain, souvent assez âgés faute de candidats pour prendre la relève, totalement investis pour leur ville et ses habitants.

Selon les premiers éléments de l'enquête, sa mort serait accidentelle et le conducteur de la camionnette a été mis en examen mercredi pour "homicide involontaire".

La ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault, assistera vendredi aux obsèques du maire en tant que représentante du gouvernement, ainsi que le président du Sénat, Gérard Larcher.

Le président Emmanuel Macron ne sera en revanche pas présent, a indiqué à l'AFP l'Élysée.

S'ils se gardent de généraliser à partir d'un fait-divers, les élus réclament plus de moyens pour assurer leur "rôle de plus en plus complexe".

"Rien ne peut justifier que le maire d'une commune perde la vie alors qu'il constate une infraction en application des pouvoirs de police que lui donne la loi. C'est inacceptable", tonne l'Association des maires de France (AMF).

- "Durcissement supplémentaire" -

"Il faut qu'à un moment l'État considère qu'il doit au maire la même protection qu'il observe pour ses agents et qu'il dise : si vous touchez à un maire on sera impitoyable", renchérit auprès de l'AFP le président de l'APVF, Christophe Bouillon : "C'est quand même terrible qu'aujourd'hui, être maire ça devienne un risque !"

Le dépôt sauvage de gravats figure en bonne place parmi les "incivilités" auxquelles les élus sont confrontés, avec les violences verbales et le non respect des règles en général. Des affaires souvent classées sans suite par la justice, face auxquelles les maires se sentent démunis.

"Il suffirait que certains de nos concitoyens fassent preuve de davantage de civisme pour que le maire ne soit pas obligé de se mettre en difficulté, voire en danger", a souligné Sébastien Lecornu sur BFMTV.

Le ministre défendra à la rentrée un projet de loi pour faciliter la vie des maires, présenté mi-juillet en Conseil des ministres. Il prévoit des dispositions pour renforcer leurs pouvoirs de police et de verbaliser ces incivilités, comme les dépôts d'ordures ou les nuisances sonores.

Des mesures réclamées par les associations et qui, après la mort du maire de Signes, devraient "peut-être donner lieu à un durcissement supplémentaire", estime un élu d'Ile-de-France.

"On a un gros problème de fond qui est l'éducation, le respect des règles, et un autre qui est l'inefficacité des sanctions", résume pour l'AFP Philippe Laurent, maire de Sceaux (Hauts-de-Seine) et secrétaire général de l'AMF, selon qui la sanction financière, le niveau des amendes, est la seule réponse vraiment efficace avec une plus forte attention des forces de police.

"On a des règles de collecte des ordures ménagères, avec des containers, des heures pour les sortir... Mais de plus en plus de gens s'en foutent, ils laissent ça sur le trottoir tout le temps. On est obligés de verbaliser", déplore-t-il.

Autant de "petites affaires qui empoisonnent la vie", constate l'élu, dans un climat où "le sens civique se dégrade extrêmement rapidement".

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