Mosquée de Bayonne : le suspect a une "altération partielle" du discernement, mais sera présenté à un juge

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Par AFP - Bayonne
Publié le 30 octobre 2019 - 14:20
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Le procureur de la République de Bayonne Marc Mariée s'exprime lors d'une conférence de presse le 29 octobre 2019
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© GAIZKA IROZ / AFP
Le procureur de la République de Bayonne Marc Mariée s'exprime lors d'une conférence de presse le 29 octobre 2019
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L'octogénaire suspecté d'avoir blessé deux personnes dans son attaque contre la mosquée de Bayonne souffre d'une "altération partielle de son discernement", mais sa responsabilité pénale reste engagée et il sera présenté mercredi à un juge d'instruction, qui devrait le mettre en examen.

Tireur solitaire, instable psychologiquement, ou auteur conscient d'un attentat ? L'enquête semble donc pencher pour la première hypothèse et le parquet de Bayonne a annoncé mercredi que "le Parquet national antiterroriste n'entend pas se saisir du dossier".

Le procureur de Bayonne Marc Mariée avait expliqué mardi soir que le suspect avait dit aux enquêteurs avoir voulu incendier la mosquée de Bayonne pour "venger la destruction de la cathédrale de Paris", qu'il attribue aux musulmans.

"L'ensemble de son audition interroge sur son état de santé psychique de sorte qu'il est actuellement présenté devant un psychiatre afin d'être éclairé sur sa responsabilité pénale", avait ajouté M. Mariée.

Mercredi matin, il annonçait dans un communiqué que l'expertise avait "conclu à une altération partielle de son discernement et/ou du contrôle de ses actes".

L'octogénaire, qui était encore entendu par les enquêteurs mercredi matin, devait cependant être présenté dans l'après-midi au juge d'instruction.

"Une information judiciaire va être ouverte des chefs de tentatives d'assassinat, dégradation et destruction aggravées, et violence avec usage d'une arme", a ajouté le procureur, précisant qu'il demanderait son placement en détention provisoire.

Lors de sa garde à vue, l'octogénaire a démenti avoir voulu tuer en mettant le feu à la porte de la mosquée, expliquant avoir procédé à des repérages pour être sûr de n'intervenir "qu'à un moment où elle était très peu occupée".

Ces affirmations cadrent mal avec le récit de l'attaque, reconstituée notamment grâce à des témoignages et des caméras de surveillance: le suspect a ainsi tiré une première fois sur un homme assis près de la mosquée, puis à deux reprises sur un conducteur avant de mettre le feu à son véhicule.

Les jours des deux septuagénaires blessés ne sont plus en danger, selon le parquet.

- "Propos décousus" -

A Saint-Martin-de-Seignanx (Landes), près de Bayonne, les voisins de Claude Sinké ont de suite mis en doute sa santé mentale, le présentant comme un homme "atypique et fantasque", "avec des obsessions", au verbe "parfois assez violent". Un veuf qui vivait seul dans son pavillon à la porte d'entrée surmontée d'un drapeau tricolore.

Il avait récemment adressé un courrier rageur à l'ordre des avocats de Bayonne et au procureur de Dax (dont dépend Saint-Martin-de-Seignanx), disant vouloir porter plainte contre Emmanuel Macron.

L'octogénaire avait aussi envoyé sa lettre au quotidien Sud Ouest, qui en publiait mercredi quelques "propos décousus".

"Chirac, De Gaulle, Macron, Moscovici, Hollande, Fabius, Juppé, Larcher, Delors, le Vel d’Hiv, les retraités, les gilets jaunes, les grèves… Tout y passe", écrit le journal selon qui "les théories complotistes se mêlent aux propos racistes et discriminatoires" dans des "mots mal orthographiés, dactylographiés en rouge, en noir et dans des polices de tailles différentes".

Le parquet, mais aussi son avocat, sont restés très discrets jusqu'ici sur la biographie du suspect de 84 ans, qui se présentait sur les réseaux sociaux comme un artiste, un sculpteur, auteur d'un livre "La France à coeur ouvert ou la misère humaine", retraité depuis l'âge de 50 ans, ayant suivi une formation à la SNCF.

Né à Meknès au Maroc en septembre 1935, avec un père légionnaire à Aubagne, il aurait été appelé du contingent de la guerre d’Algérie.

Sa carrière politique, avec une candidature sous l'étiquette Front National aux élections départementales de 2015, ne semble pas avoir fait long feu. "C'était une liste de farfelus qu'on n'a jamais vus faire campagne", affirme à un correspondant de l'AFP Claude Paucton, ancien correspondant pour le journal Sud Ouest à Saint-Martin de Seignanx, qui l'a beaucoup côtoyé.

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