Municipales à Paris : Griveaux jette l'éponge après des "attaques ignobles"

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Par Ambre TOSUNOGLU - Paris (AFP)
Publié le 14 février 2020 - 13:41
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Benjamin Griveaux annonce le retrait de sa candidature dans les locaux de l'AFP à Paris, le 14 février 2020
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© Lionel BONAVENTURE / AFP
Benjamin Griveaux annonce le retrait de sa candidature dans les locaux de l'AFP à Paris, le 14 février 2020
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C'est un tournant soudain dans la bataille de l'Hôtel de Ville, et peut-être une étape dans les atteintes en ligne à la vie privée des politiques en France: le candidat macroniste à la mairie de Paris Benjamin Griveaux a jeté l'éponge vendredi après la diffusion d'une vidéo intime.

Suite à des "attaques ignobles (...) j'ai décidé de retirer ma candidature à l'élection municipale parisienne. Cette décision me coûte mais mes priorités sont très claires. C'est d'abord ma famille", a dit le candidat de La République en Marche (LREM) dans une courte déclaration enregistrée en début de matinée au siège de l'AFP, en présence également de BFM Paris.

Un site avait diffusé mercredi soir une vidéo intime et des messages connotés adressés à une femme, affirmant qu'ils émanaient de l'ancien porte-parole du gouvernement. La page, relayée peu à peu jeudi sur les réseaux sociaux, présentait deux courtes séquences en plan serré montrant un homme non identifié en train de se masturber, ainsi que des captures d'écran de messages échangés sur le ton de la drague.

"Depuis plus d'un an, ma famille et moi avons subi des propos diffamatoires, des mensonges, des rumeurs, des attaques anonymes, la révélation de conversations privées dérobées ainsi que des menaces de mort", a poursuivi M. Griveaux.

"Hier, un nouveau stade a été franchi. Un site internet et des réseaux sociaux ont relayé des attaques ignobles mettant en cause ma vie privée (...) En ce qui me concerne, je ne suis pas prêt à nous exposer davantage ma famille et moi quand tous les coups sont désormais permis. Cela va trop loin", a-t-il ajouté.

Après une investiture dans la douleur par LREM, des propos injurieux à l'égard de ses concurrents relayés dans la presse, c'est finalement la publication de cette vidéo qui a eu raison de la campagne de celui que les sondages plaçaient en troisième position derrière l'actuelle maire socialiste Anne Hidalgo et la candidate Les Républicains (LR) Rachida Dati.

En marge de sa déclaration, M. Griveaux a indiqué à l'AFP s'être entretenu tard jeudi soir avec le président Emmanuel Macron, qui l'a selon lui assuré de son soutien "quelle que soit sa décision", en l'invitant à protéger les siens. L'entourage du chef de l'Etat a confirmé qu'un échange avait eu lieu.

- "Profondément dégueulasse"-

"L'attaque indigne qu'il subit est une menace grave pour notre démocratie", a ainsi tweeté l'ex-LREM et candidat dissident à la mairie de Paris Cédric Villani.

La maire PS de Paris Anne Hidalgo a appelé "au respect de la vie privée et des personnes". "Ressaisissons-nous collectivement ou nous allons tous nous noyer dans la fange", prévient aussi l'essayiste et eurodéputé de gauche Raphaël Glucksmann.

L'artiste contestataire russe Piotr Pavlenski, qui avait incendié la façade d'une succursale de la Banque de France en 2017, a affirmé avoir mis en ligne la vidéo. Selon Libération qui lui a parlé, il affirme la tenir "d'une +source+ qui avait une relation consentie avec Benjamin Griveaux".

La séquence a été publiée "sur un site clandestin sans mention légale, hébergé aux États Unis, lié dit-on, à un activiste russe", a commenté l'avocat Richard Malka, conseil de Benjamin Griveaux, qui lui a demandé "d'engager des poursuites contre toute publication" qui ne respecterait pas sa vie privée.

M. Griveaux avait présenté son programme jeudi matin devant une centaine de soutiens et ses têtes de listes dans les arrondissements. Il avait alors connaissance de la vidéo. Dans la salle, plusieurs responsables politiques brillaient par leur absence dont le patron de LREM, Stanislas Guerini, ami proche de Benjamin Griveaux.

Selon plusieurs sources au sein de LREM, les noms de la maire sortante du IXe arrondissement (ex-LR), proche d’Édouard Philippe, Delphine Bürkli, et de la secrétaire d’État en charge de l'Egalité femmes-hommes, et candidate en deuxième position dans le XIVe arrondissement, Marlène Schiappa, sont cités parmi les successeurs possibles de M. Griveaux en tête de liste.

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