Municipales : Paris imperméable à la vague EELV ?

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Par AFP - Paris
Publié le 03 mars 2020 - 12:07
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David Belliard, le candidat écologiste à la mairie de Paris, en meeting le 5 février 2020
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
David Belliard, le candidat écologiste à la mairie de Paris, en meeting le 5 février 2020
© Thomas SAMSON / AFP/Archives

Les écologistes d'EELV abordent les municipales en conquérants dans beaucoup de grandes villes. Mais à Paris, entre prédominance d'Anne Hidalgo à gauche et remobilisation de la droite, tous les sondages persistent à donner David Belliard largement distancé.

Les Verts avaient pourtant réalisé près de 20% dans la capitale aux européennes de mai 2019. Dans une enquête Elabe/BFMTV de lundi, la barre des 10% est franchie... dans le sens descendant. David Belliard est crédité de 9,5%, en dessous même de celui qu'il dominait constamment depuis quelques semaines, le député ex-LREM Cédric Villani (10,5%).

Comme la confirmation d'une absence de dynamique, après plusieurs mois d'études moroses à travers lesquelles David Belliard n'a jamais paru être en mesure de grimper à l'étage des prétendants sérieux à l'Hôtel de ville.

"Ca fait huit mois qu'on nous répète ça... Heureusement qu'on est restés zen", soupire l'intéressé auprès de l'AFP. "Mais je rappelle qu'aux européennes, EELV était donné à 7% à quelques heures du vote et finit à 13,5%", au niveau national.

La marche est cependant autrement plus haute le 15 mars, alors que prendre la tête du camp de gauche exige de dépasser les 20 à 25% dont est créditée Anne Hidalgo. S'il est en général difficile pour EELV de contester un maire de gauche sortant, à Paris l'écart semble d'autant plus grand que la socialiste se targue d'un bilan écologique significatif: piétonnisation des voies sur berge, développement du vélo, rénovation thermique de logements...

David Belliard, allié de Mme Hidalgo dans la majorité actuelle, axe donc sa campagne sur l'idée qu'il faut aller "plus loin" et mettre un écolo pur jus aux manettes.

Mais pour un dirigeant de la majorité sortante, "Anne Hidalgo est une maire écologiste, certains lui ont d'ailleurs reproché d'en avoir trop fait, donc le discours de Belliard est inaudible". Sandra Regol, secrétaire national adjointe d'EELV, déplore que la candidate Hidalgo ait repris "plusieurs propositions de David", par exemple sur la moitié des places de stationnement à remplacer par des arbres et des pistes cyclables.

- "En rester aux fondamentaux" -

De fait, selon l'Ifop, les électeurs écologistes des européennes se partagent à égalité entre la première (37%) et le second (38%). L'érosion toute récente s'explique en outre par un "système de vases communicants", analyse un autre pilier de la majorité: "Les électeurs de Belliard vont vers Villani, les électeurs de Villani vont vers Buzyn, et une partie des électeurs de Buzyn vers Dati".

"Il aurait dû être plus dur sur le bilan d'Hidalgo, la bétonnisation, la densification, le vélib'", estime l'ex-journaliste Isabelle Saporta, courtisée par David Belliard mais finalement dans l'équipe de Cédric Villani.

Elle regrette que le candidat EELV n'ait pas créé la "coalition climat" qu'il appelait de ses voeux fin 2019, la seule de ses initiatives de campagne à avoir déclenché un large débat: "S'il y avait eu fusion (avec M. Villani) avant le premier tour, on créait une nouvelle force politique, on montrait que la macronie est terminée et que les écolos veulent gouverner".

Dans le camp Hidalgo justement, on estime que "la campagne des écolos, en mettant l'accent sur les alliances, a à la fois déstabilisé leur électorat et donné l'impression de manoeuvres politiciennes". De fait, David Belliard a dû l'expliciter de nombreuses fois dans les médias, souvent sur un ton défensif.

"Ca a pu être perçu comme pas clair. Il faut en rester aux fondamentaux" de la campagne par ailleurs "solide de David Belliard", note l'eurodéputé David Cormand, qui fin novembre a cédé la place de secrétaire national d'EELV à Julien Bayou.

Celui-ci fustige pour sa part une campagne perturbée par le "psychodrame autour de Griveaux". Désormais avec Agnès Buzyn pour LREM, Rachida Dati pour LR et Anne Hidalgo, "on a un match de personnalités nationales et David pâtit d'une notoriété moindre". Avec la forte poussée de Mme Dati dans les sondages, qui la placent désormais en tête au premier tour, "l'électorat qu'on partage avec Hidalgo se raidit" et pense au vote utile.

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