NDDL : les zadistes toujours indécis face aux exigences posées par le gouvernement

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Par Anne-Sophie LASSERRE - Notre-Dame-des-Landes (France) (AFP)
Publié le 19 avril 2018 - 19:17
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Le ministre de la transition écologique Nicolas Hulot et la préfète des Pays de Loire Nicole Klein après leur rencontre avec les zadistes le 18 avril 2018 à Nantes
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© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
Le ministre de la transition écologique Nicolas Hulot et la préfète des Pays de Loire Nicole Klein après leur rencontre avec les zadistes le 18 avril 2018 à Nantes
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A quatre jours de la date butoir fixée par le gouvernement pour qu'ils déclinent leurs identités, les occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes peinent jeudi à "renier la dimension collective" de leurs projets agricoles et restent indécis sur la réponse commune à apporter à l'Etat.

La venue mercredi à Nantes du ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, opposant de longue date au projet d'aéroport, n'a pas modifié la ligne gouvernementale, ni celle des zadistes, arc-boutés sur leur volonté de gérer collectivement les terres qu'ils ont défendues.

Des réunions de travail "assez intenses" étaient en cours jeudi sur la ZAD pour dégager une autre proposition à mettre sur la table, lors d'une nouvelle rencontre prévue vendredi avec la préfète des Pays de la Loire, Nicole Klein, et "sortir de cet étau", selon un des "porte-parole" des occupants.

"Nous restons extrêmement méfiants car nous n'avons aucune assurance que derrière il n'y a pas une volonté de continuer à expulser et faire le tri", ajoute-t-il.

Les formulaires individuels que les autorités les somment de remplir d'ici lundi soir doivent comporter leur nom et les grandes lignes de leur projet agricole ou para-agricole, un préalable à l'éventuelle signature par l'Etat de baux précaires.

"Ce formulaire-là ne nous donne aucune garantie sur la suite. Et si on ne le remplit pas, on prend forcément un risque. Les visions sont un peu divergentes, mais quelle que soit notre décision, elle sera forte, collective et on s'y tiendra", affirme Vincent.

Partie prenante d'un projet collectif de maraîchage, d'apiculture et d'élevage de brebis, il a déposé avec deux autres occupants les statuts d'une association, "avant le début des expulsions", indique-t-il.

"La préfecture a nos noms. On a fait des efforts pour trouver un arrangement qui convienne à l'Etat. (...) Mais on nous demande de céder sur toute la ligne. Or, dans une négociation, il faut être deux pour faire des concessions", estime Vincent.

- "Prêt à prendre le risque" -

"L'Etat nous parle de façon obsessionnelle de conventions individuelles et je pourrais être bien placé pour y répondre car je fais du maraîchage, mais sur la ZAD, l'organisation est collective et elle recouvre beaucoup plus que la simple addition de petits projets agricoles", lance Jean-Baptiste, inscrit depuis deux ans à la mutualité sociale agricole (MSA).

"Je suis déclaré depuis le 15 mai 2016, l'activité est légale. Je suis prêt à prendre le risque de ne pas être compris alors que j'ai énormément de choses à préserver, parce que pour nous, la dimension collective, elle est primordiale", martèle ce maraîcher, installé à l'extrêmité est de la ZAD, à l'écart de la zone où près de trente squats ont été démantelés la semaine dernière.

"C'est très dur en fait de se faire ratatiner à ce point-là et pour autant, on a de la dignité et on aura du mal à renoncer à nos convictions intimes parce que pour faire société, il faut prôner le collectif", insiste Jean-Baptiste. "On nous ferait penser que parce qu'on fait du collectif, on prône l'anonymat, ce qui n'est pas du tout le cas", assure-t-il.

Incomprise mercredi par Nicolas Hulot, cette indécision des zadistes était également difficilement entendable pour Sylvain Fresneau, cinquième génération de paysans installés à Notre-Dame-des-Landes. "On a quand même eu deux mois et demi pour se retourner, puis un nouveau délai de dix jours. Il faut qu'on avance, ça ne peut pas durer des années cette guéguerre", déclare-t-il.

Sylvain Fresneau et les trois autres agriculteurs "historiques" qui ont toujours refusé de vendre leurs biens au concessionnaire de l'aéroport doivent signer, "sans doute mardi", une convention d'occupation précaire et devraient obtenir la rétrocession de leurs terres "avant la fin de l'année", indique-t-il.

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