Nouveau bac : une note critique de l'inspection, des épreuves encore reportées à Paris

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Par Anne-Sophie MOREL - Paris (AFP)
Publié le 28 février 2020 - 19:40
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Manifestation contre le nouveau bac et notamment les nouvelles épreuves, les E3C, le 20 janvier 2020 à Montfort-sur-Meu , dans l'ouest de la France
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© Damien MEYER / AFP/Archives
Manifestation contre le nouveau bac, notamment les nouvelles épreuves, les E3C, le 20 janvier 2020 à Montfort-sur-Meu, dans l'ouest de la France
© Damien MEYER / AFP/Archives

"Pression de l'évaluation", "variantes selon les établissements": une note de l'inspection générale de l'Éducation nationale critique les épreuves de contrôle continu du nouveau bac, qui n'ont toujours pas pu se tenir dans certains établissements.

L'inspection générale, qui dépend du ministère, rend régulièrement des rapports consultatifs et se montre rarement critique.

Face au nouveau bac, elle dit noter "une appréciation souvent positive de la logique de la réforme, avec la disparition des filières, la mise en œuvre des choix de spécialités" et "une plus grande équité territoriale" mais "cette impression générale s'accommode de vraies variantes entre académies et entre établissements".

Selon l'inspection générale, parents et élèves apprécient "le principe du contrôle continu qui prend en compte le travail régulier" mais ses épreuves sont vécues comme "un élément de complexité excessive", qui mettent les élèves "constamment sous la pression de l'évaluation".

Les proviseurs ont, eux, l'impression "d'organiser en continu des examens". Le nouveau bac, dont ils dénoncent "la complexité", génère "pour l'institution un surcoût énorme pour un rendement faible", rapporte l'inspection générale.

"On ne peut pas passer notre temps à programmer des sessions d'épreuves de contrôle continu, car il faut savoir que la prochaine session démarre dès la mi-avril", explique Philippe Vincent, à la tête du premier syndicat des chefs d'établissement (SNPDEN).

Depuis leur lancement le 20 janvier ces épreuves, baptisées E3C, suscitent la colère des syndicats, de professeurs et de lycéens qui veulent "faire barrage" à cette réforme du bac voulue par le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer.

Elle s'est traduite par le blocage de plusieurs dizaines d'établissements dans l'Hexagone et en outre-mer, et par le report d'épreuves dans plusieurs dizaines de lycées, sur 1.600 lycées publics au total.

- "Souplesse dans le calendrier" -

Leur report est limité par un calendrier serré, les commissions d'harmonisation des notes devant se tenir entre les 10 et 13 mars. A Paris, des établissements ont à nouveau été empêchés cette semaine de composer sur les E3C selon le rectorat, sans savoir à ce stade quand ils vont pouvoir les repasser.

Les élèves qui montreraient ouvertement leur refus de les passer se verraient attribuer un zéro, selon des sources concordantes.

Selon le ministère, 1,7 million de candidats ont à ce jour émargé, 96,4% des épreuves ont eu lieu et 79,2% des copies ont été corrigées. Il ajoute avoir "une certaine souplesse dans le calendrier", avec une gestion au "cas par cas".

Au-delà de leur aspect logistique, les nouvelles épreuves instituent, selon l'inspection générale, "une confusion entre la logique de la certification (baccalauréat) et la logique de la formation (notes balises), qui devrait être au cœur de la réforme : le poids effectif ou présumé des E3C déséquilibre l'ensemble, au détriment de la formation", insiste l'institution.

Pour Sophie Vénétitay, du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, "le fait que l'inspection générale elle-même soit aussi critique, ce n'est pas anodin. Nous, on tient ce discours depuis des mois, là ça vient des inspecteurs, qui sont souvent dans la retenue", assure-t-elle.

"C'est révélateur d'une forme de prise de conscience de l'intérieur", poursuit Sophie Vénétitay.

Ces épreuves d'histoire-géo, de langues vivantes - et de mathématiques pour la voie technologique - s'échelonnent jusqu'à la mi-mars pour les élèves de première. Elles sont réparties en trois sessions sur les années de première et terminale et comptent pour 30% de la note finale.

Le comité de suivi du nouveau bac, chargé d'examiner un certain nombre de problèmes liés à la réforme, doit tirer le bilan de la première session d'épreuves le 11 mars. Selon l'un de ses membres, il devrait proposer d'alléger nettement leur organisation pour la deuxième session, qui doit démarrer dès la mi-avril.

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