Nouvelle-Calédonie : une victoire sans liesse pour les pro-français

Auteur:
 
Par Cécile AZZARO - Nouméa (AFP)
Publié le 04 novembre 2018 - 17:50
Mis à jour le 05 novembre 2018 - 09:58
Image
Des militants pro-indépendance défilent en voiture avec des drapeaux indépendantistes dans les rues de Nouméa, après le référendum d'autodétermination, le 4 novembre 2018 en Nouvelle-Calédonie
Crédits
© Theo Rouby / AFP
Des militants pro-indépendance défilent en voiture avec des drapeaux indépendantistes dans les rues de Nouméa, après le référendum d'autodétermination, le 4 novembre 2018 en Nouvel
© Theo Rouby / AFP

Pas de défilé bleu-blanc-rouge dimanche soir à Nouméa: les partisans d'un maintien de la Nouvelle-Calédonie dans le giron français ont fêté dans une grande discrétion la victoire du non, moins large que prévu, au référendum sur l'indépendance.

Une heure après la proclamation des résultats définitifs - 56,4% de voix pour le non et 43,6% pour le oui- , vers minuit en heure locale, les rues de Nouméa étaient désertes, ainsi que le quartier des plages, lieu habituel des rassemblements populaires calédoniens.

Des scènes à l'image d'une campagne qui s'est déroulée dans le calme, animée seulement par quelques défilés en voiture, drapeau au vent, de militants des deux camps, dans les jours précédant ce scrutin historique.

La soirée a cependant été émaillée d'une série d'incidents, dont le plus significatif a été l'incendie d'une ancienne animalerie en plein centre-ville. "Deux jeunes ont été interpellés", a indiqué Thierry Lataste, haut-commissaire de la République, sans pouvoir confirmer si ces arrestations étaient liées à l’incendie et au référendum lui-même.

Dans les quartiers nord populaires de la capitale calédonienne, plusieurs voitures ont également été brûlées et des "faits de caillassage" ont été signalés, selon le Haut-commissariat.

A Saint-Louis, tribu kanak aux portes de Nouméa, régulièrement le théâtre de violents incidents, des jeunes ont tenté de bloquer la route principale avec des pneus enflammés, avant une intervention des forces de l'ordre.

Dans les QG des différents partis politiques, l'ambiance était paradoxalement plus festive chez les perdants.

Il faut dire que tous les sondages précédant le scrutin avaient prédit une large victoire du non dans une fourchette comprise entre 63 et 75% des voix.

Au siège de l'Union Calédonienne, un des deux poids lourds du FLNKS, des militants ont exprimé leur joie en dansant et en agitant des drapeaux kanak, aux cris de "Kanaky".

- "Le peuple kanak au rendez-vous" -

Ils ont ensuite défilé en cortège d'une vingtaine de voitures, à grand renfort de klaxons dans Nouméa, s'arrêtant même par moment pour danser.

"On réalise un score supérieur à celui qu'on pensait, le peuple kanak a bien été au rendez-vous, on progresse partout, dans toutes les communes", s'est félicité Louis Mapou, chef du groupe Uni-FLNKS au Congrès.

Dans l'autre camp, la discrétion était de mise. Après quelques applaudissements et une Marseillaise, la fête a rapidement tourné court au QG des Républicains calédoniens ainsi qu'au Rassemblement les Républicains dont le président le sénateur Pierre Frogier ne s'est même pas exprimé à l'issue du résultat.

Principal parti non indépendantiste, Calédonie Ensemble (droite modérée) avait donné rendez-vous à ses militants dans le bar d'un grand hôtel. Mais là aussi, le cœur n'y était pas vraiment.

"Ce sont ceux qui ont perdu qui font la fête", a ironisé Philippe Gomès, leader du mouvement à 01H00 du matin dans un QG désert, interloqué par l'exceptionnelle mobilisation des indépendantistes.

Dans les jours précédant le scrutin, lui, qui avait mené une campagne intense de terrain, avait prédit avec certitude une victoire des non indépendantistes avec 70% de voix.

A ses côtés, le député Philippe Dunoyer estimait un brin dépité, que "la victoire du FLNKS est sa mobilisation".

Selon les chiffres officiels, la liste électorale référendaire comptait un minimum de 46% de Kanak. De sorte qu'avec 43,6% des suffrages, le peuple autochtone de Nouvelle-Calédonie a quasiment fait le plein des voix.

Le taux de participation au référendum (80,63%) a été qualifié d'"exceptionnel" par tous les acteurs. Toute la journée de longues files d'attente ont pu être observées dans plusieurs bureaux de vote.

Notamment dans l'école Gustave Mouchet à Nouméa, située dans le quartier populaire de Montravel, où les drapeaux, casquettes, tee-shirts et bonnets imprimés aux couleurs de Kanaky (bleu, rouge, vert et jaune) étaient de sortie.

"Il n'y a jamais autant de monde pour voter ici! Moi, je suis convaincu qu'il faut l'indépendance et ce sera bien plus serré que les sondages ne l'annoncent", avait pronostiqué avec justesse Maria, mère de trois enfants, sous un soleil de plomb.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.