Noyade de Saint-Cyr en 2012 : le récit glaçant des participants à l'exercice

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Par AFP - Rennes
Publié le 24 novembre 2020 - 12:41
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L'avocat William Pineau (C) discute avec Jean-Guillaume Le Mintier (D), avocat de la famille de la victime, le 23 septembre 2019 à Rennes
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© LOIC VENANCE / AFP/Archives
Trois des sept militaires qui comparaissent après la noyade d'un sous-officier en 2012, le 23 novembre 2020 à Rennes
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Au deuxième jour du procès de sept militaires à Rennes, des témoignages glaçants ont été entendus mardi au sujet de l'exercice de "transmission des traditions" qui a conduit à la noyade d'un élève-officier en 2012 à Saint-Cyr Coëtquidan (Morbihan).

Les avocats des parties civiles font lire plusieurs récits qui laissent penser que le bilan aurait pu être pire: "C'était la panique autour de moi (...). On s’est agrippé à moi et je me suis agrippé à quelqu’un, je me suis appuyé sur le fond pour remonter. J’ai coulé une deuxième fois. Je pensais que c’était fini pour moi", relate un "bazar", ces élèves de première année qui participent à ce "bahutage" organisé par des deuxièmes années de la prestigieuse école militaire.

"J'ai appris la mort de Hami, ça aurait pu être moi", a témoigné un autre lors de l'instruction.

A la barre, droit comme un I, Hugues Delvolve, 30 ans, qui était "colonel des gardes", à savoir un des plus hauts responsables du bahutage dans le jargon de Saint-Cyr, encaisse. "La situation a malheureusement complétement dérapé et a échappé à tout contrôle. L'objectif n'a jamais été de créer une situation virant au drame", se défend le prévenu, qui a démissionné de l'armée cet été après avoir été cadre cinq ans dans un régiment d'infanterie.

La mort du sous-lieutenant Jallal Hami, bon sportif, est d'autant plus dramatique que le premier passage des "bazars" s'était mal passé, dans une eau à 9 degrés, en pleine nuit, dans un étang où l'on ne pouvait avoir pied sur la majeure partie du parcours.

Interrogé sur l'intérêt de maintenir ce deuxième passage qui aboutira au drame, M. Delvolve, poursuivi pour homicide involontaire comme les six autres prévenus, dit "avoir souhaité que le deuxième passage soit mieux cadencé". Mais, "il y a eu quelqu’un à l’entrée qui a dû lancer un ordre idiot +avancez avancez!+ qui a mené à cette situation confuse qui a mené au drame. Mais ce n'était pas moi."

Une photo est montrée dans la salle d'audience sur laquelle on voit une partie des "bazars" joyeux et trempés après avoir réussi cette épreuve, dont certains (femmes, élèves ne sachant nager) étaient dispensés.

Au gré des échanges, on mesure également l'importance des traditions. "Les anciens de toutes générations, ils en ont traversé des étangs", se défend M. Delvolve, évoquant aussi une traversée en habits militaires d'un étang de 75 m après une nuit arrosée dans le camp.

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