Mathieu Gallet sous pression pour quitter Radio France

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Par AFP - Paris
Publié le 16 janvier 2018 - 11:28
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La ministre de la Culture Françoise Nyssen, le 25 octobre 2017 à Paris
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© Patrick KOVARIK / AFP
Mathieu Gallet, président de Radio France, lors d'une conférence de presse à Paris, le 26 août 2015
© Patrick KOVARIK / AFP

La ministre de la Culture Françoise Nyssen a durci le ton face au patron de Radio France Mathieu Gallet mardi, l'appelant à "tirer les conséquences" de sa condamnation pour favoritisme, sur fond de projet de réforme de l'audiovisuel public.

"Un dirigeant d'entreprise publique condamné pour favoritisme, ce n'est pas une situation acceptable. Il appartient à l'intéressé d'en tirer les conséquences, ainsi qu'au Conseil supérieur de l'audiovisuel, légalement compétent", a déclaré la ministre au journal Le Monde.

Mathieu Gallet a été condamné par le tribunal correctionnel de Créteil lundi à un an de prison avec sursis et à une amende de 20.000 euros pour "favoritisme" lorsqu'il dirigeait l'INA (2010-2014). Il a fait appel.

Dans un premier temps, Mme Nyssen avait simplement rappelé "son attachement au respect des règles de la commande publique et à l'exemplarité des dirigeants des établissements et des entreprises publiques" et renvoyé la responsabilité vers le CSA. "La loi en vigueur donne aujourd'hui au seul Conseil supérieur de l'audiovisuel le pouvoir de nommer et de défaire les mandats des dirigeants des sociétés de l'audiovisuel public", indiquait-elle lundi soir dans un communiqué.

Mme Nyssen a précisé sa pensée mardi dans une déclaration à l'AFP : "Cette condamnation en première instance nous invite à penser la transformation indispensable de l'audiovisuel public et plaide pour une loi sur l'audiovisuel public qui soit déposée rapidement".

La réforme de l'audiovisuel public est poussée par l'Elysée qui souhaite un vote d'ici à la fin de l'année.

"Cette transformation de l'audiovisuel public vise notamment à moderniser les modes de nomination des dirigeants et à renforcer la responsabilité des dirigeants de ces sociétés devant leurs conseils d'administration", rappelle la ministre.

Parmi les pistes de réforme envisagées : la création d'une holding regroupant Radio France et France Télévisions avec un dirigeant unique.

- 'Présomption d'innocence' -

"Je suis surpris par le revirement de la ministre et je ne comprend pas sur quoi il est fondé. C'est une déclaration d'autant plus étonnante que Mathieu Gallet n'est pas condamné : une décision a été rendue et nous avons fait appel, il sera condamné (ou blanchi) quand la Cour d'appel de Paris aura statué", a déclaré à l'AFP l'avocat de Mathieu Gallet, Christophe Ingrain.

"Hier, la ministre faisait état de son attachement à l'indépendance des médias et aujourd'hui sa déclaration a pour objet d'influencer le CSA... Au-delà de la mise en cause de la présomption d'innocence, cette déclaration pose la question de l'indépendance des médias publics", a-t-il souligné.

Une ligne qui rejoint celle du conseil d'administration de Radio France, a assuré à l'AFP un administrateur, à l'issue d'une réunion informelle avec Mathieu Gallet mardi : "M. Gallet a fait appel donc juridiquement il est innocent".

Selon cette source, les administrateurs ont rappelé "le respect des règles de gouvernance du conseil d'administration et du CSA" ainsi que "la bonne marche depuis trois ans de Radio France quant à son audience et à son équilibre financier" et "le mot démission n'a pas été employé".

Mathieu Gallet a aussi rencontré le comité stratégique et les syndicats.

"Nous salariés et organisations syndicales de Radio France refusons de voir notre entreprise fragilisée, et d'être stigmatisés, comme cela est fait depuis plusieurs mois par le président de la République et le gouvernement", ont souligné les syndicats sans commenter la décision de justice.

Le PDG de Radio France avait déjà annoncé qu'il comptait aller au terme de son mandat (mai 2019), même en cas de condamnation.

Accusé d'avoir favorisé deux sociétés de conseil auxquelles l'INA a versé plus de 400.000 euros, il avait notamment fait valoir lors de son procès son ignorance des procédures de marchés publics.

Les sages du CSA aborderont le dossier lors de leur assemblée plénière hebdomadaire ce mercredi, sans nécessairement prendre de décision.

Interrogé fin novembre par l'Association des journalistes médias, le président du CSA Olivier Schrameck avait souligné qu'il n'y avait "pas de précédent", que la loi de 2013 ne prévoyait "aucun critère" pour motiver le retrait d'un mandat.

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