Opéra, CNC... Macron imprime sa marque sur le monde de la culture

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Par Aurélie MAYEMBO, avec Jérôme RIVET - Paris (AFP)
Publié le 24 juillet 2019 - 16:18
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L'actuel directeur de l'Opéra de Toronto, l'Allemand Alexander Neef, remplacera Stéphane Lissner à la tête de l'Opéra de Paris, l'une des plus prestigieuses maisons d'art lyrique au monde
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© NICOLAS PESCHIER / AFP/Archives
L'actuel directeur de l'Opéra de Toronto, l'Allemand Alexander Neef, remplacera Stéphane Lissner à la tête de l'Opéra de Paris, l'une des plus prestigieuses maisons d'art lyrique a
© NICOLAS PESCHIER / AFP/Archives

En désignant des quadragénaires au profil international rompus aux questions de financement privé, à l'Opéra et au CNC, le président Macron imprime sa marque dans le monde de la culture, quitte à parfois susciter la controverse.

Après moult rebondissements, l'Elysée a mis fin mercredi à un suspense qui durait depuis des mois en nommant en Conseil des ministres l'Allemand Alexander Neef, 45 ans, à la tête de l'Opéra de Paris et le producteur français Dominique Boutonnat, 49 ans, nouveau directeur du CNC (Centre national du cinéma), établissement qui soutient le 7e art.

"La politique culturelle se porte par les personnes qui l'incarnent", a souligné l'Elysée. "Cette vague de nominations représente un équilibre entre la découverte et le renouvellement de talents."

Sur 17 nominations, 9 sont des renouvellements dont Catherine Pégard au Château de Versailles et l'acteur et metteur en scène Eric Ruf à la Comédie française.

Le retard pris pour l'ensemble de ces nominations inquiétait les milieux artistiques, les saisons culturelles se préparant longtemps à l'avance.

Conscient du symbole qu'est l'Opéra de Paris, une maison vieille de 350 ans qui rivalise avec la Scala de Milan et le Met à New York, le président Macron s'était emparé personnellement du dossier il y a plusieurs mois.

- Intrigues et rebondissements -

A la tête de la vénérable maison parisienne depuis 2014, Stéphane Lissner sera donc remplacé en 2021 par Alexander Neef, actuel directeur de l'Opéra de Toronto.

Précédé d'une solide réputation, celui qui a eu pour mentor le Belge Gérard Mortier, ancien directeur de l'Opéra de Paris (2004-2009), a fait de Toronto une scène de renom et a contribué à rajeunir son public via des politiques tarifaires.

L'arrivée de ce patron trilingue, fin connaisseur du monde anglo-saxon et des questions de mécénat -- un des prochains défis de l'Opéra de Paris confronté à une baisse de subventions -- devrait apporter un changement d'air notable, mais s'est faite avec son lot d'intrigues et de rebondissements.

Il y a un an, l'ex-ministre de la Culture Françoise Nyssen avait fait comprendre à M. Lissner que son mandat ne serait pas renouvelé en 2021, en raison de la limite d'âge. Ce qui avait déclenché des spéculations: nommerait-t-on la première directrice de l'histoire de l'Opéra? L'élu(e) serait-t-il un(e) étranger(e)?

Les noms ont continué de circuler jusqu'à ce que le ministre de la Culture établisse en janvier un "comité d'audition", du jamais vu. Le suspense a encore duré six mois...

- Logique de rentabilité -

Face au retard pris, les spécialistes ont montré des signes d'inquiétude, car la programmation d'un opéra se prépare trois, voire quatre ans à l'avance, pour "bloquer" les metteurs en scène, les poids lourds du chant lyrique et les stars montantes.

Pour le CNC, le président Macron tente un passage en force, en désignant Dominique Boutonnat, présenté comme un de ses proches et auteur d'un rapport controversé dans le milieu du cinéma. Plus de 70 cinéastes, dont Jacques Audiard et Arnaud Desplechin, se sont inquiétés par avance dans une tribune de sa nomination.

Ce rapport fait craindre une logique privilégiant la rentabilité à la créativité et un moindre soutien au cinéma d'auteur, selon ses détracteurs.

C'est "la première fois qu'un professionnel du cinéma est choisi pour diriger le CNC", souligne-t-on à l'Elysée. "Il devra mener à bien la transformation du CNC pour l'adapter aux bouleversements du secteur tout en respectant les fondamentaux du cinéma français".

Moins polémique est la nomination au palais de Tokyo, haut lieu de l'art contemporain à Paris, d'Emma Lavigne, jusqu'ici directrice du Centre Pompidou-Metz. Elle devient à 51 ans la première femme à occuper cette fonction.

Le réalisateur Michel Hazanavicius (The Artist) va présider le conseil d'administration de la Femis, formant aux métiers du 7e art, et Isabelle Giordano, ex-Unifrance et ex-"Madame cinéma" de Canal+, devient présidente non exécutive du comité stratégique du pass culture.

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