Ouverture du procès de deux chercheurs français détenus en Iran

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Par AFP - Téhéran
Publié le 03 mars 2020 - 02:00
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L'universitaire franco-iranienne Fariba Adelkhah le 19 septembre 2012
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© Thomas ARRIVE / Sciences Po/AFP/Archives
L'universitaire franco-iranienne Fariba Adelkhah le 19 septembre 2012
© Thomas ARRIVE / Sciences Po/AFP/Archives

Le procès des deux chercheurs français détenus depuis juin en Iran, Fariba Adelkhah et Roland Marchal, s'est ouvert mardi à Téhéran mais seule Mme Adelkhah a comparu devant le tribunal.

"M. Marchal n'avait aucun problème à se présenter au tribunal aujourd'hui, mais (les autorités) ne l'ont pas amené: ils n'ont amené que Mme Adelkhah", a déclaré à l'AFP leur avocat, Me Saïd Dehghan.

Selon les informations obtenues auprès de Me Dehghan, l'audience a été renvoyée à une date non précisée, et le juge a refusé une requête de la défense demandant que deux avocats supplémentaires puissent représenter les accusés devant la cour.

Sur ce point, "le juge a violé la loi", a estimé Me Dehghan.

Anthropologue franco-iranienne réputée, spécialiste du chiisme, Mme Adelkhah est détenue depuis juin en Iran, tout comme son compagnon français, M. Marchal, africaniste dévoué à l'analyse des guerres civiles en Afrique subsaharienne.

Il sont jugés à huis clos par la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, présidée par le juge Fazlollah Salavati.

Selon Me Dehghan, Mme Adelkhah est poursuivie pour "propagande contre le système" politique de la République islamique d'Iran et "collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale". Seul ce dernier chef d'accusation, passible de deux à cinq ans de prison, est retenu contre M. Marchal.

La "propagande contre le système" est, elle, passible de trois mois à un an d'emprisonnement.

- "En mauvais état" -

A Paris, le comité de soutien des deux chercheurs, qui dit craindre depuis plusieurs semaine pour leur santé, a appelé une nouvelle fois à leur libération immédiate, "avant que l'irréparable ne survienne".

La veille, le comité avait tiré la sonnette d'alarme en estimant que Mme Adelkhah et M. Marchal étaient "en danger de mort" en raison de l'épidémie de Covid-19 qui sévit en Iran.

Pour le comité, "plusieurs hypothèses sont envisageables" au sujet de l'absence de M. Marchal au tribunal: soit "il a refusé de comparaître devant une mascarade de justice, (soit) il n'a pas été convoqué, (soit) il n'est plus présentable compte tenu de la dégradation de son état de santé".

Dimanche, Me Dehghan avait indiqué à l'AFP que M. Marchal, âgé de 64 ans, était "malade et en mauvais état, mentalement et physiquement".

Quant à Mme Adelkhah, rappellent les soutiens des deux universitaires à Paris, elle "souffre terriblement des reins", conséquence de la grève de la faim de 49 jours qu'elle a observée fin décembre et mi-février pour dénoncer sa détention et ses conditions d'incarcération.

- Iranien détenu en France -

En France, certaines sources estiment que le sort de Mme Adelkhah et de M. Marchal pourrait être intimement lié à celui d'un ressortissant iranien, Jalal Rohollahnejad, détenu en France et menacé d'extradition aux Etats-Unis.

Alors que l'Iran a procédé récemment à des échanges de détenus avec les Etats-Unis et l'Allemagne, la Cour de cassation française est censée se prononcer le 11 mars sur le pourvoi de cet ingénieur en vue d'éviter son extradition.

Si son pourvoi en cassation venait à être rejeté, comme cela semble probable au vu des préconisations de l'avocat général de la Cour de cassation, il reviendra en dernier ressort au Premier ministre Edouard Philippe de statuer sur son cas.

Pour Me Dehghan, qui dit demander inlassablement leur libération sous caution, le maintien en détention prolongée des deux Français les met en danger "compte tenu (...) du coronavirus" qui, selon lui, les menacerait davantage "dans un environnement carcéral fermé".

Mme Adelkhah et M. Marchal sont détenus à la prison d'Evine, dans le nord de Téhéran, province du pays où les autorités disent avoir relevé le plus grand nombre de personnes touchées par la maladie Covid-19, qui a tué 77 personnes en Iran.

Selon Me Dehghan, Mme Adelkhah, née en Iran en 1959, a regagné samedi "la section pour femmes de la prison" après avoir été admise pendant plusieurs jours pour des soins dans l'hôpital du centre de détention.

Paris a lancé des appels réguliers à la libération immédiate des deux chercheurs mais la République islamique les a toujours dénoncés comme une ingérence dans ses affaires intérieures.

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