Ouverture du procès du frère de Mohamed Merah devant la cour d'assises de Paris

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Par AFP
Publié le 02 octobre 2017 - 12:35
Mis à jour le 03 octobre 2017 - 17:34
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Latifa Ibn Ziaten (C), la mère d'une victime de Mohamed Merah arrive au palais de justice de Paris l
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© Martin BUREAU / AFP
Croquis d'audience montrant Abdelkader Merah à la cour d'assises spéciale de Paris le 2 octobre 2017.
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En mars 2012, Mohamed Merah tuait au nom du jihad trois militaires, un enseignant et trois enfants d'une école juive avant d'être tué à son tour par la police: le procès de son frère Abdelkader, accusé de "complicité", s'est ouvert lundi devant les assises spéciales de Paris dans un climat tendu.

Les audiences sont placées sous haute sécurité dans un contexte de menace terroriste élevée comme l'a encore prouvé dimanche la sanglante attaque à Marseille revendiquée par l'organisation État islamique, au cours de laquelle deux jeunes femmes ont été tuées.

"Les faits sur lesquels nous allons nous prononcer sont terribles", a résumé d'emblée le président Franck Zientara en début d'audience. Dans une atmosphère déjà électrique entre défense et parties civiles, il a rappelé que les accusés sont "présumés innocents".

Appelés à décliner leur identité, les deux accusés ont répondu: "Peintre en bâtiment", pour Abdelkader Merah, 35 ans, grand gaillard, barbe noire fournie et cheveux longs noués, tout de blanc vêtu, un symbole de pureté et souvent la couleur du deuil en islam. "Pizzaïolo", pour Fettah Malki, 34 ans, petit, vêtu de noir.

Signe de la tension régnant dans la salle, la mère de Mohamed Merah a provoqué des murmures hostiles sur les bancs des parties civiles en adressant un baiser à son fils. "Tas de merde", a lâché à plusieurs reprises Samuel Sandler, père et grand-père de victimes de l'école juive alors qu'elle regagnait son banc.

"Innocent, oui mon fils est innocent", avait auparavant clamé Zoulikha Aziri devant la presse.

"On sent bien une certaine nervosité, le poids des actes commis par Mohamed Merah est omniprésent", a commenté Me Olivier Morice, avocat de la famille d'un militaire tué par Merah.

Pour Me Mehana Mouhou, avocat de Latifa Ibn Ziaten, mère du premier soldat tué par Merah, "la confrontation risque d'être difficile". "Les accusés sont dans le déni. Pour les familles, c'est comme s'il s'agissait d'une deuxième mort".

L'enjeu principal du procès sera de déterminer le rôle exact joué par Abdelkader Merah dans les tueries exécutées en solo par son frère. Il est accusé d'avoir "sciemment" facilité "la préparation" des crimes de son frère en l'aidant notamment à dérober le scooter utilisé lors des faits.

A ses côtés, Fettah Malki, délinquant toulousain et ami de Mohamed Merah, se voit reprocher d'avoir fourni un gilet pare-balles, un pistolet-mitrailleur et des munitions, utilisés pour perpétrer les crimes.

- "J'ai commis une erreur" -

Les deux hommes ont reconnu la matérialité des faits mais contestent avoir connu les intentions criminelles de Mohamed Merah. Son frère risque la réclusion criminelle à perpétuité, Malki vingt ans de prison.

La première journée du procès a été consacrée à l'appel des parties civiles, désormais plus de 300, des témoins et experts, avant un exposé des faits. En fin de journée, le président a abordé le parcours de Malki.

Arrivé d'Algérie à l'âge de 11 ans, l'accusé a vécu longtemps seul avec sa mère divorcée, femme de ménage. Sans diplôme, résidant comme Mohamed Merah dans le quartier sensible des Izards à Toulouse, il tente de s'engager dans la Légion mais se fait recaler. Il enchaîne alors les petits boulots, souvent au noir, et les petits trafics: stupéfiants, revente de voitures ou de bijoux volés pour "prendre son petit billet".

Incarcéré dans l'affaire Merah en 2013 à Fleury-Mérogis, il est placé dans une unité dédiée pour détenus radicalisés avant d'en être extrait. "Ils ont bien vu qu'il n'avait rien à y faire", a souligné son avocat Edouard Martial pour qui son client relève "du droit commun".

"Je ne suis pas religieux, je ne pense pas que je peux être considéré comme musulman", a assuré l'accusé à l'audience, précisant qu'il ne faisait pas le ramadan.

Sur le pistolet-mitrailleur Uzi utilisé par Merah, il affirme lui avoir donné "pour qu'il le nettoie". "Pour le gilet pare-balles, il m'a harcelé pour l'avoir", a-t-il ajouté.

"Quand j'ai acheté ces armes, j'ai pensé pouvoir gagner de l'argent avec. Mais je les ai gardées, pour me protéger" et "faire du tir en forêt", a-t-il affirmé. "j'ai commis une erreur en les confiant à Merah, je ne voulais pas qu'elles servent à tuer".

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