A Pantin, MSF ouvre un centre pour jeunes migrants sans famille

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Par AFP
Publié le 28 novembre 2017 - 18:32
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Un local de MSF à Bordeaux-Merignac, le 13 janvier 2010
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© PIERRE ANDRIEU, - / AFP/Archives
Un local de MSF à Bordeaux-Merignac, le 13 janvier 2010
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Le dispositif est innovant, pour un public mal connu: le 5 décembre, Médecins sans frontières (MSF) va ouvrir à Pantin (Seine-Saint-Denis) un centre d'accueil pour jeunes migrants, afin d'aider ces mineurs sans famille à trouver leur voie dans un dispositif complexe, où l'évaluation de leur âge est crucial.

"Le centre fonctionnera en journée et il pourra accueillir 50 personnes qui recevront, si elles sont éligibles, un accompagnement social, médical et juridique", a dit à l'AFP Corinne Torre, chargée de la mission France chez MSF. Elle détaillera le dispositif mercredi lors d'une conférence de presse sur place.

Il s'agit d'accueillir "les primo-arrivants, en transit, dont beaucoup ne sont pas reconnus comme mineurs", a-t-elle ajouté.

Derrière la porte d'un immeuble moderne, à deux pas de l'église de Pantin, le centre a été aménagé dans un ancien laboratoire de 600 mètres carrés, loué "à prix d'ami" par un couple de médecins à la retraite.

Dans les locaux d'un blanc immaculé, tout est pensé pour accueillir ces jeunes "qui ont souvent pris des risques colossaux": plan de métro au mur, salle de détente avec baby-foot et canapé, brochures d'information en quatre langues sur les lieux des bains-douches ou des distributions de repas...

A l'étage, le centre s'organise en plusieurs pôles: une permanence juridique avec avocats, une assistante sociale, mais aussi deux infirmiers qui dispenseront des "pré-consultations" pour parer au plus urgent et orienter vers les structures ad hoc.

Le centre sera ouvert de 09H00 à 17H00. Personne n'y dormira, a précisé Mme Torre, dans le souci d'apaiser les craintes que l'ouverture du centre a suscitées à Pantin.

- "Laissés pour compte" -

Le soir ainsi, les équipes de MSF accompagneront les jeunes jusqu'au lieu d'une distribution alimentaire. "On va avoir une posture assez ferme pour éviter de se faire déborder", ajoute Mme Torre: les vêtements seront distribués en cas de besoin, et la douche "c'est pour la gale".

Avec ce projet-pilote, d'un coût de fonctionnement de 800.000 euros par an, MSF se lance sur un sujet "hyper sensible". "Mais c'est absolument nécessaire parce que les mineurs étrangers sont les grands laissés pour compte" de la politique actuelle, dit Mme Torre.

Le nombre total de migrants mineurs non accompagnés pourrait atteindre 25.000 cette année en France (contre 13.000 l'an dernier). Leur prise en charge est complexe, avec notamment une évaluation de leur âge, contestée par des associations, mais cruciale dans leur orientation: les mineurs sont pris en charge par l'aide sociale à l'enfance, les autres par le droit commun.

Pour ceux qui, reconnus majeurs, contestent la décision en justice, "la démarche peut durer 14 mois", dit Mme Torre, pour qui il faut que ces jeunes "soient traités comme des mineurs jusqu'à la fin de la procédure".

Car pour ces "ni-ni" (ni majeurs, ni mineurs) "il y a un vide" de prise en charge. Ils relèvent de l'hébergement d'urgence, mais un mineur pourra aussi se voir refusé s'il a sur lui des papiers de son pays disant qu'il a moins de 18 ans, assure-t-elle.

Pour leur éviter la rue, MSF travaille à une solution d'hébergement de transit, dans un hôtel entièrement réservé (et pris en charge 7 jours sur 7) par l'ONG, et qui reste encore à annoncer; les jeunes y resteraient trois semaines avant d'être orientés vers des familles d'accueil bénévoles.

"Il y a toute une société civile, un peu cachée, mais qui oeuvre tous les jours", ajoute Mme Torre, qui en veut pour preuve les dons en tous genres - livres, vêtements, mobilier... - qui affluent déjà au centre.

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