A Paris, formation express de médecins aux soins infirmiers face à la pénurie

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Par Alice LEFEBVRE - Paris (AFP)
Publié le 31 mars 2020 - 11:36
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Des médecins et étudiants en médecine en formation au Campus Picpus géré par l'AP-Hp, le 30 mars 2020 à Paris
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© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Des médecins et étudiants en médecine en formation au Campus Picpus géré par l'AP-Hp, le 30 mars 2020 à Paris
© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Dans quelques jours, ils seront en réanimation à pratiquer des gestes qu'ils n'ont souvent jamais faits: médecins et étudiants en médecine se forment à vitesse grand V aux soins infirmiers, pour renforcer les hôpitaux de l'AP-HP et combattre le coronavirus.

"Je n'ai jamais fait ça, mais ça s'apprendra sur le tas, quand on sera à l'hôpital, on verra bien sur le terrain", lance Eliott, 22 ans, étudiant externe en 4e année de médecine à l'université Paris Descartes, un flacon dans une main, une seringue dans l'autre. Il apprend l'injection et le dosage de médicaments.

Face au "tsunami" de patients graves atteints de Covid-19 en Ile-de-France, les hôpitaux de la région gérés par l'AP-HP risquent la saturation et ont besoin de renforts en personnels soignants. Et en premier lieu, d'infirmiers.

Dans 24 heures, Eliott pourra être appelé en renfort dans des services de réanimation pour pratiquer des soins infirmiers, qu'ils doivent assimiler en quelques heures lors de formations express dispensées sur le campus Picpus de Paris géré par l'AP-HP.

Même s'il devra "d'une certaine façon improviser", il ne pouvait pas continuer à "ne rien faire", explique-t-il. "Notre vocation c'est d'aller aider".

Prise de sang, pose de voie veineuse et injection de médicaments... Autour de lui, les autres volontaires, dont un cardiologue, découvrent également les soins. Aucun ne maitrise ces gestes techniques, habituellement pratiqués par des infirmiers diplômés.

"Aujourd'hui, ce dont on a le plus besoin à l'AP-HP, c'est le paramédical et le côté soins infirmiers", souligne sur place Martin Hirsch, le directeur général de l'AP-HP, qui comptait lundi "plus de 1.700 patients atteints de Covid-19, en soin critique".

- "Plus on aura d'infirmiers, plus on aura de lits" -

Pour Hadrien Scheibert, qui dirige la plateforme gérant les soignants volontaires à l'AP-HP, "plus on aura du personnel infirmier, plus on aura de lits en réa car ces services ont besoin de ce type de soignants". Un service de réanimation demande la mobilisation d'un infirmier pour deux ou trois patients.

Lundi, près de 200 infirmiers ont été envoyés dans les hôpitaux de la région parisienne via cette plateforme.

Pendant la formation, les soignants apprennent avant tout les gestes d'hygiène comme la pose des gants et la désinfection du matériel, essentiels dans le métier d'infirmiers, surtout en secteur Covid.

Dans une salle, Antoine*, 35 ans, radiologue dans un hôpital parisien, s'essaye à la pose de voie veineuse pour perfuser un patient: "Ca doit faire dix ans que je n'ai pas fait ça", raconte le médecin, "mais ça revient vite", dit-il devant un mannequin couché sur un brancard sur lequel il s'exerce.

"Jusqu'à aujourd'hui, je n'aurais pas pu faire quoi que ce soit, mais là je me sens mieux, déjà plus prêt que ce matin", ajoute-t-il.

Mise en place d'un garrot, asepsie de la peau, trouver une veine saillante: chaque étape de la prise est décryptée par une autre infirmière. En quelques minutes elle doit notamment former quatre étudiants en médecine, novices en la matière.

"Les soins infirmiers ne sont pas à prendre à la légère, surtout en réanimation, il est essentiel de former ces soignants même s'ils sont médecins à la base", glisse la formatrice, qui souhaite garder l'anonymat.

Depuis vendredi, plusieurs dizaines de volontaires, médecins et externes, sont formés tous les jours pour ces soins infirmiers, insiste Martin Hirsch. "Ils seront envoyés surtout en réa, mais aussi en gériatrie par exemple", précise le directeur général de l'AP-HP.

Lundi, la France a dépassé la barre des 3.000 décès enregistrés dans les hôpitaux, avec un afflux sans précédent en réanimation, en particulier dans la région parisienne.

* prénom changé

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