Parmi les députés "marcheurs", des ferments de division

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Par Anne Pascale REBOUL - Paris (AFP)
Publié le 26 octobre 2018 - 18:48
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Le député Frédéric Barbier, le 10 février 2015 à l'Assemblée Nationale
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© ERIC FEFERBERG / AFP/Archives
Le député Frédéric Barbier, le 10 février 2015 à l'Assemblée Nationale
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Hausse de CSG, accueil des réfugiés: des députés "marcheurs" tentent de faire prévaloir leurs points de vue. Et même s'ils récusent toute "fronde", leur démarche provoque des tensions inédites au sein de la majorité.

"A la République en marche, on ne marche pas au sifflet, ni au fouet", a lancé le président du groupe LREM Gilles Le Gendre, jeudi soir dans l'hémicycle.

Un ton inhabituel pour cet élu plutôt placide et alors que les quelque 300 "marcheurs", pour une bonne part issus de la société civile, ont souvent été qualifiés de "godillots".

Une quarantaine au total, de l'aile gauche, ont signé deux amendements au projet de budget 2019 de la Sécu pour une modulation des taux de CSG des retraités en fonction des revenus, ou pour un taux réduit pour les plus modestes, en soutien à leur pouvoir d'achat.

"Une erreur politique" et même "une forme de trahison" du programme présidentiel, a fermement condamné le nouveau patron du groupe majoritaire avec une rare virulence.

"Nous sommes en pleine cohérence avec le programme du président de la République", avec "un peu plus de justice sociale", s'est défendu Jean-François Cesarini (ex-PS). "Il faut savoir faire ce geste" pour les plus modestes qui est "véritablement attendu sur le terrain", d'après Frédéric Barbier (ex-PS).

Sans surprise, leurs propositions ont été rejetées, mais dans un climat houleux où l'opposition a critiqué le "mandat impératif" des "marcheurs" qui les "dispense de toute espèce de discernement et d'écoute des Français".

Le gouvernement voulait éviter que soit rouverte la boîte de Pandore autour de la hausse du taux de CSG, validée dès l'année dernière, en contrepartie d'une baisse des cotisations salariales afin de "récompenser le travail".

 

- "Conciliation" -

La semaine dernière, dans le cadre du projet de budget de l'Etat, c'est Aurélien Taché, appuyé par une soixantaine de députés du groupe LREM, qui avait fait adopter, contre l'avis du gouvernement, un crédit d'impôt pour les particuliers hébergeant des réfugiés.

Le Premier ministre est venu resserrer les boulons, mardi lors de la réunion hebdomadaire des députés LREM où il a insisté sur le "collectif", au moment où le mouvement La République en Marche cherche un successeur à Christophe Castaner.

La numéro deux du groupe, Amélie de Montchalin, a grincé contre "des petits tours de piste" médiatisés de certains qui n'apportent pas "des solutions".

Les règles internes, en train d'être révisées pour permettre davantage de "débat politique", pourraient donc être durcies ou a minima prévoir des "espaces de conciliation", indique pour sa part une source parlementaire LREM.

"Notre diversité est notre force. Elle crée non pas des courants mais des nuages qui ont parfois du mal à s’agréger", reconnaît un responsable, au sein du groupe.

Seuls quatre élus mécontents ont quitté le groupe à ce jour: Jean-Michel Clément en avril, Frédérique Dumas en septembre, Paul Molac et François-Michel Lambert la semaine dernière.

Un membre du gouvernement relativise les derniers épisodes: "La pugnacité" d'une frange s'est vue "depuis le début" et notamment sur les projets de loi asile-immigration ou agriculture.

Reste que les textes budgétaires, porteurs des grandes orientations économiques et sociales, sont des moments clés. C'est sur ces choix que s'était cristallisée la fronde au sein des socialistes sous le précédent quinquennat.

Les trublions de LREM ne sont pas des "frondeurs" comme ces anciens députés PS car, actuellement, "en aucun cas il y a volonté de faire chuter ou échouer le gouvernement", assure Gilles Le Gendre.

M. Cesarini évoque une "loyauté constructive", M. Taché "des parlementaires exigeants", aguerris par un an et demi de pratique. Ils n'hésitent plus à étaler leurs divergences au grand jour, via notamment des échanges musclés sur Twitter.

Désormais, ces députés osent davantage et veulent peser face à l'exécutif. Cela promet pour des débats à venir tel celui sur la révision des lois de bioéthique, où leurs convictions ne manqueront pas de s'exprimer.

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