Passe d'armes entre Carrefour et Casino autour de l'échec d'un projet de rapprochement

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Par Laure BRUMONT, Katia DOLMADJIAN - Paris (AFP)
Publié le 24 septembre 2018 - 12:29
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(COMBO) This combination of pictures created on September 24, 2018 shows the logo of French multinational group Casino (up) taken on July 28, 2010, and the logo of French retail giant Carrefour taken
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© Eric PIERMONT, LOIC VENANCE / AFP/Archives
Les logos de Casino et Carrefour
© Eric PIERMONT, LOIC VENANCE / AFP/Archives

Le ton est monté lundi entre les géants français de la distribution Casino et Carrefour, les deux groupes se renvoyant l'initiative d'un projet de rapprochement qui a tourné court.

Dans la nuit de dimanche à lundi, Casino a assuré dans un communiqué avoir rejeté des sollicitations de "rapprochement" en provenance de Carrefour. Ce dernier avait tout de suite sèchement démenti dénonçant des "insinuations inacceptables".

Au fil de la journée lundi, les deux parties ont cependant concédé qu'une rencontre avait eu lieu le 12 septembre entre Jean-Charles Naouri, PDG de Casino, et Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, mais en se renvoyant mutuellement l'initiative de cette réunion.

"Carrefour est à l'initiative de ce rendez-vous, qui a donné lieu à une phase où chacune des parties a désigné des avocats et des banquiers, avec un début d'échanges de documents sur un cadre de discussions" sur un éventuel rapprochement, a affirmé à l'AFP un porte-parole de Casino lundi après-midi.

Ce porte-parole a indiqué que "le conseil d'administration de Casino avait eu connaissance de ces éléments et décidé de ne pas aller plus loin".

De son côté, Carrefour "dément avoir sollicité Casino en vue d'un projet de rapprochement. Carrefour n'a jamais été à l'initiative d'un quelconque projet de rapprochement. Une rencontre entre les dirigeants a eu lieu le 12 septembre à l'initiative de Casino", a affirmé un porte-parole à l'AFP.

Selon lui, "à l'issue de cette réunion, Casino a sollicité la mise en place d'un accord de confidentialité et d'un programme de travail".

La révélation de ce projet avorté a peu modifié les cours des titres des deux groupes en Bourse, Carrefour clôturant en recul de 0,81% à 16,45 euros et Casino de 0,06% à 36,02 euros dans un marché en recul de 0,33%.

Leur passe d'armes intervient au moment où les deux géants traversent une période délicate, chacun ayant lancé de profondes réorganisations.

"Honnêtement, je trouve plutôt curieux ce jeu de poker menteur que se livrent ces deux groupes qui ont d'autres chats à fouetter en ce moment", a commenté à l'AFP un expert de la distribution sous couvert de l'anonymat.

- Secteur "fébrile" -

Pour Yves Marin, consultant au sein du cabinet Bartle, spécialisé dans l'aide à la transformation des entreprises, "cela montre bien que le secteur est fébrile et est en cours de recomposition et reconcentration. Tout le monde discute avec tout le monde, les distributeurs discutent entre eux mais aussi avec Amazon ou Microsoft".

Selon lui, Carrefour et Casino "sont tous les deux des groupes intégrés, cotés, avec un certain nombre de points communs facilitant les synergies entre eux. Ce sont aussi des groupes puissants, rodés à la communication financière, qui maîtrisent très bien la communication vis-à-vis des actionnaires et des analystes".

Début septembre, l'agence de notation Standard and Poor's avait abaissé d'un cran la note de Casino à "BB", assortie d'une perspective négative, en raison de la forte dette du groupe, qui a cependant réaffirmé ses objectifs de rentabilité et de désendettement.

Le groupe de Jean-Charles Naouri, dont le titre est en repli depuis le début de l'année, a réalisé en 2017 un chiffre d'affaires de 37,8 milliards d'euros. Il vise d'ici à fin 2018 une réduction de sa dette financière nette en France de l'ordre d'un milliard d'euros, "par autofinancement et grâce au produit des cessions d'actifs".

Pour sa part, Carrefour, dont les ventes ont atteint l'année dernière 88,2 milliards d'euros, a enregistré une lourde perte au premier semestre, de 861 millions d'euros, conséquence des coûts de son plan de transformation annoncé en janvier par le PDG Alexandre Bompard, arrivé il y a un an à la tête du groupe.

Ce plan comprend la suppression de 2.400 postes dans les sièges et la sortie du groupe de 273 ex-magasins Dia.

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