Pédophilie : quinze ans de prison pour l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec

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Par Nathalie ALONSO - Saintes (France) (AFP)
Publié le 03 décembre 2020 - 16:30
Mis à jour le 04 décembre 2020 - 00:16
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L'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec, 70 ans, a été condamné jeudi à 15 ans de réclusion criminelle au terme de son procès à huis clos aux assises de Saintes (Charente-Maritime) pour abus sexuels sur quatre mineures, premier volet d'une gigantesque affaire de pédophilie.

Cette peine, conforme aux réquisitions de l'avocat général, a été assortie d'une obligation de suivi socio-judiciaire de 3 ans et d'une injonction de soins, l'accusé ayant été reconnu coupable de l'ensemble des faits qui lui étaient reprochés.

L'accusé, qui encourait une peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle, est resté impassible à l'annonce du verdict, gardant les bras croisés sur le ventre, sans un regard pour ses victimes.

"Je ne demande pas l'indulgence de la cour", avait-il déclaré, avant que la cour et le jury ne se retirent pour délibérer. "Je ne demande ni pardon, ni compassion (...) seulement le droit de redevenir un homme meilleur", avait-il dit, des propos rapportés par plusieurs avocats, huis clos oblige.

"Il a expliqué qu'il émettait énormément de regrets (...) sans forcément demander d'excuses, lui-même sait que ce qu'il a fait est impardonnable, ce sont ses mots", a assuré son avocat Me Thibaut Kurzawa après avoir plaidé.

- "Aveux stratégiques" -

Durant le procès commencé lundi, Joël Le Scouarnec a reconnu des faits de viols mais au compte-gouttes oscillant, selon des avocats de parties civiles, entre "amnésie" et "aveux stratégiques" pour ce premier volet d'une affaire de pédophilie hors normes sur 30 ans.

Le médecin autrefois respecté, père de trois fils, est en effet également mis en examen depuis octobre à Lorient (Morbihan), dans une deuxième procédure, pour viols et agressions sexuelles sur 312 victimes potentielles identifiées à la lumière des écrits glaçants du chirurgien autoproclamé pédophile, découverts chez lui au moment de son arrestation en 2017.

A Saintes, l'ancien chirurgien digestif était jugé depuis lundi pour des agressions sexuelles sur sa nièce Aurélie* dans les années 90 à Loches (Indre-et-Loire) et sur une patiente, Amélie* ainsi que des fais de viols (pénétrations digitales), à la même période, sur Helena*, une autre nièce, et sur Lucie*, sa petite voisine à Jonzac (Charente-Maritime), dont la dénonciation en avril 2017 avait lancé l'affaire.

Depuis, il reconnaissait des agressions sexuelles, mais niait les faits plus graves de viols, dans ce volet où "l'omerta" de la famille est dénoncée à l'unisson par les parties civiles.

Dès les années 90, son ex-femme, qui le conteste aujourd'hui, l'avait questionné sur ses penchants, puis sa soeur avait reçu les confidences de ces filles. Jamais il n'avait été dénoncé malgré ces signaux intrafamiliaux et des alertes à l'hôpital après sa condamnation en 2005 à une peine légère pour consultations d'images pédopornographiques.

Confronté cette fois à ses victimes et à des pièces "insoutenables" mêlant photos, vidéos et écrits, l'accusé a fini par lâcher des aveux de viols en pointillés. Mardi, il a reconnu des faits sur trois victimes anciennes dans les années 80, sans conséquence pour lui car ces cas étaient prescrits. Puis, confronté mercredi à l'aînée des deux nièces, il a reconnu les avoir violées elle et sa soeur, aujourd'hui âgées de 35 et 30 ans. Le "soulagement" des nièces après ces aveux a cependant été de courte durée: la cour ne pouvait pas retenir ces aveux concernant l'aînée puisqu'elle n'est pas saisie de ces faits.

Leur déception s'est ajoutée à celle de la mère et de l'avocate de la petite voisine de Jonzac, qui ne sont pas parvenues à tirer des aveux sur le viol digital de la fillette, 10 ans aujourd'hui. L'accusé dit ne pas s'en souvenir. "On reste sur notre faim", a estimé Me Francesca Satta.

* prénoms modifiés

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