Personnes âgées : déblocage de fonds pour les Ehpad avant une grève inédite mardi

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Par AFP - Paris
Publié le 25 janvier 2018 - 16:40
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Dans un Ehpad à Lens le 4 décembre 2013
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© PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives
Dans un Ehpad à Lens le 4 décembre 2013
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Le gouvernement a annoncé jeudi 50 millions d'euros supplémentaires pour les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en difficulté, une "broutille" pour les représentants des personnels, qui appellent à une grande mobilisation mardi.

En plus des 100 millions inscrits au budget 2018 de la Sécurité sociale, "nous ajoutons 50 millions d'euros qui vont être donnés aux Agences régionales de santé pour qu'elles puissent accompagner au cas par cas, en fonction des difficultés, les Ehpad qui souffrent aujourd'hui d'un manque de moyens", a déclaré sur RTL la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn.

Dans un entretien en ligne jeudi soir sur le site du Parisien, Mme Buzyn annonce en outre qu'un inspecteur des Affaires sociales sera nommé comme médiateur pour faire remonter au ministère les difficultés.

Une "broutille", un "pansement pour une jambe de bois", avaient réagi à la mi-journée, lors d'une conférence de presse, les représentants des personnels des maisons de retraite médicalisées et des services à domicile, qui appellent depuis plusieurs semaines à la grève le 30 janvier.

Ce mouvement unitaire "inédit", regroupant CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et SUD, avec le soutien de l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et d'associations de retraités, prévoit des débrayages dans les établissements et des rassemblements dans toute la France.

A Paris, un rassemblement est prévu à 14H00 devant le ministère de la Santé, où les représentants des personnels espèrent être reçus.

Cela "fait dix ans qu'on attend une grande mobilisation nationale", a témoigné devant la presse Sandrine Ossart (CGT), aide-soignante depuis 26 ans. "On a besoin de dire qu'on est cassés, usés", a-t-elle poursuivi, demandant plus de moyens humains pour traiter les résidents "dans la dignité".

Actuellement, "on a entre 12 et 15 toilettes par matinée, ce qui comprend aussi de lever, habiller et asseoir le résident. Cela fait entre 8 et 10 minutes pour chacun. Quand je l'ai appris à l'école, on avait 40 minutes", a-t-elle poursuivi, regrettant de ne plus avoir de temps pour "parler avec les résidents", proposer "des sorties".

- 117 jours de grève à Foucherans -

Au 31 décembre 2016, près de 728.000 personnes âgées étaient prises en charge dans un des 6.900 Ehpad publics, privés non lucratifs et privés commerciaux, selon la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA).

Parmi ses principales revendications, ce mouvement unitaire demande l'application d'un ratio d'"un agent pour un résident", la moyenne étant actuellement de 0,6, a précisé Pascal Champvert, président de l'AD-PA.

Tous réclament aussi l'abandon d'une réforme tarifaire initiée en 2017, qui prévoit d'aligner progressivement jusqu'en 2023 les dotations aux Ehpad publics et privés.

Cette réforme, qui "va se traduire par des suppressions massives de postes, est unanimement rejetée", a affirmé Luc Delrue (FO).

Interrogée mardi à l'Assemblée nationale, Agnès Buzyn avait réaffirmé que cette réforme serait poursuivie, promettant un accompagnement financier pour "les 2,9% d'Ehpad dont la convergence à la baisse concernera à la fois le forfait soins et le forfait dépendance". "Mon engagement, c'est qu'aucun établissement ne soit pénalisé", dit au Parisien la ministre, qui visitera vendredi un hôpital gérontologique en région parisienne.

Les 50 millions annoncés ne suffiront pas à compenser "le manque à gagner pour les établissements publics de 200 millions d'euros", selon le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux.

La CGT, premier syndicat du secteur, a recensé 120 grèves en 2017 dans des Ehpad, dont la plus médiatique, aux Opalines à Foucherans (Jura), a duré 117 jours.

La députée LREM Monique Iborra, chargée d'une mission sur les Ehpad, avait décrit en septembre dans ses conclusions les "sous-effectifs" et conditions de travail "particulièrement difficiles", notamment pour les aides-soignantes.

Une pétition lancée il y a deux semaines par plusieurs médecins pour protester contre le manque d'effectifs avait recueilli mercredi plus de 300.000 signatures.

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