Policiers percutés à Colombes : l'attaquant à la voiture mis en examen et écroué

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Par Guillaume DAUDIN - Paris (AFP)
Publié le 01 mai 2020 - 14:50
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Des policiers à Colombes (Hauts-de-Seine) où un automobiliste a volontairement percuté deux motards de la police nationale, le 27 avril 2020
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© FRANCK FIFE / AFP
Des policiers relèvent des indices après qu'un automobiliste a volontairement percuté deux motards de la police nationale, le 27 avril 2020 à Colombes, dans les Hauts-de-Seine
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Accusé d'avoir foncé en voiture sur des policiers lundi à Colombes (Hauts-de-Seine), Youssef T. a été mis en examen et écroué vendredi pour "tentative d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste".

Selon des sources concordantes, ce Français de 29 ans animé par une idéologie anti-occidentale et ayant fait allégeance au groupe Etat islamique (EI) assume "totalement son acte" qu'il aurait commis seul.

Après la fin de sa garde à vue et son défèrement au parquet vendredi matin, un juge d'instruction a mis en examen Youssef T. dans l'après-midi avant qu'il ne soit placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet national antiterroriste (Pnat).

Lundi, vers 17H00, au volant d'une BMW, cet homme inconnu des services antiterroristes avait violemment heurté deux motards de la police nationale qui contrôlaient une voiture, les blessant grièvement aux jambes, et a atteint plus légèrement un policier municipal. Les deux motards ont dû être hospitalisés mais leurs jours ne sont pas en danger.

Une lettre d'allégeance à l'EI ainsi qu'un couteau ont été retrouvés dans la voiture du suspect et le Pnat s'est saisi des faits mardi après qu'une expertise psychiatrique du suspect a écarté toute abolition ou altération de son discernement.

Selon un communiqué de ce parquet, le suspect expliquait vouloir se lancer "à corps perdu dans la bataille pour imposer la charia sur l'ensemble de la Terre".

Selon une source proche de l'enquête, on retrouve dans "l'exploitation de ses supports numériques" saisis lors d'une perquisition "un intérêt pour l’Etat islamique ainsi que le terrorisme de manière générale."

- "Très solitaire" -

Selon une autre source proche de l'enquête, "ce n'est pas un profil de déséquilibré" mais celui de quelqu'un de "très solitaire" qui "assume totalement son acte" et se considère comme un "guerrier" qui évite de cibler les "civils".

"Il est porté sur le discours anti-occidental depuis 10 ou 12 ans. Il suit les sujets géopolitiques. Ce n'est pas d'un grand niveau intellectuel mais il suit la situation en Palestine, au Sahel", a ajouté cette source.

"En l'état, il semble avoir agi seul", selon l'une de ces sources. L'enquête préliminaire avait aussi été ouverte pour "association de malfaiteurs terroriste", ce qui laissait entrevoir d'éventuels complices, mais ce chef d'accusation n'a pas été retenu pour l'instant dans l'information judiciaire.

Connu pour des "faits de droit commun anciens", Youssef T. avait fait l'objet d'un rappel à la loi pour outrage à agent en 2014, selon la procureure de Nanterre Catherine Denis, qui a mené les premières investigations avant la saisine du Pnat.

L'homme n'était "pas fiché S" pour radicalisation, selon le parquet antiterroriste. Un homme "tranquille" et sans "problème", ont déclaré ses voisins à l'AFP.

Les investigations sont coordonnées par la brigade criminelle, avec le soutien de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Son avocat, Me Fares Aidel, "ne souhaite pas s'exprimer, (son) client réservant ses réponses à l'institution judiciaire", mais a qualifié d'"erronée" sa "prétendue volonté de se rendre en Syrie dans le passé" évoquée par une source proche de l'enquête et par certains médias.

Après la diffusion sur les réseaux sociaux de photos du suspect en garde à vue, le conseil de Youssef T. a par ailleurs indiqué à l'AFP avoir déposé plainte au parquet de Nanterre pour violation du secret de l'enquête, du droit à la présomption d'innocence et du droit au respect de la vie privée.

Depuis 2015, la France vit sous la menace constante d'attaques jihadistes, qui ont fait 258 morts au total.

Depuis le début de l'année, la justice antiterroriste s'est saisie de deux attaques, dans les deux cas perpétrées par des hommes dont le profil psychiatrique soulève des questions.

Le 3 janvier à Villejuif (Val-de-Marne), un jeune homme converti à l'islam et atteint de troubles psychiatriques avait attaqué au couteau des promeneurs dans un parc, faisant un mort et deux blessés, avant d'être abattu par les policiers.

Le parquet antiterroriste s'est également saisi de l'attaque au couteau du 4 avril à Romans-sur-Isère (Drôme). Ce jour-là, Abdallah Ahmed-Osman, un réfugié soudanais de 33 ans aux déclarations confuses, avait poignardé plusieurs passants, faisant deux morts et cinq blessés.

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