"Pour nos enfants" : paroles de manifestants contre la réforme des retraites

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Par Maxime MAMET, Olivier LUCAZEAU, Riwan MARHIC - Paris (AFP)
Publié le 09 janvier 2020 - 17:17
Mis à jour le 12 janvier 2020 - 13:42
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Manifestation contre la réforme des retraites à Paris le 9 janvier 2020
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© Alain JOCARD / AFP
Manifestation contre la réforme des retraites à Paris le 9 janvier 2020
© Alain JOCARD / AFP

Avocat à Orléans, enseignante de littérature à Créteil, secrétaire administrative à Marseille, violoniste à l'Opéra de Paris ou ingénieur retraité parisien: ils ont battu le pavé jeudi contre la réforme des retraites, inquiets de devoir travailler plus longtemps ou de perdre de l'argent.

"Pour nos enfants et petits-enfants"

Martine, 60 ans, secrétaire administrative à la faculté dentaire de Marseille, manifeste pour la première fois

"Moi je suis surtout là pour nos enfants et nos petits enfants", explique-t-elle timidement. "Mais je suis là pour moi aussi. Je pensais prendre ma retraite dans deux ans mais, avec l'âge pivot, je vais devoir faire deux ans de plus ! Et franchement je me languis de partir !"

Martine s'inquiète pour sa fille de 22 ans, étudiante en droit: "Elle, le problème c'est pas l'âge, elle sait qu'elle devra travailler au delà de 64 ans déjà ! Mais pour quelle retraite ? Avec ce système à points on ne sait pas avec combien on partira ! ", accuse-t-elle. "Et si la pension est calculée sur toute la carrière, qu'est ce qui va rester avec les petits salaires du début ?"

"Un modèle de société hallucinant"

Marianne Lagarde, 52 ans, violoniste parisienne à l'orchestre national de l'Opéra de Paris.

"Moi, vu mon âge, je ne vais presque rien perdre avec cette réforme. Mais c'est un modèle de société hallucinant, où on est obligés de s'assurer avec des fonds privés, en travaillant plus et plus tard. Ça dépasse la défense de notre régime spécial, même si sa disparition signifierait la fin de l'Opéra. Imaginez, si on se casse un doigt, on ne peut plus faire notre métier mais on aura juste 5% d'invalidité. Notre caisse de retraite nous protège contre les maladies professionnelles qui ne sont plus reconnues par la sécurité sociale, c'est un filet de sécurité. Aujourd'hui, on se fait souvent épingler car on a trop d'arrêts maladie, mais au bout d'un moment c'est juste le corps qui lâche. Chez nous, la majorité des gens qui partent en retraite à 62 ans sont déjà au chômage".

"Tant que la réforme ne sera pas retirée"

Marylou Crampette, 25 ans, Nantaise, professeure de SVT au lycée Corneille dans les Yvelines, manifestera "tant que la réforme ne sera pas retirée".

"Nous, les profs, on est les plus touchés, certains pourraient perdre jusqu'à 1.000 euros de retraite par mois. Pour compenser, le gouvernement met en place un système de primes, qui risque de nous mettre en concurrence entre collègues".

"Là, je commence à fatiguer un peu. Je ne suis pas très optimiste. J'aimerais que tous les collègues se mobilisent, dans le public comme dans le privé: on est un million d'enseignants en France, on pourrait se montrer un peu plus".

"Un régime autonome et bénéficiaire"

A Orléans, au milieu d'une soixantaine d'avocats en robe, en grève depuis lundi et jusqu'à vendredi, Me Damien Pinczon-Du Sel, considère que "les avocats sont spécialement impactés par la réforme".

"On a un régime autonome et bénéficiaire. Ils veulent supprimer cette autonomie et récupérer cet excédent. La réforme va doubler les cotisations en dessous de 40.000 euros par an. Tout le monde a le sentiment que l'on est une profession de riches. Certains s'en sortent très bien mais beaucoup de jeunes avocats n'ont pas un revenu de 40.000 euros par an".

"Projet de société néolibérale"

Graciela Villanueva, 61 ans, enseigne la littérature hispano-américaine à l'université de Créteil.

"J'ai fait toutes les manifestations contre la réforme des retraites mais si je suis encore là, c'est aussi pour protester contre le projet de société néolibérale qu'on essaie de nous imposer, où les riches sont toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. Je pense que la mobilisation peut faire bouger".

"Violence et surdité du gouvernement"

Gilles Boehm, ingénieur retraité de 70 ans, Parisien, manifeste à Paris contre un projet qui va "créer une retraite de base faible, pour que ceux qui ont les moyens aillent capitaliser dans un fonds privé. Ce qui me tue, c'est la violence et la surdité du gouvernement. Macron n'a que 40 ans mais je n'ai jamais vu un réactionnaire pareil !"

ric-mam-ol-bow/lum/cbn

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