Première alerte budgétaire pour les Jeux olympiques de Paris-2024

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Par Andréa BAMBINO - Paris (AFP)
Publié le 14 mars 2018 - 20:46
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Première alerte: Un rapport d'experts commandé par le gouvernement pointe des risques de délais non tenus et de surcoûts pour les sites des Jeux olympiques de Paris 2024, laissant planer l'hypothèse de projets redimensionnés pour rester dans les clous.

Une facture qui gonfle considérablement entre le projet de candidature et l'événement, sept ans plus tard, voilà le grand classique à éviter pour les organisateurs des Jeux, l’État et les collectivités locales. Objectif, tenir le budget actuel d'environ 6,8 milliards d'euros, et notamment l'enveloppe publique d'1,5 milliard... ou du moins ne pas trop dépasser ces montants.

Dans cette optique, la "note d'alerte aux ministres", que Le Parisien révèle mercredi et dont l'AFP a eu connaissance, n'est pas rassurante.

Dans ce document intermédiaire du 12 février, les experts de l'Inspection générale des finances (IGF), des Sports (Igjs) et de l'Environnement (Cgedd) évoquent "de réels risques à la fois de non réalisation dans les délais de certains équipements mais aussi de surcoûts importants". Et d'ajouter que des "arbitrages difficiles" sont nécessaires, qui pourraient remettre en cause "des engagements formels pris avec certaines communes".

- "Travail de concertation" -

"Nous allons engager un travail de concertation avec les élus locaux afin d'explorer les nombreuses solutions qui s'offrent à nous", a promis la ministre des Sports Laura Flessel. Pour elle, ce rapport, dont la version définitive sera rendue publique, ne dit pas "+Vous allez dépasser le budget+, mais +voilà ce qu'il faut faire pour tenir le budget+".

"Ce rapport confirme la volonté commune de tous les acteurs du projet de s'engager dans Paris-2024 en conservant une pleine maîtrise budgétaire", a ajouté le Comité Paris-2024, pour qui il s'agit de "trouver des solutions en amont des premiers travaux".

Un projet final doit être remis au Comité international olympique (CIO) en juin.

Premier sujet, le village olympique, qui doit s'élever sur les villes de Saint-Denis, Saint-Ouen et l'île-Saint-Denis, pour loger environ 10.000 athlètes, puis être reconverti en quartier de 3000 logements.

Pour les inspecteurs, le site court "un risque majeur sur les délais", en raison de l'implantation sur place d'un chantier pour le Grand Paris Express, d'une zone de risques archéologiques et de la présence d'un lycée et d'un foyer de travailleurs migrants rendant "incertaine" la libération du terrain.

- Héritage -

En conséquence, la solution la plus réaliste est un réaménagement du projet qui tienne compte de ces difficultés. Au passage, les inspecteurs préconisent de "limiter, voire supprimer" le financement de l'enfouissement de lignes à haute tension près du village, des travaux attendus au niveau local.

Le projet prévoit également une zone olympique sur les communes du Bourget et de Dugny (Seine-Saint-Denis), avec diverses épreuves, un centre des médias et un "village" pour héberger les journalistes du monde entier, et là aussi une reconversion en quartier après les Jeux. Mais "l'emplacement des terrains de volley-ball et badminton se révèle anormalement coûteux", avec un dépassement possible de l'ordre de 50 millions d'euros sur un budget initial déjà élevé (172 millions), précisent les inspecteurs.

Ils remettent aussi en cause l'idée même de construire un village des médias, alors que sa reconversion en quartier d'habitations a été une promesse forte en terme d'"héritage" des Jeux olympiques pour la population.

La perspective fait bondir le président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel. "Nous ne sommes pas dans la République des inspecteurs des finances. Le projet qui a fait le succès de la candidature ne peut pas être dénaturé", a-t-il déclaré à l'AFP. "Le village des médias n'est pas menacé mais il sera sûrement redimensionné", prédit un acteur des JO, sous couvert d'anonymat.

Enfin, un centre aquatique doit voir le jour à Saint-Denis, juste en face du Stade de France: d'une part pour accueillir les épreuves de natation, puis pour la pratique de ce sport, dans un département où un enfant sur deux arrive au collège sans savoir nager, un message souvent mis en avant pendant la candidature par l'équipe de Tony Estanguet, désormais patron de Paris-2024.

Les inspecteurs craignent un "dérapage très important" (250 millions d'euros au lieu de 130) et s'inquiètent des "choix architecturaux du maître d'ouvrage actuel, la Métropole du Grand Paris (MGP)" ainsi que du "déficit d'exploitation prévisible" du centre aquatique après les Jeux. Ils préconisent une maîtrise d'ouvrage confiée à la Solideo, la société publique chargée de superviser les ouvrages olympiques, et non plus à la MGP.

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