Retraités, salariés et fonctionnaires dans la rue contre la politique sociale de Macron

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Par Bertille OSSEY-WOISARD - Paris (AFP)
Publié le 09 octobre 2018 - 06:00
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Grève à l'hôpital psychiatrique Philippe-Pinel d'Amiens, le 24 août 2018
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© Philippe HUGUEN / AFP/Archives
Grève à l'hôpital psychiatrique Philippe-Pinel d'Amiens, le 24 août 2018
© Philippe HUGUEN / AFP/Archives

"On se plaint pas, on se révolte!": plusieurs dizaines de milliers de lycéens, étudiants, salariés, fonctionnaires et retraités ont manifesté mardi partout en France, pour la première fois depuis la rentrée, pour réclamer à Emmanuel Macron une politique "plus sociale".

La journée a rassemblé "presque 300.000 manifestants dans l'ensemble du pays", selon le numéro un de la CGT Philippe Martinez qui a jugé "la mobilisation réussie". Le ministère de l'Intérieur a compté 160.000 manifestants.

A Paris, le défilé a réuni 21.500 personnes, selon les chiffres du cabinet Occurrence pour un collectif de médias. Selon les syndicats, ils étaient 50.000, 11.500 selon la police, à marcher entre Montparnasse et Place d'Italie, avec côte à côté Philippe Martinez et Pascal Pavageau, son homologue de FO.

Parmi les revendications figuraient "les questions de salaires", a déclaré le leader CGT, dénonçant le "tour de passe-passe" du gouvernement "avec l'idée qu'en baissant les cotisations sociales ce serait bon pour le pouvoir d'achat". Son homologue de FO a demandé à l'exécutif de retrouver "le chemin du dialogue et surtout de maintenir le modèle social".

Comme à l'accoutumée depuis 2016, un cortège de tête s'était constitué, formé de jeunes, lycéens, quinquas d'Attac déguisés en gaulois réfractaires.... On comptait aussi 200 à 300 autonomes, de noir vêtus et casques sur la tête, dont certains criaient des slogans anticapitalistes ou "cassez-vous, bande de Benalla !"

Des projectiles ont été brièvement jetés contre les CRS, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. A Paris, un manifestant et un policier ont été blessés et neuf personnes interpellées, 16 dans toute la France.

Par ailleurs, 200 personnes se sont rassemblées en début de soirée, à l'appel de collectifs "anticapitalistes", place de la Contrescarpe à Paris pour un "Benallapéro", en référence à l'ex-collaborateur de l'Elysée présent sur cette même place le jour du défilé du 1er mai.

- "Coup de gueule" -

En région, les cortèges syndicaux ont rassemblé, selon la police, 5.400 personnes à Nantes, 5.300 à Marseille, 4.300 à Lyon, 3.700 à Toulouse, 3.500 au Havre, 3.300 à Lille, 2.500 à Grenoble, 1.500 à Nice, 800 à Dunkerque... Près d'une centaine de manifestations étaient organisées partout en France.

Cette date du 9 octobre avait été choisie par des organisations de retraités pour protester contre la revalorisation de leurs pensions, jugée trop faible, une mesure qui touchera des personnes déjà mises à contribution l'année dernière avec l'augmentation de la CSG. Ce qui explique la forte présence de retraités dans les cortèges.

A Lyon, François Manugal, 65 ans, retraité et ancien technicien, est venu marcher pour protester contre la perte de son pouvoir d'achat. "J'ai perdu 50 euros par mois. On n'arrive plus à joindre les deux bouts", a-t-il témoigné.

A Auch, on pouvait entendre "En lutte pour bien vivre sa retraite et bien se soigner" et à Montpellier, les pancartes affichaient :"Retraités en marche contre Macron".

A Lille, Stéphane Verbeke, gardien d'immeuble et militant CGT, voulait pousser "un coup de gueule sur tout ce qui est en train d'être remis en cause: la destruction de la sécurité sociale, la casse du service public".

- des syndicats divisés -

Les syndicats espèrent d'autres mobilisations afin de peser sur les négociations ou réformes sociales en préparation, comme celles des retraites ou de l'assurance chômage. Mais ils se gardent d'évoquer une nouvelle date.

Les jeunes (Fidl, UNL, Unef) ont aussi manifesté contre "la sélection Parcoursup". Cette première manifestation est "un échauffement", pour Romain, 20 ans, étudiant à Nantes, pour qui "les gens expriment un ras-le-bol face aux interventions d'un président qui les méprise".

De nouveau, les syndicats montrent leur division, la FSU, traditionnelle alliée de la CGT, n'appelant pas à manifester au niveau national, pas plus que la CFDT, la CFE-CGC ou la CFTC.

"Le côté +on se réunit fin août et on fait une mobilisation (en) octobre contre la politique du gouvernement+, ce n'est pas notre conception de l'utilité du syndicalisme et de son efficacité", a critiqué Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT.

La division s'explique aussi par les élections professionnelles de la fin de l'année dans la fonction publique, où la CFDT espère ravir la première place à la CGT.

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