Présidentielle : Baroin renonce sans tambour ni trompette

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Par Claire GALLEN - Paris (AFP)
Publié le 07 octobre 2020 - 17:23
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François Baroin, maire de Troyes, le 30 septembre 2020 à Paris
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© Alain JOCARD / AFP/Archives
François Baroin, maire de Troyes, le 30 septembre 2020 à Paris
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La droite va devoir se trouver un autre champion que François Baroin, qui a discrètement renoncé à la présidentielle, au risque d'aiguiser prématurément les appétits à 20 mois du scrutin.

"Il a manifesté clairement que dans les conditions actuelles il ne s'engageait pas dans la présidentielle", a affirmé à l'AFP le président des Républicains Christian Jacob, alors que L'Opinion assure mercredi que le maire de Troyes fait le tour des grands élus de droite pour leur expliquer les raisons de son renoncement.

"J'ai compris, il l'a pratiquement annoncé d'ailleurs, qu'il ne serait pas candidat", a de son côté affirmé sur France Inter le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.

L'hypothèse d'une candidature, fragilisée ces derniers mois, avait sérieusement pris du plomb dans l'aile en août après un article du Figaro. "Ce n'est pas un scoop, la presse, tout le monde le sait", a souligné M. Jacob.

Mais selon l'Opinion, François Baroin qui avait promis de clarifier "à l'automne" ses intentions, ne s'exprimera pas en public sur le sujet, réservant ses explications aux élus qu'il rencontre.

Plusieurs de ses interlocuteurs récents assurent que le maire de Troyes a notamment expliqué son renoncement par des raisons personnelles. "Il nous a dit, j'ai une femme, un métier, je sais ce que ça va représenter, je ne suis pas prêt à faire ce sacrifice", selon un élu. "Ce n'est pas son combat", a résumé un autre responsable.

Selon deux de ses interlocuteurs, François Baroin aurait aussi exprimé quelques doutes sur le soutien de l'ex-président Nicolas Sarkozy.

"C'est une décision complexe, multifactorielle, il y a aussi des raisons politiques sur l'état du pays, la crise sanitaire..." a affirmé un cadre de LR après l'avoir rencontré.

- "Rassemblement" -

Bien qu'anticipé, ce retrait du candidat favori au sein de la direction de LR en laissait plus d'un mélancolique, alors que la droite cherche à tourner la page des défaites de 2012 et 2017 à la présidentielle.

"Il avait une très forte capacité de rassemblement", a regretté la vice-présidente de l'Assemblée nationale Annie Genevard qui estime important de "se tourner vers l'avenir". "C'est une déception", a affirmé le patron des Centristes Hervé Morin en saluant une démarche "respectable et courageuse".

"Son rôle sera de toute manière capital dans la reconstruction de la droite", a affirmé sur FranceInfo le numéro 3 de LR, Aurélien Pradié.

En l'absence de candidat naturel il va falloir s'entendre sur un autre nom, et pour cela trancher sur le mode de désignation. La primaire est regardée avec méfiance par la direction de LR qui promet un "mode de départage" encore à définir d'ici avril.

Sans attendre, le président ex-LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand a posé des jalons, multipliant cet été les interviews, et déjeunant (pour la première fois depuis son départ en 2017) avec Christian Jacob.

Xavier Bertrand "apparaît clairement comme le seul candidat de droite capable de bousculer le match Macron/Le Pen", a tweeté ce weekend le patron des députés LR Damien Abad.

Pour lui comme pour Valérie Pécresse, autre ex-LR qui dirige l'Ile-de-France, l'avenir est toutefois conditionné à une victoire aux régionales.

Autre candidat potentiel, Bruno Retailleau pousse aussi ses pions: "s'il faut être candidat, je le serai", a-t-il dit mercredi. Se présentant comme "le porte-voix de la droite d'en bas", il a au passage égratigné le parti qui "fait tout pour tuer la primaire" et veut "se passer des militants".

Une sortie sèchement critiquée par Christian Jacob, pour qui "quand on parle des Français d'en bas, c'est qu'on les regarde de haut".

"Un peu d'humilité, de modestie ne nuisent jamais en politique", a-t-il ajouté. "La période n'est pas aux ambitions individuelles", a abondé Aurélien Pradié. Mais à 20 mois de la présidentielle, le vide laissé par François Baroin risque de réveiller les compétitions d'égo souvent fatales à la droite.

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