Procès du Cuba Libre à Rouen : les parties civiles décrivent "l'enfer"

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Par AFP - Rouen
Publié le 13 septembre 2019 - 17:21
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"Des deux bougies d'anniversaire, on est passé aux flammes de l'enfer": vendredi à Rouen les avocats des parties civiles ont commencé à plaider, au cinquième jour du procès des deux ex-gérants du bar rouennais Cuba Libre, où 14 personnes ont péri dans un incendie en 2016.

Les victimes fêtaient les vingt ans d'Ophélie dans le sous-sol de 24 m2 de ce bar aménagé sans autorisation en boîte de nuit, lorsque deux bougies du gâteau d'anniversaire, des fontaines à étincelles, ont enflammé le plafond de l'escalier.

"De la joie, on passe à l'horreur. Des deux bougies d'anniversaire, on est passé aux flammes de l'enfer", a lancé Renaud de Bezenac, avocat de la famille d'Ophélie, qui a succombé dans l'incendie.

Le tribunal juge depuis lundi Nacer et Amirouche Boutrif, deux frères de 40 et 48 ans, pour "avoir involontairement causé la mort" de 14 personnes, mortes asphyxiées, et en involontairement blessé cinq autres grièvement, dans l'incendie de leur établissement, dans la nuit du 5 au 6 août 2016.

Ils sont poursuivis pour de nombreux manquements à la sécurité, notamment pour avoir laissée verrouillée l'unique porte de secours du sous-sol, sous-sol dont les plafonds étaient recouverts de plaques de mousse en polyuréthane insonorisante, matière extrêmement inflammable.

"La famille est atterrée, elle ne comprendra jamais pourquoi cette porte était verrouillée. Les frères Boutrif ont verrouillé la porte de l'existence de ces quatorze jeunes", a plaidé Me de Bezenac, évoquant la douleur de la famille.

"Avec l'issue de secours fermée, c'était clairement un piège", a témoigné mardi Anthony Le Corre, un des pompiers entrés dans la cave du bar où les victimes ont été retrouvées.

- "Autel mortifère" -

Durant la semaine, le tribunal a entendu plusieurs témoignages, dont ceux des trois survivants présents dans le sous-sol ce soir-là.

"J'ai essayé d'éteindre le feu avec ma chemise (...) mais c'était impossible, déjà, la moitié de l'escalier était en feu. Tout le monde courait à l'intérieur, en bas, c'était la panique", a ainsi expliqué Gauthier, 20 ans au moment des faits.

"Dans ce dossier, on ne peut pas dire, c'est la faute à pas de chance. Ce n'est pas le hasard. Les 14 décès sont dus à une succession de fautes toutes aussi coupables les unes que les autres. Une accumulation de fautes comme cela, ça ne peut être que volontaire", a estimé vendredi Rose-Marie Capitaine, avocate des familles de Florian, Donatien et Mavrick, tous trois décédés dans l'incendie.

"La porte de secours étaient systématiquement fermée. On a fait d'une cave de danse un autel mortifère", a-t-elle considéré.

Blandine Lejeune, avocate de la famille de Sarah, celle qui portait le gâteau avec les bougies, décédée aussi dans l'incendie, évoque "un foyer meurtri". "Cet incendie n'est pas un accident de la vie. Sarah a été arrachée à la vie dans des conditions abominables", a-t-elle dit.

Les deux frères, aux casiers judiciaires vierges, sont soupçonnés d'avoir commis une kyrielle de "violations manifestement délibérées d'une obligation de sécurité ou de prudence".

Ils encourent cinq ans d'emprisonnement et 76.500 euros d'amende. Le procès, qui a lieu au tribunal correctionnel, doit se terminer mardi.

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