Procès Merah : un policier suscite la polémique en reprenant la thèse du "loup solitaire"

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 04 octobre 2017 - 18:02
Image
Abdelkader Merah dessiné lors de sa comparution devant la cour d'assises de Paris, le 3 octobre 2017
Crédits
© Benoit PEYRUCQ / AFP
Abdelkader Merah est accusé par la justice d'avoir "sciemment" facilité la préparation des assassinats de trois militaires ainsi que de trois enfants et un enseignant juifs à Toulouse et Montauban en aidant son frère à dérober le scooter des tueries.
© Benoit PEYRUCQ / AFP

Le récit de la traque de Mohamed Merah, entamé mardi par un commissaire qui a suscité l'émoi en reprenant la thèse du "loup solitaire", alors que le frère du "tueur au scooter" est jugé pour "complicité", s'est poursuivi mercredi devant la cour d'assises de Paris.

Abdelkader Merah est accusé d'avoir "sciemment" facilité la préparation des assassinats de trois militaires, trois enfants et un enseignant juifs à Toulouse et Montauban, en aidant notamment son frère à dérober le scooter utilisé lors des tueries.

Il comparaît aux côtés de Fettah Malki, 34 ans, un ami délinquant de Mohamed Merah accusé d'avoir fourni un gilet pare-balles et un pistolet-mitrailleur pour perpétrer les crimes en mars 2012.

Invités mercredi à s'exprimer sur les faits qui leur sont reprochés, les accusés les ont contestés, Abdelkader Merah, 35 ans, affirmant que s'il était bien "présent" lors du vol du scooter par son frère, il n'y avait "pas participé".

La surprise est surtout venue de l'intervention du premier policier appelé à la barre pour raconter la traque du tueur, abattu le 22 mars dans son appartement par des policiers d'élite du RAID.

Ce policier a repris mardi soir à son compte la thèse de l'action d'un "loup solitaire", développée à l'époque par les autorités pour justifier les difficultés de l'enquête et qui a, depuis, été remise en cause, notamment par les magistrats instructeurs.

"Merah a choisi seul ses cibles, a fait seul ses repérages et commis seul ses crimes", a expliqué le commissaire Eric Voulleminot, ex-sous-directeur chargé de la lutte contre le terrorisme à la Direction centrale de la police judiciaire, seul policier à avoir accepté de témoigner sans réclamer l'anonymat.

- Colère de l'avocate générale -

"Vous vous rendez compte que votre témoignage peut conduire à un probable acquittement des accusés", lui a lancé Me Jean Tamalet, représentant une partie civile.

"Nous pensons qu'un loup solitaire peut avoir été aidé notamment dans sa formation et sa préparation, mais en l'espèce Mohamed Merah a bien agi seul au moment où il a perpétré les meurtres, pour le repérage et le ciblage des victimes", a insisté le policier, provoquant la colère de l'avocate générale.

"Je suis choquée. Vous nous faites un long résumé détaillé de votre enquête et vous oubliez un fait majeur: la revendication laissée par Merah où il fait allégeance à Al-Qaïda", a souligné la magistrate Naïma Rudloff.

Les attaques ont été revendiquées par le groupe jihadiste Jund al Khalifat, affilié à Al-Qaïda, que Mohamed Merah avait rencontré lors d'un voyage dans les zones tribales du Pakistan.

Mercredi après-midi, un enquêteur de la PJ a exprimé un avis contraire: "Oui, Merah était seul quand il a appuyé sur la détente mais l'enquête a déterminé qu'il y avait des complicités".

En fin de journée, le témoignage anonymisé de deux policiers qui s'étaient exprimés sur l'affaire dans les médias a provoqué une vive réaction des avocats qui ont souhaité que cette protection, prévue par la loi pour raisons de sécurité, ne soit plus accordée dans des cas similaires.

Apparaissant à contre-jour sur les écrans de la salle d'audience, l'un d'eux a expliqué comment son équipe était parvenue à identifier Mohamed Merah après avoir évacué plusieurs hypothèses.

Le premier assassinat de Merah, celui d'un militaire qui précisait sa qualité dans la petite annonce qu'il avait passée pour vendre sa moto, pouvait être un règlement de compte. Celui des deux militaires de Montauban a orienté l'enquête vers la thèse d'un déséquilibré, d'un militaire évincé de l'armée ou vers l'extrême droite, les victimes étant maghrébine ou antillaise. Ceci avant que les assassinats de l'école juive ne changent la donne.

Regroupés en ateliers de recherche sur les armes utilisées, la vidéosurveillance, le scooter ou encore les connexions à la petite annonce, les policiers ont vu apparaître à deux reprises le nom des Merah, dont les deux enfants étaient fichés pour radicalité : d'une part pour des consultations de l'annonce, d'autre part dans la fréquentation d'un magasin de moto. Les arrestations ont été alors programmées.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.