Procès Merah : verdict attendu jeudi face à deux versions opposées

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Par AFP
Publié le 02 novembre 2017 - 05:24
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Mentor religieux dissimulateur ayant téléguidé sept assassinats ou bouc-émissaire expiatoire des crimes de son frère? La cour d'assises de Paris dira ce jeudi si Abdelkader Merah est complice ou non des attentats perpétrés en mars 2012 à Toulouse et Montauban.

Après cinq semaines d'audiences sous haute tension, marquées par les témoignages poignants de proches de victimes du jeune jihadiste Mohamed Merah, ce jugement est très attendu dans le contexte d'une menace terroriste persistante depuis la vague d'attentats sans précédent ayant frappé la France.

L'avocate générale, Naïma Rudloff, a réclamé les peines maximales encourues en appelant la cour à donner "une leçon de démocratie" en démasquant le "nouveau visage" du terrorisme. Celui qui entend "répandre l'islam par l'intimidation et la terreur" à travers "une idéologie totalitaire maquillée de religiosité".

"Face à la menace terroriste, nous avons tant de vies à sauver", a-t-elle lancé.

Contre Abdelkader Merah, elle a requis la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans et contre le second accusé, Fettah Malki, 20 ans de réclusion criminelle assortie d'une peine de sûreté des deux-tiers.

La défense de Abdelkader Merah a plaidé l'acquittement, demandant à la cour de juger "dans le respect du droit" et en constatant "l'absence de preuve" des assertions de l'accusation.

Les avocats de Fettah Malki ont également demandé à ce que leur client soit jugé pour ce qu'il est et ce qu'il a fait et pas pour "une potentialité terroriste" avancée sans preuve par l'avocate générale.

- 'Avez-vous apporté la preuve?'

Abdelkader Merah, 35 ans, est accusé d'avoir "sciemment" facilité "la préparation" des crimes de son frère en l'aidant à dérober un scooter et à acheter un blouson utilisés lors des tueries. Il est également accusé d'avoir participé "à un groupement criminel affilié à Al-Qaïda".

La justice reproche à Fettah Malki, qui vient d'avoir 35 ans, d'avoir fourni à Mohamed Merah un gilet pare-balles et un pistolet-mitrailleur.

Entre le 11 et le 19 mars 2012, Mohamed Merah a assassiné sept personnes à Toulouse et Montauban, avant d'être abattu le 22 mars par les forces d'élite de la police.

L'avocate générale a souligné que les sept victimes du tueur au scooter ont été choisies "parce qu'elles représentaient des symboles": "celui de l’État français", pour les trois militaires et "celui de l'ennemi juif", pour l'enseignant et les trois enfants tués à l'école Ozar Hatorah de Toulouse.

"Mohamed Merah a tiré à 29 reprises sur des cibles humaines sur trois scènes de crime. Je ne connais aucun homme, même aussi amoral, capable de faire cela sans une légitimation de ses actes", a-t-elle expliqué.

"Et ce n'est pas un émir du Waziristan (zones tribales du Pakistan où Mohamed Merah a été adoubé par un groupe affilié à Al-Qaïda, ndlr) qui a pu impulser cette légitimation. Autour de lui, il n'y avait qu'un seul homme capable de le faire: son frère", a-t-elle tranché. "Abdelkader a fabriqué Mohamed Merah", a-t-elle résumé.

Sur Fettah Malki, décrit comme "sans loi, sans foi, sans morale", elle a estimé que le délinquant avait vendu l'arme et le gilet pare-balles à Merah en connaissant sa radicalisation.

"Avez-vous apporté la preuve qu'il était au courant des intentions criminelles de Merah ? Non. Mon client n'appartient pas à ce monde-là", a répliqué l'un des avocats de Malki, Edouard Martial.

"J'affirme que si Abdelkader Merah est ici, c'est parce que son frère est mort et que si Mohamed Merah avait été vivant, il serait seul dans le box", a résumé de son côté l'un des avocats du principal accusé, Me Eric Dupond-Moretti.

"Si vous condamnez Abdelkader Merah, vous aurez jugé sans doute mais vous n'aurez pas rendu justice. La justice sera morte ou bien gravement blessée car nous nous serons couchés", a-t-il ajouté.

L'avocat avait auparavant mis en garde la cour contre deux écueils à la sérénité de leur jugement: "le chagrin des victimes qui emporte tout sur son passage" et "l'opinion publique, cette prostituée qui tire le juge par la manche".

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