Professeur décapité : le monde enseignant réfléchit aux réponses à apporter

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Par Isabelle TOURNÉ - Paris (AFP)
Publié le 17 octobre 2020 - 20:06
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Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, le 17 octobre 2020 à Paris
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© ABDULMONAM EASSA / AFP
Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, le 17 octobre 2020 à Paris
© ABDULMONAM EASSA / AFP

Après l'effroi provoqué par la décapitation d'un professeur, le monde enseignant veut se mobiliser pour répondre dans les classes, dès la rentrée, à l'acte "ignoble et lâche" dénoncé par Jean-Michel Blanquer, en défendant les valeurs de laïcité et la liberté d'expression.

L'Elysée l'a déjà annoncé, un "hommage national" sera rendu à Samuel Paty, l'enseignant assassiné vendredi à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves.

Sans l'attendre, des centaines de personnes se sont déjà réunies samedi à Rennes ou Nice et plusieurs associations et organisations syndicales ont appelé à des rassemblements dimanche à Paris et en province.

Le ministre a de son côté indiqué samedi qu'il préparerait, en lien avec les ministères de l'Intérieur et de la Justice, les organisations d'enseignants et de parents d'élèves, un "cadrage national strict, puissant et fort" pour aborder cet attentat avec les élèves à la rentrée des vacances de la Toussaint, le 2 novembre.

Une minute de silence devrait notamment être prévue.

Mais M. Blanquer entend aussi porter un message d'"unité" et de "fierté des valeurs de la République : la liberté, l'égalité, la fraternité ainsi que la laïcité".

Dans un message vidéo à "tous les professeurs de France", il a déclaré que l'enseignant "a été assassiné pour avoir donné un cours qui avait un lien avec un pilier de la démocratie: la liberté d'expression (...) C'est une attaque contre la République", a-t-il insisté.

La question de la liberté d'expression est au cœur des programmes d'éducation morale et civique (EMC). Les liens avec les programmes d'histoire, notamment celui de 4e, sont nombreux.

Dans ce cadre, "un professeur est en droit de montrer des caricatures d'autant plus si ça s'accompagne d'un travail pédagogique", a insisté M. Blanquer.

Particulièrement choqués par l'assassinat du professeur, les syndicats enseignants ont tous exprimé leur émotion après une telle "horreur". Reçus samedi matin par Jean-Michel Blanquer en présence du Premier ministre Jean-Castex, ils ont unanimement salué l'appel du gouvernement à l'"unité".

- "Valeurs cardinales" -

Il a été rappelé qu'il s'agit d'"une attaque contre la République, contre l'école dans son rôle d’éducation de tous les enfants", a souligné Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CDFT.

"Il faut réagir avec gravité mais aussi sérénité. Il ne faut rien lâcher au fanatisme, ne pas céder à la peur, c'est à cela qu'on va travailler", a estimé Benoît Teste, secrétaire général de la FSU.

L'attentat ayant été commis la veille des vacances de la Toussaint, les syndicats ont deux semaines pour réfléchir, en lien avec le ministère, à des propositions pour mettre en avant à la rentrée "les valeurs de la République".

Pendant les congés, les familles pourraient aussi avoir un rôle à jouer.

"En raison des vacances, cela va être compliqué pour l'école de faire le lien avec les élèves", explique Cécile Frattaroli, porte-parole de la Peep, qui a échangé samedi avec le ministre comme les autres fédérations de parents d'élèves.

Dès le 2 novembre, il faudra promouvoir dans les classes "la liberté d'expression et la laïcité mais aussi parler des réseaux sociaux et de leurs limites", a-t-elle ajouté.

Une allusion à la vidéo publié sur les réseaux sociaux par un père d'élève, actuellement en garde à vue, qui avait qualifié le professeur de "voyou" ne devant "plus éduquer nos enfants".

"Il y a une volonté commune d'affirmer que la liberté d'expression, la laïcité, le droit au blasphème sont des valeurs cardinales de notre pays", s'est pour sa part félicité Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE, première fédération de parents d'élèves.

Plaidant pour un travail des enseignants à la rentrée "autour de tout ce qui s'est passé", il a aussi proposé de faire du 16 octobre une journée "pour la liberté d'expression".

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