Recours au 49-3 : les syndicats lancés dans une riposte de longue haleine

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Par Bertille OSSEY-WOISARD - Paris (AFP)
Publié le 02 mars 2020 - 19:51
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Manifestation de l'intersyndicale le 10 décembre 2019 à Paris contre la réforme des retraites
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© Bertrand GUAY / AFP/Archives
Manifestation de l'intersyndicale le 10 décembre 2019 à Paris contre la réforme des retraites
© Bertrand GUAY / AFP/Archives

Furieux du recours au 49-3, les syndicats organisent la riposte: les opposants à la réforme des retraites descendent dans la rue dès lundi et surtout mardi, quand la CFDT poursuit sans grande illusion les tractations avec les parlementaires.

Mobilisés depuis le 5 décembre, les opposants se sont réunis dans la matinée pour décider d'une date avant la 11e journée interprofessionnelle nationale, prévue le 31 mars.

A l'issue de cette intersyndicale, la CGT, Force ouvrière, la FSU et Solidaires, les organisations de lycéens Fidl, MNL, UNL et d'étudiants Unef ont appelé à des rassemblements "partout localement" dès lundi. Au total, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées, notamment à Paris, Nantes ou Montpellier, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Mardi, elles prévoient des manifestations devant les préfectures, les sous-préfectures et appellent aussi à la grève. A Paris, rendez-vous a été donné à 13H30 à République pour rallier la place de la Concorde.

Ce jour-là doivent être débattues à l'Assemblée nationale deux motions de censure séparées de l'opposition, déposées dès l'annonce samedi par Edouard Philippe du recours au 49-3. Cet article de la Constitution permet au Premier ministre d'engager la responsabilité du gouvernement devant les députés sur la réforme des retraites, pour la faire adopter sans vote.

Déjà très critiques samedi, les syndicats ont continué lundi à dénoncer cette procédure, qui "démontre", selon l'intersyndicale, "l'impuissance du gouvernement à répondre aux interrogations sérieuses et légitimes des parlementaires à propos de ce projet incomplet, très approximatif, aux multiples inconnues".

L'ancien président François Hollande leur a donné raison, dénonçant sur RTL un recours au 49-3 qui "crée une frustration, une colère de plus".

Pour autant, exténuée par 10 journées interprofessionnelles, l'intersyndicale n'a pas convenu d'un nouvel appel interprofessionnel national mardi.

"On a été réalistes, ça aurait été impossible en termes de dépôt des préavis de grève", a expliqué Eric Beynel, porte-parole de Solidaires.

- "Continuer à faire pression" -

La CFE-CGC, qui a participé à quelques unes des journées interprofessionnelles depuis le 5 décembre, ne sera pas de la partie mardi. Mais elle cosigne le communiqué de l'intersyndicale et son analyse sur le 49-3: "Une violence institutionnelle", selon François Hommeril, le président du syndicat des cadres.

Continuant de qualifier cette réforme, promesse de campagne d'Emmanuel Macron, de "pire idée du quinquennat", Yves Veyrier, le numéro un de FO, réclame de "stopper le processus parlementaire" car l'"urgence" est à la crise sanitaire liée au coronavirus.

La CFDT aussi multiplie les piques et affûte ses armes.

Mais Laurent Berger n'a pas beaucoup d'illusion. "Ce texte tel qu'il est, même s'il a été enrichi, n'est pas conforme aux enjeux de justice sociale que porte la CFDT", a-t-il estimé lundi sur Europe 1. Réclamant depuis des années un système de retraite universel par points, il s'est désolidarisé ces dernières semaines du projet du gouvernement.

"Nous allons continuer à nous battre pour que ce texte soit enrichi. Ça veut dire qu'il faut aller au Sénat, continuer de faire pression auprès du gouvernement, mettre face à ses responsabilités le Medef qui ne veut pas d'un dispositif de réparation sur la pénibilité, alors que d'autres organisations patronales sont plutôt ouvertes sur le sujet", a détaillé le responsable du premier syndicat français.

Même programme pour la CFTC, également favorable à un système universel par points mais pas dans la mouture actuelle.

"Les occasions d'enrichir le texte dans le sens d'une plus grande équité ne manqueront pas", espère la confédération, qui table elle aussi sur des "occasions" au Sénat.

"Pour autant, beaucoup reste à faire pour rendre le texte acceptable, notamment en matière de reconnaissance de la pénibilité et de prise en compte des carrières longues", ajoute la CFTC.

La confédération compte également sur la conférence de financement qui doit émettre des propositions fin avril pour équilibrer le système.

Mais cette dernière a du plomb dans l'aile: FO a annoncé en fin de journée son départ, estimant que la conférence de financement "ne permet pas de garantir la liberté de négociation". La CGT menace aussi d'en sortir.

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