Réforme du rail : négociations sur la convention collective, grève en vue en juillet

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Par Elisabeth ROLLAND - Paris (AFP)
Publié le 15 juin 2018 - 06:01
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Après l'adoption de la réforme ferroviaire par le Parlement, les acteurs du rail s'attellent vendredi à la convention collective nationale du secteur au moment où l'union syndicale se désagrège avec l'annonce unilatérale de la poursuite du mouvement en juillet par la CGT.

Écornant sérieusement l'unité syndicale encore réaffirmée mercredi, le patron de la CGT Cheminots a annoncé tôt vendredi que son syndicat prolongerait en juillet son appel à la grève, soit au delà de la dernière journée de mobilisation prévue, le 28 juin.

"Pour combien de temps? On verra. Comment? On verra. Il n'est pas question de s'arrêter au calendrier, puisque le gouvernement souhaite passer en force", a déclaré Laurent Brun, secrétaire général du premier syndicat de la SNCF sur franceinfo, quelques heures avant une table ronde tripartite entre les syndicats, l'Union des transports publics et ferroviaires (le patronat), et le gouvernement.

Il s'est immédiatement attiré les critiques de ses partenaires. "Est-ce qu'en réalité on a encore une intersyndicale si chacun fait ses annonces tout seul? On va y réfléchir", a prévenu Roger Dillenseger (Unsa), tandis que Didier Aubert (CFDT) se résignait à observer qu'en "fin de conflit (...) chacun essaie de jouer sa partition".

A l'issue d'une interfédérale mercredi, les quatre syndicats représentatifs (CGT, Unsa, SUD, CFDT) avaient décidé selon lui de se "revoir lundi pour analyser les résultats de la réunion tripartite" prévue vendredi à 14H00.

Du côté de SUD Rail, on regrette aussi une sortie unilatérale de la CGT. Mais contrairement à l'Unsa et la CFDT, ce syndicat était déjà d'accord pour poursuivre la mobilisation au delà du 28 juin. Pour son secrétaire fédéral, Erik Meyer, elle ne peut cependant passer par une grève reconductible ou un calendrier similaire à celui des trois derniers mois. Il a évoqué des dates "très +impactantes+" ou "qui feraient sens".

- "Ultime table ronde" -

Dans l'immédiat, la réunion de vendredi au ministère des Transports, à la demande de l'intersyndicale, doit permettre, selon le ministère, de "faire un état des lieux, relancer le processus et échanger sur les thèmes et le calendrier des négociations".

Mais après deux mois et demi de conflit, l'enjeu est crucial: le cadre social qui s'appliquera à partir du 1er janvier 2020 aux salariés de toutes les entreprises du secteur ferroviaire, à l'exception des personnels SNCF embauchés avant cette date sous le statut de cheminot.

Les syndicats veulent y voir la première d'une série de rencontres où le gouvernement jouerait "un rôle central" et prendrait "des engagements forts". Faute de quoi, avait-ils prévenu, la grève continuera au-delà du 28 juin. Mais Élisabeth Borne a déjà annoncé qu'il s'agirait d'une "ultime table ronde tripartite" et que l'État s'y rendrait "non pas en tant que négociateur mais en tant qu'observateur attentif du bon déroulement" des discussions.

Tous, de la ministre aux syndicats en passant par le patronat, ont dit souhaiter une convention de "haut niveau". L'UTP s'y était engagée fin mai, tout en prévenant qu'elle refusait de calquer la convention sur le statut des cheminots SNCF. Elle avait promis "un cadre social de branche moderne, assurant un haut niveau de protection pour les salariés".

"On sera peut-être amenés à prendre, devant les organisations syndicales, des engagements supplémentaires", a concédé à l'AFP Benoît Juéry, directeur du département des affaires sociales de l'UTP.

Lancées en 2013, les négociations pour créer cette convention doivent être bouclées dans 18 mois. Plusieurs accords ont déjà été conclus, notamment sur la formation professionnelle ou l'organisation du travail. Mais il reste de gros morceaux à négocier: les classifications et rémunérations, les garanties collectives (la prévoyance) et le droit syndical, ainsi que de nouveaux points apparus avec la réforme ferroviaire.

Il faudra "rassurer", "répondre à certaines problématiques, notamment le manque de visibilité qu'auront certains salariés de la SNCF sur le déroulement de leur carrière et leur parcours professionnel" en cas de transfert vers des entreprises privées après l'ouverture à la concurrence, a souligné M. Juéry.

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