Réformes sociales : syndicats et patronat en quête d'explications à Matignon

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Par Déborah CLAUDE - Paris (AFP)
Publié le 29 août 2018 - 06:00
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Le Premier ministre Edouard Philippe à l'Assemblée le 21 juillet 2018
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© GERARD JULIEN / AFP
Le Premier ministre Edouard Philippe à l'Assemblée le 21 juillet 2018
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Les partenaires sociaux ont commencé mercredi de rencontrer le Premier ministre Edouard Philippe pour discuter des chantiers potentiellement explosifs de l'automne, la CGT et la CFTC s'inquiétant de la volonté du gouvernement de réellement concerter.

Alors que le chômage ne reflue presque pas - 9,1% au deuxième trimestre - et en plein milieu d'annonces budgétaires qui suscitent du mécontentement, toutes les organisations de salariés et d'employeurs seront reçues d'ici le début de la semaine prochaine.

Mi-juillet, le président Emmanuel Macron, souvent accusé de contourner les corps intermédiaires, avait réuni leurs représentants tous ensemble pour leur exposer la suite des réformes.

Premier à être reçu, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez n'a pas caché son mécontentement dans la cour de Matignon: "Rien n'a changé! On nous convoque pour nous expliquer ce qu'on va faire cette année (...) et puis on nous dit +de toute façon on fera ce qu'on voudra+".

Au passage, il a indiqué que la CGT rencontrerait d'autres organisations jeudi soir, répondant à l'invitation lancée par FO fin juin après la première journée d'action commune CGT/FO. La CFDT a elle décliné l'invitation, a-t-elle indiqué, interrogée par l'AFP.

M. Martinez a par ailleurs dit refuser de servir de "faire-valoir" au gouvernement.

Clin d'oeil à la déclaration du chef de l'Etat qui a évoqué depuis le Danemark "des Gaulois réfractaires au changement", Philippe Louis (CFTC) a répondu: "on est réfractaire quand on nous impose des choses. A partir du moment où c'est dans la concertation, où on est écouté, où nos lignes rouges sont respectées, le changement est possible".

Jeudi matin, Edouard Philippe recevra deux nouveaux venus dans le paysage économique et social: le successeur de Pierre Gattaz à la tête du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, mais aussi Pascal Pavageau, qui a succédé à Jean-Claude Mailly à la tête de Force ouvrière. Il s'entretiendra également avec François Hommeril (CFE-CGC), Alain Griset (U2P, artisans, commerçants et professions libérales) et Christiane Lambert (FNSEA), ainsi que François Asselin (CPME) et Eric Beynel (Solidaires) vendredi.

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, et Luc Bérille (Unsa) seront reçus mardi.

Les discussions portent officiellement sur la réforme de l'assurance chômage, puisqu'à la surprise générale, Emmanuel Macron a demandé que ce sujet soit rouvert et que soient révisées les règles d'indemnisation des demandeurs d'emploi.

Pourtant, la loi "avenir professionnel" adoptée par le Parlement cet été comprend un volet sur l'assurance chômage. Mais la réforme n'était pas "systémique" et appelait des mesures plus profondes, a défendu Muriel Pénicaud, la ministre du Travail.

- Arrêts maladie en hausse -

Le gouvernement assure que si la négociation n'aboutit pas sur l'instauration d'un bonus-malus pénalisant les entreprises qui abusent des contrats précaires, il le mettra en place. Cette menace plane sur le patronat, hérissé par la mesure, depuis le début du quinquennat puisqu'il s'agit d'une promesse du candidat Macron.

Autre sujet de discussion : la santé au travail, thème sur lequel les partenaires sociaux pourraient négocier dans les prochaines semaines, et "l'organisation du système d'indemnisation des arrêts maladie".

S'il a écarté l'idée, combattue par le patronat, d'un "transfert brutal" du financement des arrêts de courte durée de la Sécurité sociale vers les entreprises, Edouard Philippe souhaite que les partenaires sociaux trouvent des solutions pour que l'absentéisme cesse d'augmenter.

Muriel Pénicaud, présente à Matignon avec la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, avait pris la plume pour dénoncer ce projet susceptible "de mettre un coup d'arrêt net à la perception d'un gouvernement +pro-business+".

Comme on pouvait s'y attendre, les annonces budgétaires se sont aussi invitées dans le bureau d'Edouard Philippe. Philippe Martinez a fustigé des "cadeaux faits au Medef" et a moqué l'envoi aux organisations samedi, "dans la précipitation", d'un courrier "plein de fautes d'orthographe" juste avant que le Premier ministre ne dévoile les grands arbitrages de la rentrée dans le Journal du dimanche.

"La non revalorisation des pensions des retraités, la non revalorisation des allocations familiales, on l'a en travers de la gorge, parce que tout ça c'est du pouvoir d'achat réel des Français qui sont les plus démunis", a protesté pour sa part Philippe Louis.

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