Réhabilitation de Pouvanaa : la Polynésie soulagée

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Par AFP - Papeete
Publié le 26 octobre 2018 - 08:39
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Au lendemain de l’annulation de la condamnation en 1959 du leader autonomiste Pouvanaa a Oopa, les Polynésiens ont salué la décision de la Cour de révision des condamnations pénales, a constaté un journaliste de l’AFP.

Considéré comme le "père de l'autonomie et du nationalisme polynésien", le député avait été accusé de vouloir incendier Papeete. Il avait été condamné le 21 octobre 1959 à huit ans de prison et à quinze ans d'exil pour complicité de destruction volontaire et détention d'armes, une condamnation "politique" pour ses partisans. Il avait été gracié par le Général De Gaulle en 1968.

Le Metua (un surnom tahitien qui peut se traduire par guide ou père), mort en 1977, avait toujours clamé son innocence. Ce combat pour la réhabilitation a été poursuivi par ses descendants.

La Cour de révision et de réexamen avait été saisie en juin 2014 d'une requête de la garde des Sceaux d'alors, Christiane Taubira. Elle répondait à une demande de l'Assemblée de Polynésie, qui avait voté à l'unanimité une motion en ce sens.

Estimant qu'il "existe des faits nouveaux et éléments inconnus de la juridiction lors du procès de nature à créer un doute sur la culpabilité de Pouvanaa A Oopa", la Cour de révision a annulé sa condamnation.

"Je suis soulagé, content, je ne dors pas depuis hier soir, il y a beaucoup de larmes, je pense à tous ceux qui sont morts et qui ont œuvré pour sa mémoire", a déclaré à l’AFP Sandro Stephenson, le petit-fils de Pouvanaa a Oopa.

"Ce combat était devenu celui de l’ensemble des Polynésiens tant les faits historiques rapportés ces dernières années ont suffi à démontrer l’injustice commise", a réagi le président de la Polynésie Edouard Fritch.

Jean-Marc Regnault est l’historien dont les travaux ont conduit à cette révision. Il a ressenti "une joie immense" à l’annonce de l’annulation de la condamnation, mais considère aussi que "la Cour n'a pas mis en cause de façon claire et nette le rôle de l'Etat et des responsables politiques locaux et nationaux".

Les proches de Pouvanaa estiment qu’il a été écarté de la vie politique pour permettre à la France d’installer le Centre d’Expérimentation du Pacifique en Polynésie. Cent quatre-vingt treize essais nucléaires y ont été réalisés entre 1966 et 1996.

"Aux yeux des Polynésiens, Pouvanaa n’avait jamais été coupable mais victime de la raison d’Etat : une erreur judiciaire est enfin réparée", a réagi le député indépendantiste Moetai Brotherson.

Pour l’ancien sénateur Richard Tuheiava, également indépendantiste, "ce n’est pas l’Etat qui est à l’origine de l’honneur lavé, c’est l’Etat par contre qui est à l’origine de son arrestation".

Son parti, le Tavini d’Oscar Temaru, revendique sa filiation politique avec le Metua. Certains de ses militants, comme l’intellectuel Steve Chailloux, ont toutefois regretté "l’amnésie" du peuple polynésien. Un peuple qui oublie selon lui que Pouvanaa a été "la victime du colonialisme nucléaire français".

"Sa volonté, c’était qu’il soit innocenté, et qu’ensuite on referme le dossier", a rappelé Sandro Stephenson à propos de son grand-père. "Mais on aimerait maintenant que cette histoire figure dans les programmes scolaires, pour transmettre son héritage" a-t-il conclu.

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