Résistant aux raticides et plein de parasites : le profil du rat des villes

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 24 octobre 2017 - 20:38
Image
Deux rats photographiés le 15 juin 2017 à Francfort
Crédits
© Boris Roessler / dpa/AFP
Deux rats photographiés le 15 juin 2017 à Francfort
© Boris Roessler / dpa/AFP

Une étude menée sur une population de rats bruns d'un parc de la région parisienne démontre que plus de la moitié sont génétiquement résistants aux raticides et qu'ils sont porteurs en outre de nombreux parasites dont certains sont transmissibles à l'homme.

Des chercheurs français ont souhaité en savoir plus sur le rat des villes, animal nuisible très prolifique même si certains dessins animés l'ont présenté de façon fort sympathique.

Ils se sont intéressés aux rats surmulots (Rattus norvegicus) du parc départemental de Chanteraines qui s'étend sur 82 hectares dans les Hauts-de-Seine.

Il a d'abord fallu les capturer. "C'est très compliqué d'attraper des rats vivants dans les villes car ils ont beaucoup de ressources, donc ils ne s'intéressent pas forcément aux pièges" et de plus ils sont méfiants, indique mardi Gwenaël Vourc'h de l'Inra, chercheuse à l'Institut national de la recherche agronomique.

Finalement les scientifiques sont parvenus à prendre 86 rats, des deux sexes et de tout âge. Les surmulots ont été euthanasiés pour permettre leur examen.

Alors que le règlement intérieur du parc interdit l'utilisation de raticides, les scientifiques ont mis en évidence des résidus de ces produits dans le foie de la moitié des rats (48%), selon l'étude publiée dans PlosOne.

Et 56% des rats se sont révélés génétiquement résistants aux raticides couramment utilisés pour contrôler les populations de rongeurs, poursuit l'étude menée par des chercheurs de l'Inra, de VetAgro Sup et de l'Institut Pasteur.

"Ces éléments laissent notamment supposer que des rats rejoignent le parc depuis l'extérieur où ils ont pu consommer des raticides", souligne l'Inra.

Très adaptable, le rat est également un vecteur potentiel de nombreuses maladies.

Les chercheurs ont identifié 16 genres parasitaires différents chez les rats examinés: "huit espèces de vers, trois espèces de puces, un protozoaire et quatre genres bactériens", égrène l'Inra.

La grande majorité des rats (88%) abritent au moins deux parasites.

Sept parasites sont potentiellement responsables de maladies chez l'homme et les animaux. Les chercheurs ont notamment identifié le ver plat Hymenolepis diminuta (ténia du rat), la bactérie Francisella tularensis (agent de la tularémie) ou encore des bactéries du genre Leptospira responsables de la leptospirose et dont le rat est le principal réservoir.

Ce qui pose "la question de la potentielle transmission de ces maladies aux personnes - notamment aux enfants - et aux animaux qui fréquentent ce parc", relève la chercheuse spécialiste des maladies animales.

Les scientifiques ont en outre observé une grande diversité génétique chez ces rats. Cela démontre l'existence de connexions spatiales et d'échanges génétiques entre différentes populations de rats au-delà des limites du parc et du périmètre de dispersion fréquemment admis pour ces animaux.

La "leçon de cette étude", c'est que pour lutter efficacement contre la prolifération des rats, "il faut agir sur plusieurs facteurs, en limitant leurs ressources, en utilisant des traitements, mais aussi en agissant sur d'autres façons de limiter les populations", souligne Gwenaël Vourc'h. "En zone rurale, les prédateurs jouent un rôle important".

"Sur le plan du contrôle chimique, il est important d'avoir plusieurs molécules à disposition car si on n'emploie qu'une seule stratégie, à force les rats vont réussir à la contourner", ajoute-t-elle.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.