Dans la rue, la mobilisation contre la réforme des retraites marque le pas

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Par Bertille OSSEY-WOISARD - Paris (AFP)
Publié le 29 janvier 2020 - 05:00
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Manifestation contre la réforme des retraites, le 24 janvier 2020 à Paris
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Manifestation contre la réforme des retraites, le 24 janvier 2020 à Paris
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Plus de 108.000 personnes, selon le ministère de l'Intérieur, ont manifesté mercredi en France, soit nettement moins que lors des sept précédentes journées nationales interprofessionnelles contre la réforme des retraites, toujours défendue avec détermination par l'exécutif.

D'ores et déjà l'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires et organisations de jeunesse, à l'origine de cette 8e journée d'actions a appelé à une nouvelle mobilisation le jeudi 6 février "à l'occasion du début des travaux de la commission spéciale de l’Assemblée Nationale", a-t-elle annoncé mercredi soir dans un communiqué.

Mercredi, le ministère de l'Intérieur a compté 13.000 manifestants à Paris et la CGT 180.000. La centrale de Montreuil n'a pas donné de chiffre pour la France entière.

A titre de comparaison, 249.000 personnes avaient manifesté selon le ministère de l'Intérieur vendredi, 1,3 million pour la CGT, dont respectivement 31.000 et entre 350 et 400.000 à Paris.

Ils étaient 4.500 selon la police à Marseille (75.000 selon la CGT), 3.500 à Bordeaux (10.000), 3.000 à Toulouse (35.000 selon la CGT), 3.500 à Lyon (7.000), 2.600 à Nantes (4.000), 2.500 au Havre (7.000), 2.400 à Montpellier (6.000), 2.100 à Rennes (4.000 selon FO)...

"On est bel et bien dans une réforme paramétrique permanente dont le seul objectif est de contraindre ceux qui ont encore du boulot à travailler plus longtemps", a estimé le secrétaire général de Force ouvrière Yves Veyrier. "On ira jusqu'au bout tant qu'Emmanuel Macron et Édouard Philippe n'entendent pas qu'ils sont isolés dans ce pays", a déclaré Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT.

Pour le secrétaire départemental CGT de l'Ain, Fabrice Canet, "l'état d'esprit est toujours le même". Ne constatant "pas de baisse du soutien de l'opinion publique", il estime qu'"il reste encore du temps" car "on est rentré dans un marathon".

"Ça pèse physiquement, psychologiquement aussi, c'est usant", reconnaît néanmoins Vincent Challer, conducteur de TGV et adhérent SUD-Rail rencontré à Strasbourg et engagé dans la contestation depuis le début.

A Dijon, des enseignants ont jeté devant la mairie des sujets d'examen, des cartables et des manuels scolaires.

"C'est important de ne pas lâcher, de montrer qu'on ne se résigne pas. Le gouvernement entend passer par la force, faire abstraction de l'immense contestation. Cette réforme est une catastrophe, un mix d'incompétence et de libéralisme sauvage", a déploré Jean-Claude, un enseignant croisé à Paris.

- La CFDT pose ses conditions -

Cette nouvelle mobilisation est intervenue alors que les deux projets de loi, l'un organique, l'autre ordinaire, ont démarré leur parcours à l'Assemblée après leur adoption vendredi en Conseil des ministres. Les discussions dans l'Hémicycle doivent démarrer le 17 février.

Les opposants au texte ont été ragaillardis par la publication d'un avis particulièrement critique du Conseil d'État, qui a regretté ne pas avoir eu le temps de "garantir au mieux la sécurité juridique" du projet de réforme, critiqué le recours à 29 ordonnances qui font "perdre la visibilité d'ensemble", et pointé des projections financières "lacunaires".

"L'avis du Conseil d'État est assassin" pour le projet du gouvernement, a estimé Benoît Teste, leader de la FSU.

Édouard Philippe a assuré au Sénat n'avoir "pas peur du débat parlementaire à l'Assemblée nationale et au Sénat". "Ceux qui disent que ce débat devrait prendre la forme d'un champ de braise ne disent pas quelque chose auquel je crois", a insisté le Premier ministre.

Mais la CFDT a posé ses conditions avant de faire des propositions pour permettre d'équilibrer le système d'ici 2027 lors de la conférence de financement qui doit s'ouvrir jeudi. "Il faut d'abord qu'on réponde aux exigences de justice sociale", a expliqué M. Berger, demandant "des assurances en terme de pénibilité, retraite progressive, minimum contributif et transitions pour les agents publics".

Les députés insoumis, communistes et socialistes ont annoncé de leur côté être prêts à déposer une motion de censure commune contre le gouvernement.

Mais les grèves s'essoufflent, voire s'arrêtent, y compris dans les transports, fers de lance du mouvement. Le trafic RATP et SNCF était "quasi normal" mercredi.

Restent également les ports et docks, qui ont appelé à une grève de 24 heures. Et dans le secteur des déchets, la CGT Énergie a reconduit jusqu'au 3 février l'arrêt des trois usines d'incinération parisiennes décidé jeudi dernier, compliquant la gestion quotidienne de 6.000 tonnes d'ordures.

Le syndicat a en outre revendiqué mercredi plusieurs actions, dont des coupures de courant du plus grand centre de tri colis de La Poste de la métropole bordelaise et de la zone industrielle de Bordeaux lac nord, le blocage de plusieurs centres de stockage de gaz et de terminaux méthaniers et des coupures d'électricité des préfectures du Vaucluse et de l'Hérault.

"Partout les salariés de l'énergie sont présents dans cette lutte exemplaire", souligne la CGT Énergie.

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