Sciences Po repense sa sélection à l'entrée en supprimant le concours

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Par Isabelle TOURNÉ - Paris (AFP)
Publié le 25 juin 2019 - 21:15
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Sciences Po y réfléchissait depuis deux ans: la prestigieuse institution parisienne va supprimer son concours d'entrée en première année à partir de 2021 au profit d'une sélection sur dossier, et compte parallèlement attirer plus d'élèves défavorisés pour "diversifier ses profils".

A l'issue du grand débat national provoqué par la crise des "gilets jaunes", le gouvernement a déjà lancé une réflexion sur la formation des élites: il envisage de supprimer l’École nationale d’administration (ENA) et a annoncé son souhait de diversifier les profils dans les grandes écoles de commerce, d'ingénieurs et Normale Sup'.

Au tour de Sciences Po, qui a notamment formé Emmanuel Macron, de prendre des mesures: "Nous recrutons des jeunes femmes et jeunes gens que nous allons préparer à l'exercice de responsabilité dans le monde et nous voyons bien que les débats sont nombreux autour des questions de la méritocratie", a expliqué à l'AFP son directeur, Frédéric Mion.

En 2001, l'Institut d'études politiques avait déjà été pionnier en matière d'égalité des chances en lançant le dispositif des Conventions Éducation Prioritaire (CEP), une voie d’accès sélective destinée aux élèves issus des lycées relevant de l'éducation prioritaire.

Mardi, elle a annoncé une décision radicale: la suppression des épreuves écrites en première année, un "concours" qui était souvent "bachoté" ou "surpréparé" par un certain nombre de familles dans des prépas privées, selon Bénédicte Durand, directrice des études et de la scolarité.

Ces épreuves étaient soumises à un peu moins de la moitié des candidats. Les autres entraient via une procédure internationale ou via la procédure des CEP.

"La réforme des admissions est un projet qui nous mobilise depuis deux ans, et qui prendra effet en septembre 2021, pour la première promotion issue de la réforme du bac", a précisé Frédéric Mion.

"Nous avons une procédure sélective aujourd'hui et elle sera tout aussi rigoureusement sélective demain, sinon davantage", a-t-il insisté.

- "Plus lisible" -

Désormais, ce sont "les qualités scolaires sur trois ans" des élèves, qui seront scrutés, a expliqué Bénédicte Durand.

Tous les postulants seront évalués selon quatre dimensions: le contrôle continu au lycée sur trois ans, la moyenne des épreuves obtenues en Terminale aux deux épreuves dites de "spécialités" dans le cadre de la réforme du baccalauréat, le profil du candidat et sa motivation.

Les candidats admissibles passeront ensuite "un entretien oral", qui sera réalisé à distance.

"Notre volonté est de parvenir à un système plus lisible, plus efficace et plus équitable pour assurer une meilleure diversité des profils", a indiqué Frédéric Mion.

Sciences Po espère que son entrée sur la plateforme d'accès au supérieur Parcoursup dès 2020 lui permettra d'inviter certains lycéens, qui s'autocensuraient, à "pousser les portes de l'établissement".

L'école de la rue Saint-Guillaume, qui attire 10.000 candidats en première année pour environ 1.500 places, table sur une hausse de 30% des candidatures.

Parallèlement, la prestigieuse école souhaite renforcer le dispositif de ses conventions prioritaires, en doublant le nombre d'établissements partenaires, qui passeront de 106 à plus de 200 lycées dans les prochaines années. Ces lycées se situeront dans des zones périurbaines, mais aussi les zones rurales ou les Dom-Tom.

Quelque 15% des places seront réservées aux élèves ayant suivi ce parcours et 100% des élèves recrutés via ce dispositif devront être boursiers. Objectif: mettre fin à une dérive du système. En effet, ces dernières années, un certain nombre de familles de milieux moyens ou favorisés ont compris qu'elles pouvaient maximiser les chances de leurs enfants de rentrer à Sciences Po en les inscrivant dans des lycées défavorisés partenaires.

Au total, Sciences Po s'engage à recruter a minima 30% de boursiers dans chaque nouvelle promotion.

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