Séverine, brutalisée par son conjoint, dans la rue samedi pour "se faire entendre"

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Par Aurélie CARABIN - Paris (AFP)
Publié le 24 novembre 2018 - 11:28
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Manifestation contre les violences faites aux femmes le 6 octobre 2018 à Paris
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Manifestation contre les violences faites aux femmes le 6 octobre 2018 à Paris
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Brutalisée par son conjoint pendant trois ans, Séverine va défiler samedi à Paris pour aider "les femmes en difficulté à se battre" et "se faire entendre", tout en plaidant pour une meilleure "prise en charge psychologique des hommes violents".

"Violences verbales", "claque tellement forte" qu'elle s'est "cognée la tempe contre le carrelage", se retrouvant "avec un oeil au beurre noir"... Séverine, 45 ans, a supporté la "colère" de son compagnon des mois durant sans jamais en parler à son entourage.

"J'étais dans le déni total, j'avais honte", raconte à l'AFP cette cadre d'une entreprise de région parisienne qui, comme près de 220.000 femmes chaque année, a subi des violences de la part d'un conjoint ou ex-compagnon. "Il est devenu dépressif après la mort de sa mère et petit à petit sa colère a glissé sur moi. Pour lui, tout était de ma faute. S'il était violent, c'était de ma faute".

"J'étais fanée, j'avais perdu goût à la vie". Malgré une première prise de conscience dans le bureau de son médecin du travail, où elle découvre souffrir de symptômes de stress post-traumatique ("flashbacks, "état de danger permanent à la maison", "sentiment de vide, de culpabilité"), ce n'est que cet été que la quadragénaire a quitté le foyer, après s'être "fait tabasser".

Un soir de juillet, alors que son conjoint était absent, Séverine a "pris deux verres de vin et des médicaments" et s'est endormie, laissant "la clef dans la serrure" et contraignant ainsi, sans le vouloir, son conjoint "à passer la nuit dehors". Appels, coups sur la porte, "mon cerveau n'a rien entendu. C'est ma fille, alors âgée de 3 ans et demi, qui lui a ouvert la porte le matin. Il s'est jeté sur moi au réveil, m'a rouée de coups, j'ai volé comme une poupée de chiffon. Il m'a dit qu'il allait me tuer, qu'il allait me foutre la raclée de ma vie".

"Je me suis dit +il ne faut pas que je crève aujourd'hui+". Alertée par des voisins, la police entre dans l'appartement au moment où elle "fout une gifle" à son compagnon. Elle appelle sa mère qui l'accompagne aux urgences, où elle se voit prescrire huit jours d'incapacité totale de travail (ITT), puis se rend au commissariat pour porter plainte. "On m'a félicitée en me disant que je faisais avancer les choses".

- "Qu'il se soigne" -

Aujourd'hui, elle espère obtenir la garde exclusive de sa fille devant le tribunal et ne "demande aucun dommage-intérêt". "Tout ce que je veux, c'est qu'il se soigne", assure-t-elle au sujet de son ex, qui n'a jamais exprimé le moindre regret et s'estime selon elle "trahi".

Pour elle, au-delà des condamnations pénales, "il faut obliger les hommes violents à se soigner de façon plus constructive", notamment en suivant des "thérapies de groupe, pour qu'ils prennent conscience que cette violence n'est pas normale".

Soucieuse de "transformer" ce qu'elle "a vécu de mauvais" en quelque chose "d'intéressant", Séverine a voulu défiler dans la capitale dans l'espoir d'aider les femmes qui n'ont pas sa "chance".

"J'ai vite remonté la pente", explique celle qui a retrouvé un appartement "au bout de cinq jours". Mais "il y a plein de femmes qui sont dans la difficulté, qui ne peuvent pas" partir.

"Je veux leur dire +on peut se battre, il faut se faire entendre+", conclut cette adepte de la méditation, régulièrement suivie par un psychiatre.

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