A Signes, discorde autour de l'héritage "écolo" laissé à la mort du maire

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Par Estelle EMONET - Signes (France) (AFP)
Publié le 12 février 2020 - 09:22
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Mairie de Signes, le 5 février 2020
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© CLEMENT MAHOUDEAU / AFP/Archives
Mairie de Signes, le 5 février 2020
© CLEMENT MAHOUDEAU / AFP/Archives

Six mois après la mort du maire tué en voulant faire respecter l'environnement, l'essor industriel du village provençal de Signes, au coeur d'un parc naturel du Var, fait grincer les dents d'une partie des habitants qui s'interrogent sur l'empreinte laissée par l'édile.

Dans les ruelles en pente balayées par un vent glacial, les habitants se font rares en ce samedi hivernal. Rien à voir avec la foule du 9 août dernier, jour des obsèques du maire, Jean-Mathieu Michel.

Quatre jours plus tôt, cet homme de 76 ans avait été écrasé accidentellement par une camionnette dont il souhaitait verbaliser les occupants qui avaient illégalement déchargé des gravats dans la nature.

Des responsables politiques nationaux avaient fait le déplacement pour rendre hommage, au côté de la population, à cet élu Divers droite qui dirigeait avec poigne depuis 36 ans ce village du Var de 2.800 âmes.

Après sa mort, son premier adjoint Alain Reichardt reprend le flambeau de son ami "Jeannot" pour les élections de mars avec la liste "Avenir et traditions". Mais le maire par intérim fait face à deux concurrents qui se targuent de mieux défendre l'environnement.

Après l'émotion suscitée par la disparition du maire, symbole sans le vouloir de la cause écologique, son héritage dans ce domaine est désormais au centre de la bataille.

"La mort du maire a peut-être mis en exergue ce qui n'allait pas et provoqué une remise en question", s'interroge Amanda. Cette jeune maman a l'impression de vivre dans une commune tiraillée entre "son développement économique, qui ne va pas spécialement dans le bon sens" et "les richesses de son patrimoine pas assez mis en avant".

Située au pied du massif de la Sainte-Baume, entourée de grandes forêts de chênes-lièges, Signes avec ses fontaines fleuries dans son centre historique, a longtemps été le lieu de villégiature des évêques de Marseille.

Mais la commune la plus étendue du Var compte aussi une zone industrielle vouée à devenir la plus vaste de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, avec son usine Coca-Cola, classée Seveso seuil bas en raison de sa dangerosité potentielle, et son entreprise Lafarge, critiquée par une partie des habitants.

- "Usine à goudron" -

Le cimentier qui exploite depuis 2010 une carrière charriant "un flot de camions", selon ses détracteurs, voulait accueillir une nouvelle usine de production de granulats.

La goutte de trop pour les habitants qui se constituent en collectif et obtiennent en juillet l'annulation de l'arrêté préfectoral autorisant l'implantation de cette "usine à goudron".

Porté par leur succès judiciaire, le collectif emmené par Hélène Verduyn a décidé de présenter une liste "Signes environnement" face à Alain Reichardt.

"Personne ne mérite de mourir comme ça, mais il faut bien dire que l'environnement n'était pas la priorité du maire (décédé). On n'a pas eu beaucoup de soutien quand on s'est battu contre l'agrandissement de la carrière", déplore Hélène Verduyn.

"La mort du maire en tentant de faire respecter l'environnement c'est un peu un comble", abonde timidement Amanda qui préfère taire son nom de famille.

Une autre liste a aussi choisi de mettre la défense de l'environnement en tête de ses tracts. Proche de Marine Le Pen, le candidat soutenu par le Rassemblement national, Jean-Marc Menichini dénonce le projet de ligne TGV entre Aubagne (Bouches-du-Rhône) et Toulon qui pourrait traverser le plateau de Signes.

Il promet aussi d'installer des caméras de surveillance "contre les pollueurs" sauvages des forêts alentour.

Autour du stand dressé par le candidat retraité de la gendarmerie, des habitants disent craindre de "voir ce petit bout de paradis" entre Toulon et Marseille devenir une cité "dortoir" avec des "permis de construire délivrés à tout va".

"C'est quand même fou, Jeannot est mort pour l'environnement. Il a été élu sept fois de suite, c'est donc qu'il était perçu comme un bon maire", s'agace Alain Reichardt pointant l'hypocrisie ambiante.

"Les gens veulent du boulot mais pas d'entreprises, des belles routes, mais pas d'usine d'enrobage", peste celui qui a choisi de se présenter par "devoir pour Jeannot et ses électeurs".

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