Simon Gutman, "mémoire d'Auschwitz", est mort à 97 ans

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Par AFP - Paris
Publié le 07 octobre 2020 - 15:58
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Simon Gutman au Mémorial de Drancy (Seins-Saint-Denis) à la Déportation, le 27 mars 2012
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© MARTIN BUREAU / AFP/Archives
Simon Gutman au Mémorial de Drancy (Seins-Saint-Denis) à la Déportation, le 27 mars 2012
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Le survivant de la Shoah Simon Gutman, l'un des premiers juifs à avoir été déporté de France pour Auschwitz en mars 1942, est mort lundi à l'âge de 97 ans, a appris l'AFP mercredi auprès de l'Union des déportés d'Auschwitz (UDA).

"Il était la mémoire des choses que nous avons vécues. Et parce qu'il était arrivé dans les premiers, il était aussi la mémoire des choses que nous n'avons pas connues de cet endroit", a déclaré à l'AFP le résistant et survivant d'Auschwitz Raphaël Esrail, président de l'UDA.

"Dans notre jargon, il faisait partie des +petits numéros+, il était tatoué dans les 30.000, je suis dans les 200.000", se remémore son ami.

Simon Gutman a été inhumé mercredi au cimetière de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine.

Arrêté à Paris à l'âge de 18 ans et transféré à Drancy, il est dans le premier convoi de 1.112 détenus juifs qui part le 27 mars 1942 de ce camp d'internement de la banlieue parisienne pour la Pologne. Et l'un des 19 qui survivront.

A Auschwitz, il est versé dans un kommando (unité de travail forcé) de Birkenau : "Là, les gardes - des droits communs allemands, des +assassins+ - nous faisaient sortir à 3H00 du matin dans le froid et nous aspergeaient d'eau glacée", racontait-t-il en 2012 à l'AFP.

"Pas d'eau, pas de sanitaire, des poux, une nourriture infecte : ce n'était pas la Tour d'argent", disait-il avec un humour qui lui tenait à coeur pour enfin relater "l'enfer", après des années de mutisme, notamment auprès de ses proches.

Simon Gutman disait devoir sa survie à son affectation à la cuisine du camp.

Malade du typhus, il survit aussi à son premier transfert en octobre 1944 dans le camp allemand de Tailfingen (Bade-Wurtenberg). De là il réussit à s'échapper, à la faveur d'un orage, et entreprend une "marche de la mort" avec quatre autres déportés vêtus de leurs seuls pyjamas rayés.

A son retour à Paris, il apprend que sa mère, ses trois frères et ses deux soeurs n'ont pas survécu.

"Avec la disparition des derniers témoins, c’est à nous désormais de transmettre la mémoire de la Shoah pour ne jamais oublier", a réagi dans un tweet la maire de Paris, Anne Hidalgo.

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