A son arrivée à la tête d'Air France-KLM, Ben Smith donne des gages aux salariés

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Par Sonia WOLF - Paris (AFP)
Publié le 17 septembre 2018 - 17:42
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Le nouveau patron d'Air France-KLM Benjamin Smith a donné lundi des gages de confiance aux salariés au moment de prendre les commandes du géant européen du transport aérien, promettant d'investir 50% de sa rémunération fixe en titres du groupe.

L'annonce de la rémunération du nouveau directeur général du groupe, nommé le 16 août après trois mois de laborieuses recherches du profil idéal, avait fait grincer des dents du côté des salariés.

"J'ai déjà fait un investissement personnel en m'installant avec ma famille en France. Aujourd'hui, j'ai décidé d'en faire un autre en investissant la moitié de ma rémunération fixe dans le capital d'Air France-KLM", a déclaré le Canadien de 47 ans dans une vidéo interne adressée aux collaborateurs du groupe, dont l'AFP s'est procuré le contenu.

"C'est une manière d'afficher ma confiance dans notre futur succès", a ajouté l'ex-numéro 2 d'Air Canada.

"Ainsi, 80% de sa rémunération, fixe et variable, sera directement liée à la performance du groupe", a indiqué un porte-parole du groupe.

"C'est très bien, ça veut dire qu'il a l'intention de rester un certain temps", a réagi Bernard Garbiso, secrétaire général de la CFE-CGC chez Air France, interrogé par l'AFP.

La rémunération de M. Smith pourra atteindre un montant maximum de 4,25 millions d'euros par an, composé de 900.000 euros de rémunération fixe, d'une part variable de 150% maximum du fixe (1,35 million) -liée à des conditions de performances - et d'un plan d'investissement à long terme (long term investment, LTI).

A la Bourse de Paris, le titre Air France-KLM, dans lequel va investir M. Smith, a terminé en hausse de 2,11%, à 8,72 euros.

- Pas d'arrogance -

Soulignant que l'industrie du transport aérien "change radicalement", Ben Smith a estimé qu'"un nouveau plan est nécessaire" pour Air France-KLM face aux nouveaux concurrents que sont "les compagnies low cost bien sûr, mais aussi les compagnies du Golfe, soutenues par leurs gouvernements".

Les dirigeants successifs du groupe franco-néerlandais - dont Jean-Marc Janaillac, le prédécesseur de M. Smith - ont tous tiré la sonnette d'alarme sur le problème du poids des charges, liées aux contributions sociales, aux taxes et aux redevances, qui entravent sa compétitivité.

"L'urgence du moment, c'est un projet stratégique", a souligné de son côté la ministre des Transports Elisabeth Borne lundi.

L'arrivée de M. Smith intervient dans un contexte de fortes attentes des salariés après des mois de dialogue infructueux avec l'intersyndicale sur les salaires.

Quinze journées de grève entre le 22 février et le 8 mai ont coûté 335 millions d'euros à la compagnie.

Le mouvement avait été suspendu après la démission de Jean-Marc Janaillac, prédécesseur de M. Smith, désavoué par le personnel lors d'une consultation sur un accord salarial lancée à son initiative.

M. Smith a à ce propos mis en garde sur "les luttes internes" qui "offrent nos clients sur un plateau à nos concurrents".

"Nous ne pouvons pas nous permettre d'être arrogants et de croire que nous avons plus de droits sur nos clients que nos concurrents", a-t-il ajouté.

"Je n'arrive pas ici avec une stratégie que je vous imposerais", a-t-il poursuivi affichant sa volonté de gagner la "confiance" et le "respect" des salariés, un objectif déjà fixé par M. Janaillac à l'automne 2016.

- "A l'écoute" -

Ben Smith a entrepris de rencontrer les partenaires sociaux, à commencer en début d'après-midi par la CFE-CGC.

"La CFE-CGC, premier syndicat d'Air France, lui a souhaité la bienvenue", a indiqué son secrétaire général à l'AFP. "Nous représentons les salariés qui oeuvrent pour le développement de l'entreprise", a souligné M. Garbiso, qui dit espérer de l'arrivée de Ben Smith un "élan de confiance fédérateur pour tout le monde".

"En tant qu'organisation syndicale représentative, on souhaite être associés (aux) réflexions, (aux) travaux sur la stratégie, dans le cadre éventuel d'une négociation", a-t-il poursuivi.

"Il n'y a aucun intérêt à condamner quelqu'un quand il arrive", a ajouté le syndicaliste, disant avoir trouvé le nouveau patron "à l'écoute, très réceptif".

Les premiers échanges pourraient être plus vifs avec les membres de l'intersyndicale - dont le syndicat de pilotes SNPL -, qui réclament une reprise rapide du dialogue sur la hausse des salaires.

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