A son procès pour abus de biens sociaux, Botton se défend d'avoir "tapé dans la caisse"

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Par Anne LEC'HVIEN - Paris (AFP)
Publié le 02 mars 2020 - 22:42
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Pierre Botton, à Paris le 31 janvier 2013
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© FRANCOIS GUILLOT / AFP/Archives
Pierre Botton, à Paris le 31 janvier 2013
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"Je ne supporterais pas qu'on dise que j'ai tapé dans la caisse !" Soupçonné d'avoir détourné une partie de l'argent de son association de lutte contre la récidive, Pierre Botton s'est défendu lundi de toute infraction au premier jour de son procès.

Debout à la barre, cet ex-homme d'affaires de 64 ans est revenu, au fil des questions du tribunal, à l'origine de ce qui est devenu son "combat".

En 1996, il est condamné en appel pour abus de biens sociaux, dans le cadre d'une retentissante affaire politico-financière impliquant celui qui était alors son beau-père, Michel Noir, ancien ministre RPR et maire de Lyon.

Il est remis en liberté après 20 mois de prison et quelques années plus tard, témoigne de la "violence" de cette expérience lors d'une émission de télévision.

"Tout doucement, je me suis laissé emmener par ce combat pour les prisons", explique-t-il. "J'avais l'impression de servir à quelque chose, peut être de rembourser une dette vis-à-vis de la société, et on me disait que je faisais avancer les choses".

En 2009, la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie souhaite lui confier une mission sur le "choc carcéral", poursuit-il: il fonde alors une association - baptisée "Les prisons du coeur", en hommage à "son ami Coluche".

L'association change de nom en 2013 pour devenir "Ensemble contre la récidive" et M. Botton quitte sa présidence. Pourtant, au cours de l'année suivante, il signe toujours des chèques au nom de la structure. "Pourquoi ?", demande le président, Benjamin Blanchet.

"J'avais des engagements à tenir auprès des gens sur le terrain. C'est pas des chèques pour moi que j'ai signés, mais pour des fournisseurs", réplique M. Botton, reconnaissant ne pas y "avoir pensé" sur le moment.

"On a le sentiment que ce combat qui était le vôtre vous a quelque peu distrait des règles élémentaires, d'une forme d'attention ... on a l'impression que tout cela passait au second plan. Est-ce que c'était ça ?", interroge le magistrat.

Pierre Botton explique s'être appuyé sur des experts-comptables, notamment le "trésorier de la Croix rouge", en qui il avait une "totale confiance". "Il y a eu plusieurs vérifications fiscales et jamais on est venu remettre en cause les procédures qui ont été mises en place par ces sachants. Jamais. Donc pourquoi, moi, l'aurais-je fait ?"

- "Surfacturation" -

C'est à la suite d'un signalement de la cellule antiblanchiment Tracfin qu'une enquête a été ouverte en janvier 2017 sur l'association. A l'issue, M. Botton a été renvoyé devant le tribunal, notamment pour "abus de confiance", "abus de biens sociaux" et "escroquerie".

L'accusation estime qu'il a récupéré indûment une partie des fonds par le biais de sa société, au sein de laquelle il aurait fait passer, entre 2013 et 2017, des frais personnels pour des dépenses professionnelles.

M. Blanchet détaille des soupçons de "surfacturation" pour la conception de suppléments publiés dans les journaux Métro (58.810 euros), Le Point (30.500 euros) et Le Parisien (45.000), dont la réalisation avait été aussi payée à des prestataires.

Ces montants correspondaient à "tout le travail en amont, au-dessus, pour séduire la régie publicitaire, les partenaires, les mécènes", fait valoir M. Botton.

A quoi correspond une facture, pour environ 50.000 euros, liée à la réhabilitation du plateau sportif de la prison de Fresnes, sur laquelle un architecte a lui aussi travaillé ?

"Ce n'est pas du tout les mêmes prestations", répond M. Botton, détaillant le projet et affirmant que c'est bien lui qui a suivi le chantier. "Il y a un client qui s'appelle le directeur de Fresnes. Qu'on lui demande !"

Entre les questions, M. Botton s'emporte, s'émeut. "Vous savez ce que c'est la souffrance pour moi: 72.000 détenus et personne ne dit rien; la France condamnée [par la Cour européenne des droits de l'Homme NDLR] et personne ne dit rien; des gamins qui sont en train de se radicaliser et personne ne dit rien !"

Surtout, il insiste sur son innocence: "Depuis 2017 et l'article d'un journal, mon intégrité morale a été attaquée", lance-t-il notamment. "Je ne supporterais pas qu'on dise que j'ai tapé dans la caisse !"

Le procès doit s'achever mercredi soir.

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