Spectacles de fauves ou dauphins : l'Assemblée reste au milieu du gué

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Par Adrien DE CALAN, Anne Pascale REBOUL - Paris (AFP)
Publié le 09 octobre 2020 - 10:04
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Le dompteur Oleg Balutel sous le chapiteau du cirque Medrano, à Lyon le 16 octobre 2016
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© JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP/Archives
Le dompteur Oleg Balutel sous le chapiteau du cirque Medrano, à Lyon le 16 octobre 2016
© JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP/Archives

Entre défenseurs du bien-être animal et tenants de "traditions", l'Assemblée nationale n'a pu que commencer à débattre jeudi soir de la fin progressive des spectacles d'animaux sauvages dans les cirques ambulants, des numéros de dauphins et de l'élevage de visons pour fourrure, sans aller jusqu'au vote.

Il s'agit de concrétiser des annonces du gouvernement fin septembre. Mais les dix heures d'échanges sur un premier texte au menu dans l'hémicycle jeudi, concernant l'IVG, n'ont laissé que deux heures pour l'examen de la proposition de loi contre la maltraitance animale portée par le groupe EDS (Ecologie, Démocratie, Solidarité).

L'auteur de ce texte soumis en première lecture, l'ex-LREM Cédric Villani (groupe EDS), avait dit son souhait d'acter "de réelles avancées" dans la soirée. Mais un seul article a pu être discuté.

"De la même façon qu'à minuit le carrosse redevient citrouille, la proposition de loi disparaîtra" si le gouvernement ne la réinscrit pas à l'ordre du jour, a-t-il prévenu, sans obtenir de réponse ferme.

Pour les cirques, le gouvernement programme une transition en "quelques années". La secrétaire d'Etat à la Biodiversité Bérangère Abba a renouvelé la promesse d'un "accompagnement" des professionnels, pour ne laisser "personne au bord du chemin".

Le groupe majoritaire a expurgé la proposition de loi de ses mesures contre la chasse à courre ou l'élevage intensif, au grand dam de Cédric Villani.

"Nous voulons le débat sur la chasse", a lancé l'Insoumis Bastien Lachaud, dont le groupe est cosignataire du texte, "détricoté" selon lui. A l'inverse, le RN s'est félicité de la mise à l'écart du sujet.

- "exploitation démagogique" -

Critiqués pour le manque de mesures concrètes adoptées jusqu'ici, les "marcheurs" se positionnent sur le bien-être animal, en plein essor après la campagne médiatique pour un "référendum pour les animaux", soutenue par près de 800.000 internautes et plus de 140 parlementaires.

La "mobilisation citoyenne" est "nécessaire, utile", a estimé Aurore Bergé au nom des LREM, appelant à un "débat apaisé" à l'Assemblée.

Las, le communiste Hubert Wulfranc, bien que soutien de la proposition de loi, a aussitôt dit son refus d'un "débat bâclé, tronqué" et de "toute exploitation démagogique qui pourrait en être faite".

Plusieurs parlementaires ont pointé tous les sujets absents, des animaleries à l'abattage rituel, surtout évoqué par la droite.

Les opposants au texte se sont fait entendre mezzo voce, tel Xavier Breton (LR) qui a demandé "de grâce" de rester "relié aux coutumes, traditions", et non d'opérer une "rupture" ou considérer que l'animal pourrait être supérieur à l'homme. Mais "ce texte s'ancre dans le plus profond de notre humanisme", lui a rétorqué Cédric Villani.

Le ton est monté lorsque Pascal Brindeau (UDI) a dénoncé les envois de mails en rafale aux parlementaires par l'association antispéciste L214. "Des chasseurs viennent essayer de m'intimider", pas "des mails", lui a opposé Caroline Fiat (LFI).

En ne reprenant qu'une partie du texte de Cédric Villani, la majorité revendique un "équilibre" sur cette thématique transpartisane, qui partage cependant à droite comme à gauche.

Chez les écolos d'EDS, petit groupe parlementaire composé surtout de déçus de LREM, on se félicite d'avoir joué le rôle "d'aiguillon" et on critique les "tergiversations" du gouvernement depuis 2017.

Par amendements, des "marcheurs" entendaient compléter la proposition de loi par l'interdiction des spectacles d'ours et de loups en "cinq ans", et la fin des numéros d'animaux sauvages dans les discothèques et les émissions de télévision.

Pour les delphinariums, des élus de la majorité voudraient interdire la détention d'orques deux ans après la promulgation de la loi et dans sept ans pour les dauphins. Trois établissements détiennent des cétacés en France (28 dauphins et 4 orques), notamment le Marineland d'Antibes (Alpes-Maritimes), vent debout contre le texte.

Les circassiens aussi sont en colère. Plusieurs dizaines de professionnels ont manifesté mardi à Paris.

La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a promis de mettre "au moins 8 millions" d'euros sur la table pour la reconversion des cirques ambulants et des trois delphinariums du pays. Une enveloppe "ridicule" aux yeux du Marineland d'Antibes.

La France doit rejoindre la vingtaine de pays européens qui ont déjà interdit ou limité la présentation d'animaux sauvages dans les cirques.

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