Strasbourg : le quartier du Neudorf soulagé après une chasse à l'homme angoissante

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Par François D'ASTIER - Strasbourg (AFP)
Publié le 14 décembre 2018 - 08:50
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Les policiers sur les lieux où Chérif Chekatt a été abattu dans le quartier du Neudorf à Strasbourg, le 13 décembre 2018
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© Alain JOCARD / AFP
Les policiers sur les lieux où Chérif Chekatt a été abattu dans le quartier du Neudorf à Strasbourg, le 13 décembre 2018
© Alain JOCARD / AFP

Ils ont vécu deux jours avec des hélicoptères au-dessus de leur tête et des voitures de police partout. Au coeur de la traque de Chérif Chekatt, les habitants du quartier du Neudorf, à Strasbourg, ont exprimé leur immense "soulagement" après sa mort et applaudi la police.

"Bravo !!!!", ont lancé des badauds à l'approche d'une équipe armée de policiers dans la rue du Lazaret, où a été abattu l'assaillant, qui avait tué mardi soir trois personnes et blessé treize autres sur le marché de Noël dans le centre historique de cette ville de l'est de la France.

Rassemblés devant le périmètre de sécurité, les habitants du quartier populaire et résidentiel du Neudorf, au sud du centre-ville de Strasbourg, ont applaudi les forces de l'ordre à plusieurs reprises lorsqu'elles s'approchaient du périmètre de sécurité établi de chaque côté de la rue.

"Ca fait quelques jours, à cause des +gilets jaunes+, qu'on crache un peu sur les CRS (policiers anti-émeute, ndlr) mais il faut aussi savoir leur rendre hommage quand ils font du bon boulot", a expliqué à l'AFP Wilfried, 19 ans, venu avec des amis. Il habite à 100 mètres de la rue où Chérif Chekatt, 29 ans, a été abattu par des policiers sur qui il avait tiré.

"C'était assez stressant de voir les hélicoptères passer, les fourgons étaient régulièrement dans le quartier, la police était là, on sentait vraiment la tension dans le quartier, c'était difficile de marcher, la peur était présente", raconte encore Wilfried, engoncé dans une épaisse doudoune d'hiver.

Arthur, 18 ans, est également rassuré. "Je suis passé une heure avant son interpellation dans la même rue, juste devant chez lui. Je voyais les hélicoptères au-dessus de ma tête, mais il n'y avait ni policier ni rien", raconte-il.

- "Ca fait trop mal" -

Juste avant les coups de feu, "j'ai vu les voitures commencer à fermer la rue, des policiers cagoulés en train de courir", explique Saïf, 40 ans, la voix marquée par l'émotion. "Ensuite on a entendu des coups de feu, +bim, bim +bim+ et voilà quoi", lâche-t-il sous son écharpe.

Jusque tard dans la nuit, des policiers cagoulés et lourdement armés ont quadrillé les rues adjacentes, et des dizaines de gyrophares éclairaient les vitres des maisons de ville.

"On est content qu'enfin il ait été abattu. Je ne me sentais pas en sécurité, je n'étais vraiment pas bien. Je me disais: +est-ce qu'il sera chez nous, exactement dans le quartier ? Est-ce qu'il sera là juste au moment où je sors de chez moi ? Est-ce que je vais le croiser?", témoigne aussi Dalila, 56 ans, agent de production.

Commerçant sur le marché du centre-ville, Sylvain, 63 ans, a été "totalement écoeuré" après l'attentat de mardi.

"Il n'y a pas de mots pour les victimes. Pour nous les habitants, les touristes, ça fait mal au cœur", s'épanche le Strasbourgeois. Il a une pensée particulière pour l'une des trois personnes décédées lors de l'attentat, un garagiste père de famille, "qui habite pas loin, à la Meinau", à quelques pas de la rue du Lazaret. L'homme a pris une balle dans la tête devant sa femme et ses trois enfants.

Après son attaque en centre-ville, Chérif Chekatt a pris un taxi pour le Neudorf, quartier où il n'habitait plus mais où il a grandi. Dès la nuit de mardi et mercredi des opérations de police y ont eu lieu et jeudi après-midi une opération du Raid (unité d'élite de la police nationale, ndlr) a nécessité le bouclage et le confinement d'une zone entière au nord du quartier.

Pendant la traque, "on n'était pas fiers, on n'était pas rassurés, inquiets de le croiser, on habite là juste à côté", poursuit Sylvain.

Ce qui s'est passé, "je ne peux pas l'effacer, pas pour l'instant. On pensait que ce n'était qu'à Nice ou au Bataclan, mais voilà ça nous arrive à nous. Ce n'est pas demain que je vais effacer ça. Ca fait trop mal. Je ne sais même pas si j'arriverais à pleurer, ça fait mal", déclare le commerçant.

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