Bloqués "quinze heures" par la neige : le calvaire de la Nationale 118

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Par Céline AGNIEL - Vélizy-Villacoublay (France) (AFP)
Publié le 07 février 2018 - 15:05
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Des personnes bloquées par la neige sur la route arrivent dans un abri d'urgence installé au gymnase Robert Wagner de Velizy-Villacoublay, banlieue sud-ouest de Paris, le février 2018
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© Samuel Boivin / AFP
Des personnes bloquées par la neige sur la route arrivent dans un abri d'urgence installé au gymnase Robert Wagner de Velizy-Villacoublay, banlieue sud-ouest de Paris, le février 2
© Samuel Boivin / AFP

"On a passé quinze heures dans notre voiture" : comme Sybille, près de 2.000 automobilistes franciliens ont passé la nuit bloqués sur la nationale 118 enneigée, au sud-ouest de la capitale, avant d'être progressivement évacués.

Partie d'Orsay (Essonne) mardi à 17H00, cette automobiliste de 45 ans a dû passer la nuit dans sa voiture et attendre mercredi matin pour rejoindre un gymnase à Bièvres qui a accueilli pendant plusieurs heures les automobilistes en déroute.

Sur le bitume, dans la nuit, "on n'a vu personne", s'énerve Sybille. "Pas de policiers, ils étaient dans leur voiture bien au chaud, pas de pompiers, personne de la Dirif (Direction des routes Ile-de-France, ndlr) et une seule saleuse". Du coup, "des gens se sont improvisés maraudeurs avec leur gilet jaune et nous ont donné des conseils", raconte-t-elle.

Martial Wiltouck, 38 ans, a été de ceux-là: avec trois autres automobilistes, il a poussé les voitures bloquées pendant des heures pour essayer de les dégager. "C'est normal, c'est du civisme", dit-il, modeste.

Prise au piège dans sa voiture, Carole raconte, elle, avoir fini par faire un malaise à 5H00 du matin. "J'ai appelé les pompiers, ils sont venus en une vingtaine de minutes", précise cette femme de 48 ans, couverture de survie sur les épaules.

Après avoir parcouru seulement 5 km en un peu plus de trois heures, Rodrigue Akpadji a été complètement immobilisé vers 21H00 : "Je n'ai pas dormi de la nuit", dit ce professeur d'allemand qui travaille à Saclay (Essonne). "Je vais souvent en Allemagne et je n'ai jamais vu ça là-bas, même dans la région la plus pauvre ou la plus isolée. Ce genre de choses est inimaginable là-bas. On doit pouvoir anticiper", s'agace-t-il.

Selon la préfecture de police de Paris, entre "1.500 et 2.000 personnes" ont été bloquées dans leur véhicule sur la nationale 118. L'axe restera totalement fermé à la circulation jusqu'à jeudi midi, selon un arrêté préfectoral consulté par l'AFP.

- "Bon courage" -

"C'est la nature mais c'est pas normal parce qu'on laisse bloquer toutes les routes, non salées", a aussi pesté auprès de l'AFPTV Antonio De Lemos, qui a passé la nuit "dans (sa) voiture, sans manger". "Il y a encore quelque chose qui ne marche pas", a-t-il déploré.

Partie d'Orsay (Essonne) avec des camarades en bus scolaire mardi en fin d'après-midi pour assister à une conférence à Suresnes (Hauts-de-Seine), Romane Pellerin n'est "jamais arrivée à destination". "Après trois heures de route sur la N118, on nous a abandonnés à 20H00 à Vélizy... Le conducteur nous a dit: +Bon courage+!", raconte l'étudiante de 19 ans.

Avec ses amis, la jeune femme a trouvé refuge dans un premier temps dans un centre commercial, avant d'être acheminée vers 02H00 du matin par les pompiers dans un gymnase de la ville.

"Les automobilistes se sont retrouvés piégés, pas équipés, et il n'y a pas de bande d'arrêt d'urgence, c'est très étroit", a décrit auprès de l'AFP la préfète de l'Essonne Josiane Chevalier, venue voir la situation à Bièvres, évoquant une "espèce de nasse où nos services ne pouvaient pas accéder".

A la mi-journée, un corridor de sécurité a été mis en place par les CRS et les pompiers sur la RN118, et une vingtaine de navettes se sont relayées pour acheminer les automobilistes du gymnase de Bièvres jusqu'à leur véhicule.

Plusieurs véhicules en panne étaient également en cours d'évacuation par des dépanneuses, a constaté une journaliste de l'AFP. Certains "naufragés" venus à pied de la ville de Meudon, à quelques kilomètres de là, déambulaient entre les voitures abandonnées durant la nuit pour récupérer leur véhicule, comme Carolina Barros. Pendant la nuit, cette trentenaire avait "fini par se décider à marcher" jusque chez elle, "en petites chaussures de ville dans la neige".

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