Sur un rond-point de "gilets jaunes" à Saint-Etienne, le sapin de Noël est prêt

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Par Sandra LAFFONT - Saint-Étienne (AFP)
Publié le 11 décembre 2018 - 16:51
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Des Gilets jaunes occupent un rond-point à Saint-Etienne le 11 décembre 2018
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© JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
Des Gilets jaunes occupent un rond-point à Saint-Etienne le 11 décembre 2018
© JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

"Regardez, le sapin de Noël est prêt!": sur un rond-point de Saint-Etienne, des "gilets jaunes" refusent d'être "la France du ras-des-pâquerettes" et affirment qu'ils attendent de "vraies" mesures de réductions des inégalités pour suspendre leur mobilisation.

Quelques dizaines d'entre eux sont postés à l'entrée du centre commercial Monthieu depuis près d'un mois. Cabanes de fortune, thermos, chaises, feu de palettes alimenté jour et nuit et même deux sapins enguirlandés: tout le nécessaire est là. La nuit, ils se relaient.

Cet ilot de contestation suscite toujours autant de coups de klaxon approbateurs, même si le mouvement stéphanois a été entaché par des violences en marge de la manifestation de samedi.

"La devise de la France c'est +liberté, égalité, fraternité+. La fraternité on l'a retrouvée avec ce mouvement mais l'égalité, elle est où ? Il n'y a pas d'égalité des chances dans ce pays", tonne Nadège, 36 ans, qui cumule trois petits "boulots" d'aide à des personnes handicapées pour 1.100 euros par mois.

Ici, personne ne veut décliner son identité complète mais l'ambiance est bon enfant et les journalistes sont bien accueillis.

"Le vrai sujet, c'est la répartition des richesses", poursuit Jérôme, qui aurait aimé entendre le président Emmanuel Macron annoncer le rétablissement de l'ISF et la suppression du CICE. "20 milliards gaspillés", affirme cet étudiant, enroulé dans un keffieh.

Serge, chômeur, consent "que sur les heures supplémentaires, c'est pas mal". Mais "sur le Smic, ce n'est pas le taux horaire qui progresse, donc ça ne comptera pas pour les retraites", remarque-t-il.

- Baisse de la TVA -

Stéphane, ouvrier spécialisé, gagne 1.600 euros mensuels. Sa compagne le Smic. Il est persuadé que l'augmentation de la prime d'activité, "il n'y aura encore pas le droit". "On ne fait partie ni des riches ni des pauvres", soupire ce trentenaire qui explique avoir dû contracter un crédit pour emmener sa fille en vacances.

"Je ne suis pas économiste, mais une baisse de la TVA ça pourrait être une bonne mesure, non ?".

La prise en charge des handicapés, notamment la nécessité d'avoir des assistants de vie scolaire (AVS) pour scolariser les enfants, revient dans beaucoup de discussions.

"Le peuple s'est soulevé pour tout le monde, pas pour son petit sort personnel. Alors tant que le voisin est en difficulté, on continuera", assure Nadège.

Pour la suite, "on est en train de se concerter au plan national sur les référendums" pour être davantage consulté sur les décisions des autorités, explique Stéphane. Mais personne ici ne sait exactement comment ils pourraient s'organiser ni quel impact ils pourraient avoir. Et tous reconnaissent que l'abstention est un vrai problème.

Ils préparent désormais l'"acte V" de la mobilisation mais préfèrent ne pas donner de détails. L'un d'eux parle néanmoins d'actions contre "les multinationales".

Et sur le rond-point, où la plupart se disent "pacifistes", on sent néanmoins une certaine crispation.

"Jusqu'à samedi j'avais des revendications. Là je veux qu'il (Emmanuel Macron) démissionne", s'agace Maïa, une mère célibataire.

"Je ne cautionne pas les pillages ou les casseurs, mais sans eux on aurait pu marcher six mois sans rien obtenir", enchaîne Nadège, qui s'inquiète de "la haine contre les forces de l'ordre" après les dernières manifestations.

"Les attentats avaient permis d'apaiser un peu les esprits sur ce sujet, et là tout est foutu", regrette-t-elle.

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