Syndicats et gouvernements choqués par l'ampleur du plan social annoncé par Airbus

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Par Mathieu RABECHAULT - Paris (AFP)
Publié le 01 juillet 2020 - 16:34
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Un Airbus A320, au siège du groupe aéronautique à Blagnac, près de Toulouse, le 29 juin 2020
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© REMY GABALDA / AFP
Un Airbus A320, au siège du groupe aéronautique à Blagnac, près de Toulouse, le 29 juin 2020
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Gouvernements et syndicats ont dénoncé mercredi l'ampleur sinon la nécessité du plan de restructuration annoncé par Airbus et la perspective de départs contraints, mettant en avant les mesures de soutien dont bénéficie l'avionneur pour "sauver" un maximum d'emplois.

Le "plan d'adaptation au Covid-19" annoncé mardi par le groupe aux 135.000 salariés prévoit la suppression de 15.000 postes dans le monde d'ici l'été 2021.

En France, où le groupe compte 49.000 salariés, la perspective de voir 5.000 postes supprimés a choqué. Fleuron industriel et symbole de la coopération européenne, Airbus, qui a son siège à Toulouse, est aussi une fierté nationale.

"Excessif", a taclé le ministère de l'Économie et des Finances. "Airbus recourt trop vite à la solution radicale d'un plan social massif", selon le syndicat CFE-CGC qui rappelle que "les aides publiques ne sont pas là pour financer des licenciements".

En Allemagne (45.500 salariés, 5.100 suppressions de postes), le plan fait aussi grincer les dents.

Le puissant syndicat IG Metall, qui appelle Airbus à renoncer aux licenciements secs, redoute une "catastrophe" sociale qui doit inciter "les politiques à trouver des solutions pour le secteur".

"Nous partons bien sûr du principe que la restructuration sera menée de manière à ce qu'aucun pays ne soit privilégié ou désavantagé", a pour sa part déclaré le ministre de l'Économie Peter Altmaier, des propos apparaissant comme une critique voilée des annonces de la veille.

Les États français et allemand sont chacun actionnaire à hauteur de 11% du géant européen, l'État espagnol détenant pour sa part 4% du capital.

Le chef du gouvernement Pedro Sanchez "regrette la suppression d'emplois" en Espagne (900 sur 12.500) et dit travailler "au sein du gouvernement, mais aussi avec Airbus, pour voir comment nous pouvons (les) maintenir". Le syndicat UGT-Fica promet pour sa part un "calendrier de mobilisations" contre le plan.

Au Royaume-Uni (1.700 postes supprimés sur 11.000), le syndicat Unite s'en prend lui au gouvernement de Boris Johnson qui "regarde depuis le banc de touche pendant qu'un actif national est détruit" quand Paris et Berlin agissent "pour protéger le secteur".

Ken Skates, ministre de l'Economie du Pays de Galles, où se trouve l'une des principales usines au Royaume-Uni, a lui aussi appelé le gouvernement à "prendre des mesures rapides et décisives tout de suite pour sauver ce secteur"

Avec des compagnies aériennes financièrement exsangues, l'avionneur a vu disparaître 40% de son activité. "Il faudra très probablement beaucoup de temps pour remonter, nous devons donc prendre des mesures décisives maintenant", a plaidé son président exécutif Guillaume Faury.

- "Mode survie" -

"Je ne m'attends pas à beaucoup de soutien dans ce type de situation même si nous travaillons étroitement" avec les gouvernements, a-t-il dit à la presse.

Airbus compte sur des départs en retraite anticipés, des départs volontaires mais aussi sur la conclusion avec les syndicats d'accords de modération salariale pour limiter les licenciements.

Le secrétaire d'État aux Transports français, Jean-Baptiste Djebbari, a assuré mercredi que l'avionneur était en mesure de "sauver" 2.000 emplois en France. "On serait plutôt à 1.500 emplois, en équivalent et c'est encore une estimation", a répliqué le directeur des ressources humaines du groupe, Thierry Baril.

Le dispositif d'activité partielle de longue durée (APLD) pourrait permettre de préserver "jusqu'à 1.000 emplois" en France, selon M. Faury. Auxquels s'ajoutent 500 emplois grâce aux aides pour "développer des projets de R&D (...) et qui nous permettent de nous donner un petit peu de dynamique dans les prochaines années", selon M. Baril.

Paris a prévu de consacrer à l'innovation 1,5 des 15 milliards d'euros de son plan de soutien au secteur aéronautique.

En Allemagne, "le dispositif de +Kurzarbeit+ (activité partielle) devrait nous permettre (...) d'aller jusqu'à 1.500" emplois préservés, selon M. Faury.

Berlin a également adopté un plan de subventions d'un milliard d'euros pour favoriser la construction d'avions moins polluants, a rappelé M. Altmaier. Une enveloppe dont Airbus peut demander à profiter et qui peut contribuer à "surmonter les difficultés actuelles" dans le secteur.

Avec la crise provoquée par le coronavirus, les secteurs aéronautiques et du transport aérien ont engagé de profondes restructurations dans le monde entier.

Airbus, et toute la filière de sous-traitants avec lui, considère lui qu'il est en "mode survie" face à une "crise d'une gravité incroyable", selon les propos de M. Faury.

"On essaie de regarder les choses comme elles sont", a-t-il confié à l'AFP. "On pense qu'on n'est pas forcément les plus mal placés pour avoir la vision de ce qui nous attend".

burs-mra/tq/sp

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