Télétravail et garde d'enfants : une mission (quasi) impossible

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Par Isabelle TOURNE avec les bureaux de l'AFP en région - Paris (AFP)
Publié le 18 mars 2020 - 11:42
Mis à jour le 19 mars 2020 - 10:42
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Face aux grèves des transports et aux risques d'épidémies, le télétravail s'impose de plus en plus et les exemples pullulent d'entreprises qui incitent leurs salariés à travailler chez eux à cause du
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© ISSOUF SANOGO / AFP/Archives
faire du télétravail tout en gardant ses enfants à la maison est un défi pour les parents qui s'y attellent
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"Papa, tu mets un DVD ? Pourquoi y a plein de lettres, t'écris un livre?": faire du télétravail tout en gardant ses enfants à la maison est un défi pour les parents qui s'y attellent, incités à se "concentrer sur l'essentiel".

Dès l'annonce de la fermeture de toutes les écoles jeudi dernier, de nombreux parents ont réagi avec humour sur les réseaux sociaux. "Emmanuel Macron vient de lancer une nouvelle discipline Olympique: le télétravail avec les enfants à la maison", pouvait-on lire par exemple sur twitter.

Depuis l'annonce lundi soir des dernières mesures de confinement par le chef de l'Etat pour faire face à l'épidémie du coronavirus, le travail à distance est quasiment devenu la règle, pour ceux qui le peuvent.

En milieu de semaine, beaucoup de parents tâtonnaient encore pour rendre compatible la poursuite d'une activité professionnelle avec la garde de leurs enfants, et dans de nombreux cas, la classe à la maison.

"On était partis sur un adulte avec les enfants le matin et l'autre l'après-midi mais en fait ça ne tient pas. J'ai plein de conférences téléphoniques et ce n'est pas toujours moi qui les planifie", témoigne par exemple Adrienne Soubie, chef de produit près de Grenoble, en télétravail avec deux enfants de 3 et 6 ans.

Si son conjoint est plus disponible, "s'occuper des devoirs de l'aîné alors que la petite demande de l'attention, ce n'est pas possible tout seul", explique-t-elle. "En fait, c'est très, très compliqué à gérer..."

Conséquence: elle travaille "beaucoup moins qu'à l'accoutumée" mais "sa hiérarchie en est consciente. On doit se concentrer sur l'essentiel".

"Des fois, on craque et on met les enfants devant un dessin animé si on a besoin d'un calme absolu ou de travailler tous les deux au même moment", poursuit-elle. "Et encore, on la chance d'avoir un jardin avec une balançoire".

- "Le tout-venant" -

C'est aussi parce que travailler dans un appartement parisien avec trois enfants lui semblait mission impossible que Marc, attaché d'administration, est parti lundi dans sa maison de campagne du centre de la France. "Combien d'heures serai-je en mesure de travailler chaque jour ? Je ne le sais pas encore, la routine se met doucement en place", confie-t-il. Mais "tout le monde est conscient que chacun fait comme il peut".

Stéphanie, cadre dans une grosse entreprise française en banlieue parisienne, a d'ores et déjà décidé d'évacuer "tout ce qui est superflu ou non urgent".

Encore en phase de rodage, elle pense se concentrer sur son travail l'après-midi, "quand les enfants jouent". "Hier matin, j'ai un peu souffert: ils étaient censés faire leurs devoirs mais passaient leur temps à me couper quand j'étais au téléphone !", raconte-t-elle.

Pas toujours facile d'expliquer à ses enfants qu'on reste à la maison sans pour autant être disponible.

"Papa, pourquoi t'utilises pas cette touche sur ton ordinateur ? Pourquoi t'appuies pas là ?", demande Simon, 4 ans, lorsque son père tente de travailler à la maison. Et si ce n'est pas Simon, c'est son petit frère, Joseph, dont la voiture a une obligation impérieuse de rouler sur les touches du clavier.

"Objectivement, c'est impossible. On fait juste le tout-venant et la paperasse", raconte Jean-Marc Pierre, avocat à Besançon, qui essaie de télétravailler chez lui depuis lundi, tout en gardant ses enfants.

Il espère pouvoir consacrer à son travail "trois heures par jour, pendant la sieste ou quand ils seront devant un DVD". Et "plutôt que de faire une soirée télé, on fera une soirée travail".

Si l'activité est réduite, voire quasi à l'arrêt dans nombre d'entreprises, certains ont à l'inverse un surcroît de travail, comme Rémy Bellet, responsable commercial d'une société d'assurance.

Habitué au télétravail trois jours par semaine, ce cadre fraichement installé à Nantes avait déjà instauré quelques règles à la maison: "quand les portes sont fermées, les enfants savent qu'ils ne doivent pas entrer". Et en ce moment, tous les interlocuteurs compatissent, selon lui: "Parler avec un client, en entendant son enfant pleurer derrière, c'est devenu normal !"

burs-ito/tib/rhl/ide

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