A Ternay, un député LREM face aux colères des "gilets jaunes"

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Par Marjorie BOYET - Ternay (France) (AFP)
Publié le 23 janvier 2019 - 12:06
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Le député LREM du Rhône Jean-Luc Fugit lors d'une "assemblée citoyenne" avec des "gilets jaunes" à Ternay, le 22 janvier 2019
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© ROMAIN LAFABREGUE / AFP
Le député LREM du Rhône Jean-Luc Fugit lors d'une "assemblée citoyenne" avec des "gilets jaunes" à Ternay, le 22 janvier 2019
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Le député LREM du Rhône Jean-Luc Fugit a fait face mardi soir lors d'une assemblée citoyenne à Ternay, à la défiance de "gilets jaunes", qui refusent le cadre imposé du grand débat voulu par Emmanuel Macron.

"Le député a eu le courage de venir", salue Anis Bouaine, "gilet jaune" qui a endossé le rôle du modérateur quand les échanges devenaient "un peu houleux".

Contrairement aux dix débats que M. Fugit organise dans sa circonscription dans la lignée du grand débat national, cette rencontre à Ternay - commune de 5.000 habitants située entre deux points névralgiques du mouvement populaire, le rond point du centre commercial de Givors et celui du dépôt pétrolier de Feyzin - se déroule, elle, sous la houlette des "gilets jaunes".

Les règles de cette assemblée citoyenne : une minute trente par intervention, thèmes libres et un cahier passe de main en main pour recueillir les doléances, qui seront transmises à l'Elysée.

La soirée débute avec une minute de silence en hommage aux onze personnes décédées depuis le début du mouvement, le 17 novembre.

"C'est notre grand débat, personne n'est choisi et on a invité tout le monde", insiste Sarah, animatrice commerciale de 28 ans et "gilet jaune de la première heure", qui attend de ce débat que le député "comprenne les difficultés réelles" des gens.

Ils sont une centaine réunis dans la salle communale, vêtus pour une partie d'entre eux de leur veste fluo. Une ancienne employée de mairie explique toucher une retraite de "pas tout à fait 700 euros", un autre participant, âgé de 29 ans, se présente comme "chef d'entreprise et vache à lait de l'Etat".

Si toutes les questions peuvent être posées, les inquiétudes concernent principalement le pouvoir d'achat et les retraites. D'autres intervenants réclament le referendum d'initiative citoyenne (RIC) ou font part de leur défiance vis-à-vis du monde politique, et, plusieurs dénoncent les violences policières lors des manifestations.

- "Plus d'égalité" -

"Je comprends qu'il y ait des colères et j'avais écrit en septembre au Premier ministre pour lui signaler que quelque chose n'allait pas et qu'on était allé trop loin sur un sujet : la CSG sur les retraites", répond, après une première salve de questions, M. Fugit, soumis lui aussi - à son grand désarroi - à la limitation de temps de parole.

"En revanche, je ne comprends pas la violence, dans les deux sens", poursuit le parlementaire. Agitation dans la salle.

Le député LREM déclenche à nouveau une bronca quand il demande si les mesures annoncées en décembre par le président pour tenter d'apaiser les "gilets jaunes" les ont satisfaits. "Enfumage", lance-t-on dans l'assistance.

"Ce n'est pas de payer des taxes qui me dérange mais il faut plus d'égalité car actuellement c'est +moins tu as, plus tu paies et plus tu as, moins tu paies+", déclare Ahmed, 26 ans, quand vient son tour de s'emparer du micro.

"Contrairement à ce que vous pensez, vous êtes en train de faire de la vraie politique", souligne M. Fugit, qui invite les "gilets jaunes" à se saisir du grand débat national.

Après plus de deux heures d'échanges musclés mais "bon enfant" et une trentaine d'interventions, M. Bouaine affiche un large sourire mais il n'est toujours pas convaincu, ni de participer au grand débat officiel - "une vaste fumisterie", selon lui -, ni de retourner aux urnes.

A l'issue de cette soirée, les "gilets jaunes" ont annoncé qu'ils organiseraient prochainement d'autres assemblées citoyennes, thématiques cette fois.

Pour M. Fugit, ce débat aura "nourri (sa) réflexion et un certain nombre de propositions". "Cette colère rassemble mais elle n'amène pas à trouver des solutions", regrette le député, qui appelle désormais le mouvement à "se structurer" pour "aller devant les électeurs".

Le parlementaire de la majorité s'accorde avec les "gilets jaunes" sur un point : "il y un problème de justice fiscale et de justice sociale dans ce pays".

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